La Rotonde
En
En

Archive for mars 14th, 2014

Duo Danse et Poésie, Danser la Femme-Racine le 23 mars 2014!

Le duo-performance Mélanie Rivet, poétesse-slameuse, et Geneviève Duong, chorégraphe-interprète, présentera le 23 mars à 20 h, au Grand Studio de La Rotonde, 336 rue du Roi, Québec, une prestation inspirée du récit multidisciplinaire Larmes : cycle d’une femme-racine (Mills/Rivet, co-publication Neige-galerie et Art Global).

Chroniques du regard 2013-2014, No7: Danse K par K, Trois Paysages de Karine Ledoyen

trois-paysages-danse-k-par-k-photo-david-cannon-1

En reprise, après le grand succès connu lors de sa création en 2013, la chorégraphie Trois paysages revient s’installer dans la Salle Multi de Méduse. Ayant déjà présenté le spectacle dans une chronique précédente[i], je me  limiterai à répéter ce que j’affirmais la saison dernière : «  Le spectacle est une réussite… Un excellent spectacle pour découvrir Karine Ledoyen dans une nouvelle étape de sa carrière… L’installation scénique est en osmose avec le reste. La danse, la musique et la scénographie s’appuient mutuellement sans s’écraser… Un élément de risque (et de surprise pour un spectateur) est aussi rajouté à chaque représentation, avec succès. »

Dans cette chronique, afin de vous aider à encore mieux apprécier les éléments sous-jacents du spectacle de Karine Ledoyen, je vais m’attarder à situer et clarifier un des courants esthétiques qui influence ce spectacle (celui des événements participatifs) et son préliminaire (l’abolition du quatrième mur).

Où est passé le quatrième mur ?

Depuis la création des salles de spectacles telles qu’on les connait aujourd’hui, elles sont principalement construites et utilisées avec une scène fixe, entourée de trois murs, sur laquelle se passe l’action théâtrale ou dansée. Le public s’assoit d’un seul côté, face à la scène. Celle-ci peut être légèrement surélevée par rapport à un public assis au parterre, ou observée en plongée (comme dans la Salle Multi lors de la majorité des présentations de La Rotonde).

Une convention existe. Elle crée un mur imaginaire entre le public  et ce qui se passe sur scène : c’est le quatrième mur[ii], enlevé comme par magie lors de la présentation des spectacles. Les artistes sur scène, ignorant alors la présence des spectateurs, peuvent agir dans des actions et réactions ne requérant aucun apport du public, qui se retrouve uniquement dans un rôle de voyeur.

Cette façon de faire traditionnelle, présente dans la majorité des spectacles, peut être mise à l’épreuve lorsque, par exemple, un acteur sur scène s’adresse directement au public : c’est ce que l’on appelle « briser le quatrième mur ». Depuis les années 1960 (début de l’époque post-moderne), ce bris de convention est aussi retrouvé dans de nombreuses émissions de télévision, dans les jeux vidéo[iii] et aussi dans de nombreux films[iv], le quatrième mur étant alors l’écran. Les exemples de personnages qui s’adressent directement au public sont nombreux et permettent la mise en contexte ou le partage d’informations supplémentaires nécessaires à une meilleure compréhension de l’événement[v], ou l’établissement d’une connivence avec le spectateur.

Spectacles participatifs et immersifs

Dans le spectacle Trois paysages, ce bris du quatrième mur prend une forme encore plus nouvelle et radicale car, cette fois-ci, c’est plutôt un spectateur qui traverse le mur pour être entraîné sur la scène. Dès le départ, il devient participant actif au spectacle et son point de vue expérientiel unique sert de matière pour nourrir la matière même du spectacle. Il devient ce que certains vont nommer un « spect-acteur », terme-sujet d’un atelier animé par Katya Montaignac dans le cadre de la formation offerte par le Regroupement québécois de la danse : Cultiver son jardin chorégraphique (UQAM, hiver 2014). Parmi les questionnements abordés : « Le spectateur à l’œuvre dans les chorégraphies contemporaines : nouvelle mode ou nouveau code? Entre interactivité et participation à tout va, faut-il à tout prix rendre le public « spect-acteur »? Pourquoi (et comment) faire participer le public en danse ? Le regardeur fait-il vraiment l’œuvre? » Il faut ici noter que Mme Montaignac fait partie du collectif montréalais « La deuxième porte à gauche[vi] », spécialisé dans les événements participatifs ou présentés in-situ.

Dans les domaines connexes à la danse contemporaine, certains spectacles de cirques, concerts musicaux et pièces de théâtre deviennent des présentations interactives en déplaçant les limites habituelles et en réorientant le rôle du spectateur. Des événements immersifs qui invitent le spectateur à « vivre le spectacle » plutôt que de le voir.

Par exemple[vii], pour les spectacles de variété ou de théâtre : 1) Le spectacle immersif Queen of the Night[viii] créé à New-York il y a trois mois par la troupe de cirque Les 7 doigts de la main. Un spectacle fusionnant la mode, la gastronomie, le cirque, la danse et le théâtre. 2) Le cabaret-cirque Le repas de Cheptel Aleikoum, où les spectateurs sont invités à venir au spectacle avec leur économe afin d’aider, en épluchant des légumes, à préparer le repas en question. 3)  La Fanfare de la Touffe, qui demande aux spectateurs de jouer de divers instruments à vent, qu’ils aient de l’expérience ou pas. 4) Sleep no More de la compagnie britannique Punchdrunk qui présente pendant trois heures, en continu et en simultané mais dans différents endroits, les multiples scènes du MacBeth de Shakespeare. C’est ici au spectateur qu’incombe la tâche de créer son propre spectacle, au rythme de ses déplacements. 5) On présente même parfois des spectacles sans « artistes » sur scène (voir les œuvres de Roger Bernat, entre autres), dans lesquels tout le déroulement se fait grâce à la participation des spectateurs.

Dans les concerts de musique, on peut noter quatre niveaux d’interactions[ix] : 1.- Le public est encouragé à participer (taper des mains, reprendre le refrain, etc.) ; 2.- Le public fait partie du spectacle (briquets, téléphones portables ou bracelets lumineux synchronisés, etc.) ; 3.- Le public monte sur scène (Une personne gagne un tirage et contribue le temps d’une chanson ou plus, …) ; 4.- Le public influence directement la tournure du spectacle (en choisissant, sur différentes plateformes électroniques, le contenu du concert).

À vous maintenant de trouver comment Karine Ledoyen défonce le quatrième mur et quelles stratégies elle utilise pour faire participer son « spectateur choisi ».

À découvrir sur le Net :

Pour l’utilisation similaire d’une reproduction vidéo de « l’œil du spectateur regardant ». Celle-ci à l’échelle énorme (Berlin, juillet 2011) : https://vimeo.com/14603797#   (01 : 52)

Pour un autre type de mur interactif : The wooden mirror (1/4) https://youtu.be/BZysu9QcceM  (02 : 19)

Le site d’un festival du spectacle vivant et multimédia, dédié aux arts immersifs. À Lyon depuis 2011 : https://www.kisskissbankbank.com/micro-mondes-festival-des-arts-immersifs


[i] Le spectacle a été présenté par La Rotonde en avril 2013. Pour la présentation générale du spectacle, voir ma chronique du regard 2012-2013 No 8 : « Du vent dans les voiles »

[ii] Le philosophe et critique Denis Diderot formulait dès 1758 l’idée qu’un mur virtuel allait séparer les acteurs des spectateurs : « Imaginez sur le bord du théâtre un grand mur qui vous sépare du parterre ; jouez comme si la toile ne se levait pas. » (Discours sur la poésie dramatique. Chap. 11, De l’intérêt.)

[iii] Pour plus de détails concernant le quatrième mur dans les jeux vidéos, voir : https://www.denshift.com/jeux-video/le-quatrieme-mur-dans-les-jeux-video

[iv] Une liste de 54 films utilisant ce procédé est disponible au :  https://www.madmoizelle.com/supercut-quatrieme-mur-153482

[v] Très utilisé dans le théâtre pour enfants, ce procédé recherche parfois un effet comique ou dramatique.

[vii] Six exemples sont proposées et détaillés par Absolute Event : https://www.positive-content.com/spectacles-immersifs-et-participatifs/

Report du spectacle de Margie Gillis à L’Anglicane

Margie Gillis
Margie Gillis
Cavatines et contrepoints
SPECTACLE REPORTÉ AU 10 AVRIL

Lévis, le 14 mars 2014 – Diffusion culturelle de Lévis, qui anime L’Anglicane, apprenait ce matin que le spectacle de Margie Gillis qui devait être présenté ce soir doit malheureusement être annulé pour des raisons hors de son contrôle et sera reporté au jeudi 10 avril prochain à 20 h.

Les détenteurs de billets seront contactés et verront leurs billets honorés pour la date du 10 avril.

Diffusion culturelle de Lévis est désolée de quelque inconvénient lié au report de ce spectacle.

Pour plus d’information sur les modalités d’échange ou de remboursement, les détenteurs de billets sont invités à communiquer avec les employés de la billetterie de L’Anglicane au 418 838-6000.

Source :
Diffusion culturelle de Lévis
Mireille Pouliot – Coordonnatrice aux arts de la scène
418 838-6001 | mpouliot@ville.levis.qc.ca

Relations de presse :
Mercure Communication
Nathalie Shink
418 681-5559 poste 48 | nathalieshink@mercurecommunication.com

La Fabrique culturelle : Karine Ledoyen, Danse K par K

La Fabrique culturelleDanseuse et chorégraphe, Karine Ledoyen est aussi directrice artistique de sa propre compagnie, Danse K par K.

Diplômée de l’École de danse de Québec en 1999, Ledoyen pose ses valises d’abord à Grenoble, puis à Montréal, avant de décider de revenir s’établir dans sa ville natale. Elle reçoit de nombreuses distinctions, dont le prix François-Samson pour le dévelopement culturel des régions Québec et Chaudières-Appalaches, soulignant son impact dans le milieu de la danse.

La vidéo est un incursion dans son travail à l’occasion de la production Trois paysages.

Crédits
Réalisation : Michaël Pineault
Coordination : Daniel Le Saunier
Caméra : Dominic Martel
Caméra-Montage : Mario Picard
Crédits – Œuvres : Danse K par K, Trois paysages de Karine Ledoyen.

Entretien avec Karine Ledoyen et Patrick Saint-Denis : Trois paysages

Trois paysages, Danse K par K, photo David Cannon
Diane Jean a réalisé une entrevue avec Karine Ledoyen, chorégraphe de Trois Paysages et Patrick Saint-Denis, scénographe et concepteur de la musique du spectacle.

Q. Sur scène, en plus des danseurs, se trouve une installation sonore et visuelle; pouvez-vous la décrire?

Patrick Saint-Denis : Ce que nous appelons « le mur » est en réalité une œuvre que j’ai créée en 2012, constituée de 192 moteurs/ventilateurs actionnant une série de feuilles de papier disposées de manière à former une grille bidimensionnelle. Agissant à titre d’écran ou plutôt de synthétiseur vidéo, la matrice dévoile un ensemble riche et complexe d’interactions entre le son, la capture vidéographique et la gestuelle performative. La tension électrique des moteurs peut être contrôlée de manière individuelle, de sorte que le positionnement de chaque feuille de papier puisse constituer en réalité un pixel d’une image rendue à très basse résolution.

Karine Ledoyen : Notre rencontre artistique s’est faite autour de ce mur. Je savais que Patrick travaillait sur la thématique de l’air, il m’a envoyé un lien vidéo pour me montrer ce qu’il faisait concrètement. En voyant ce mur et ses multiples possibilités, je l’ai trouvé extrêmement poétique, cela m’inspirait déjà beaucoup, tellement même que lorsque nous avons commencé à travailler ensemble au début, je me disais : mais qu’est-ce que je vais faire avec ça, c’est tellement beau! Ça parle déjà, tout seul, pas besoin de danse! J’avais peur de passer à coté, de ne pas l’utiliser comme il le faut, ce mur a tellement de possibilités! Il ne fallait surtout pas que la chorégraphie se perde dans la beauté de cet objet. Je pense qu’on a réussi à travailler avec le mur de façon à ne pas perdre la danse, mais plutôt à l’envelopper.

Q : Qu’est-ce que chaque artiste apporte à l’autre?

PSD : Il s’agit de ma première expérience en danse. J’arrivais avec une proposition déjà arrêtée, qui devenait donc le point de convergence à partir duquel nous avons pu échanger. Le rythme de travail en danse n’est pas le même que lorsqu’on compose de la musique. Un compositeur est tout seul chez-lui, rencontre l’interprète rarement plus d’une demi-heure, lui donne la partition et le concert a lieu. Avec la danse c’est complètement différent; il y a le contact avec les interprètes, avec la chorégraphe. J’ai vite fait partie de l’équipe, j’ai donné mes propositions. J’ai énormément apprécié.

KL : Chaque rencontre artistique nous propulse hors de notre confort. Patrick possède beaucoup de connaissances musicales, de références, il m’ouvre sur un monde que je connaissais moins. Je me suis imbibée d’un univers qui n’était pas le mien. Mais notre manière de créer se ressemble : nous avons tous les deux travaillé par accumulation. J’avais l’impression que nous partagions le même langage. Ce n’était pas une musique d’accompagnement. Il apportait toutes ses connaissances musicales, ce qui a enrichi grandement le spectacle. La façon dont il créait la musique inspirait ma manière de créer la danse. Je touchais à une vérité artistique, ça ne faisait pas « plaqué ».

Q : Le mariage entre les nouvelles technologies et l’art est-il harmonieux?

PSD : Avec l’ordinateur, les cloisons entre les différents médias sont un peu plus poreuses. Ça ne fait pas de toi un meilleur artiste, mais l’ordinateur devient un carrefour où on peut contrôler à la fois du son, de l’image, des objets. La plupart des ensembles de programmation pour les artistes vont dans ce sens là, offrent des ponts entre les différents médias.

KL : Ce qui m’attire et qui m’interpelle dans la danse, c’est la fragilité de l’humain. En répétition, je me disais : le plus important, ce sont les danseurs c’est par eux que passe la vulnérabilité. Patrick disait souvent : tu peux faire des millions de choses avec les technologies, mais la présence humaine ramène à l’essentiel. Cette fragilité, il ne faut pas la perdre mais au contraire, l’amplifier.

PSD : On peut quand même être intuitif avec les technologies. On n’a pas le choix de parler le langage des machines. Mais une fois qu’on développe la langue, il est possible de créer un artisanat, d’être intuitif. Il y a toujours le danger d’être démonstratif, de perdre le propos. Mais c’est tout récent les arts technologiques, au Québec, depuis une vingtaine d’années, c’est normal qu’on essaie plein de choses.

Q : Il y aura une nouvelle collaboration entre vous deux?

PSD : Oui, pour le prochain spectacle de Danse K par K. Cette fois-ci je n’arrive pas avec beaucoup de matériel déjà développé, ce sera donc très différent. En même temps, le concept est fort et me parle beaucoup. On va probablement développer les technologies à partir du concept du spectacle et non à partir d’une œuvre déjà existante.

KL : Avec l’apport du « mur », on peut réellement lier ensemble le mouvement, le son, la lumière, la scénographie. Ça étend le pouvoir du geste, comme par magie. Ça dessine l’espace au-delà du corps. Cette idée, c’est la première fois que je pouvais l’exploiter grâce à l’ingéniosité des technologies développées par Patrick. Ce fut tellement inspirant, que nous avons eu le goût de poursuivre ensemble pour la prochaine création. On reprend la même idée, sauf que la matière, plutôt que ce soit l’air, c’est le son… On ne vous en dit pas plus! Vous pourrez venir expérimenter par vous mêmes nos nouvelles découvertes. À suivre!

Source: La Rotonde sur Voir.ca, Diane Jean

TROIS PAYSAGES
Danse K par K
Karine Ledoyen / Québec
20.21 mars 2014. 20 H
Méduse – Salle Multi