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Comme une flamme bleue | Billet de Marie-Ève Lord pour So Blue

so-blue-louise-lecavalier-photo-carl-lessard-1Énergie. C’est le mot juste, je crois, pour expliquer la décharge que j’ai reçue hier soir au Grand Théâtre de Québec lors de la seule et unique représentation de So Blue de Louise Lecavalier.

En trois ans, tout a probablement déjà été dit au sujet de cette œuvre singulière. Mais, comme c’était ma première fois avec Louise Lecavalier (je l’avais toujours vue à la télé), j’avais envie de partager mon expérience, en quelques mots. Pas plus. Car, comme le dit si bien la danseuse : « Si je pouvais vous l’expliquer avec des mots, je n’aurais plus besoin de vous le danser. »

J’ai vu une flamme bleue. Une flamme qui grandit, s’affaisse, tourbillonne, se bat, s’éclate, se nourrit au gré du vent, du beat, de la musique et de l’homme qui l’entoure. Une flamme forte et souple. Une flamme avec un cœur qui bat, c’est d’ailleurs la tête en bas qu’elle nous a fait vibrer au son du cœur de sa chandelle.

Intense, passionné, frénétique, mais attention, pas hyperactif, car le mouvement est un choix. Chaque spasme est choisi, chaque influx nerveux est voulu, intentionnel et contrôlé. Même les moments de détente sont sous l’emprise d’une tension sous-jacente. Une tension volontaire.

On se sent parfois dans un rave, tantôt en pleine séance de yoga (accélérée), on court dans la jungle puis, pourquoi pas un moment dans l’espace… pour se réveiller dans un film de Tarantino.

Un boson de Higgs en cavale. Une particule inarrêtable. Deux fous glorieux. Deux contrastes. Deux alliés.

Une femme aux mouvements et aux allures rock and roll. Une femme pourtant douce et calme comme j’en ai rarement vue. Une femme complètement dévouée à son art, sans prétention.

Comme une flamme bleue, visible grâce à la combustion complète.

Oublie tout ne pense plus à rien | Billet de Marie-Ève Lord pour Idiom + Ruminant Ruminant

ruminant-ruminant-brice-noeser-photo-katrine-patry-1Nous sommes des animaux pensants, des ruminants ruminants. On ne peut s’empêcher de penser, réfléchir, repenser, remâcher, ruminer, peu importe notre langage ou notre métissage.

Laissez-moi vous dire que je rumine pas mal en ce moment. Je suis déstabilisée. Je viens de voir un O.D.N.I., un objet dansant non identifié. Je cherche quelque chose d’intelligent à dire sur ce que je viens de voir, de vivre… Et je n’y arrive pas. Je suis simplement contente d’avoir vécu ce moment, que je ne comprends pas tout à fait, mais qui semble vouloir laisser ses traces. Un moment ruminant.

Faut dire que je suis une éternelle néophyte de la danse contemporaine. Mes repères sont limités et je n’ai pas de connaissances spécifiques quant à cette discipline et son vocabulaire (de toute façon, Mario Veillette est là pour ça 😉 ). Je trouve simplement que le corps est un magnifique outil de communication. Le corps est une œuvre d’art qui transcende de façon puissante des histoires, des émotions. Nos émotions. C’est beau.

J’aimerais pouvoir vous en dire davantage, mais je suis simplement contente d’avoir vibré au rythme d’émotions et de pensées qui ne sont pas les miennes, du moins, qui ne font pas nécessairement partie de mon quotidien. Contente d’avoir shaké un peu ma perception, d’avoir court-circuité mon système cervical, de m’être laissé emporter dans la folie artistique d’autres animaux pensants, pour ne pas dire dansants. Car nous sommes des humains. Nous avons tous besoin de lâcher notre fou, d’ouvrir notre esprit et de laisser des histoires imprégner notre cœur. Ça, ça devrait faire partie de notre quotidien. Le lâcher-prise, l’aléatoire, l’absurde, le rire, la déconstruction créatrice…

J’ai débuté la soirée en regardant ma montre sur fond bleu, puis je la termine avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles, du rouge et du jaune plein la tête quand je ferme les yeux. C’est presque toujours comme ça, mais jamais pareille. C’est pour ça que j’aime la danse contemporaine.

Je suis simplement contente d’avoir vécu cette expérience, de l’avoir partagé et ruminé de tout bord tout côté avec une amie ouverte de cœur et d’esprit. Je suis simplement contente d’avoir vécu une expérience extraordinaire.

Extraordinaire, selon la définition du dictionnaire : 1. Qui n’est pas selon l’usage ordinaire, selon l’ordre commun. 2. Qui étonne, suscite la surprise ou l’admiration par sa rareté, sa singularité. 3. Remarquable dans son genre; très grand, fort, intense.

Je vous invite à en faire l’essai, de l’extraordinaire.

Sur ce, la danse vous dit :

« Ne dis rien, surtout pas, ne dis rien suis moi
Ne dis rien, n’ai pas peur, ne crains rien de moi
Suis moi jusqu’au bout de la nuit
Jusqu’au bout de ma folie
Laisse le temps, oublie demain
Oublie tout ne pense plus à rien »

https://www.youtube.com/watch?v=VmIUjMZKlGQ&feature=youtu.be

De la testostérone plein les sens | Critique de Marie-Ève Lord à propos de Danse de garçons

Danse de garçons, photo de David Cannon

Après avoir débuté la semaine en Femmes Alpha, je termine maintenant celle-ci dans l’univers 100% masculin de Danse de Garçons.

Mon impression : OMG!

Hier soir, j’ai fait un voyage dans les profondeurs de la testostérone. Mes six sens pourraient presque vous dire : « hier j’étais un homme » (pendant 50 minutes).

Mes yeux ont vu du rouge, du vert, du gris. Mes oreilles ont entendu des bruits, des rires, des cris. Mon corps pouvait presque toucher l’énergie, la chaleur, le dynamisme et l’agressivité qui possédaient la salle. On pouvait certes sentir l’odeur piquante de sueur masculine qui s’évaporait, faisant presque partie du décor, devenant presque un personnage. Des influx nerveux parcouraient mes membres. Moi, j’avais envie de courir, de sauter. Mon homme, lui, avait envie de plonger dans l’arène (c’est pas des blagues).

Hier, j’ai goûté à la brutalité de la vie, à l’éruption d’un volcan d’émotions fortes. Hier, mon âme s’est fait raconter des histoires de courage, de douleurs, de danger, de dépassement de soi, de peur, de violence, de solitude, de joie et de persévérance, mais surtout d’amour et d’amitié.

Ma tête a dansé avec des hommes de tout âge, de toute forme et de toute grandeur. Mon cœur s’est dit : « c’est beau un homme! »

Mon âme a vu des humains à la recherche de bonheur, de défi, d’amour, de paix et d’équilibre.

Le tout m’a fait l’effet d’un choc électrique.

Bravo aux sept hommes et à Karine Ledoyen pour cette œuvre touchante. Merci pour ce moment brûlant de sincérité, d’authenticité et d’imperfection. C’était parfait.

Et vous? Comment avez-vous vécu votre expérience? En tant qu’homme? En tant que femme?

Pour les autres, votre dose de testostérone vous attend ici, jusqu’au 9 novembre.

Pour en savoir plus sur ce spectacle, je vous invite fortement à lire les chroniques du regard de Mario Veillette et sa petite histoire des hommes qui dansent.

Vous pouvez également voir un extrait vidéo du spectacle ici.

Merci La Rotonde! 😉