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Chroniques du regard 2015-2016 – monumental avec Godspeed You! Black Emperor par The Holy Body Tattoo Yannick Grandmont

Chroniques du regard 2015-2016 – monumental avec Godspeed You! Black Emperor par The Holy Body Tattoo

Événement grandiose et très attendu, le spectacle Monumental de la compagnie de danse de Vancouver The Holy Body Tattoo et du collectif musical montréalais Godspeed You! Black Emperor sera présenté, pour un soir seulement, au Grand Théâtre de Québec. Neuf danseurs et huit musiciens sur scène, 75 minutes.

Photo: Yannick Grandmont

Photo: Yannick Grandmont

Monumental, c’est pour vous si vous aimez les spectacles-événements.

Monumental, c’est pour vous si vous aimez l’ambiance post-rock, post-punk et post-moderne.

Monumental, c’est pour vous si vous voulez voir comment les gestes quotidiens, une fois répétés et magnifiés, peuvent devenir la base d’un langage gestuel dansé.

Le spectacle est multimédia. Il inclut danse contemporaine, musique post-rock live, projections de vidéos et de textes. Depuis sa création en 2005, le spectacle était resté un événement unique et n’avait plus été présenté. Depuis 3 ans, grâce à un effort alchimique international et un effort de création pan-canadien, il a été remonté et, cette fois-ci pour la première fois, il est présenté sur scène avec la musique en direct. Avant de nous arriver à Québec, il vient d’être présenté à Vancouver, Toronto, Adélaïde (Australie) et Montréal.

Le thème général du spectacle en est un d’étude sur l’angoisse physique de la culture urbaine, sur les besoins de conformité et de non-conformité dans un groupe, sur les besoins pour chacun de trouver sa propre voix. Au départ, basé sur les images du livre  Men in the Cities de l’artiste plasticien américain Robert Longo, les chorégraphes ont envoyé les interprètes observer les habitants de la ville autour d’eux. Ils sont revenus en studio avec une banque de mouvements et de gestes à intégrer avec leurs idiosyncrasies personnelles, tics, habitudes et obsessions qui sont devenus la base du vocabulaire gestuel de Monumental.

Sur scène, perchés sur des cubes, chacun des interprètes y est pris au piège, comme une statue sur son piédestal. À lui de découvrir, en suivant ses besoins et ses pulsions, comment s’intégrer ou se distinguer dans le groupe auquel il est rattaché.

Les chorégraphes

Dana Gingras et Noam Gagnon travaillaient ensemble à Vancouver au sein de la compagnie The Holy Body Tattoo lors de la création de Monumental. Ils avaient déjà créé quelques spectacles vivifiant l’univers de la danse contemporaine de la côte ouest canadienne et, pour la première fois, aucun des deux créateurs ne participait au spectacle en tant qu’interprète. Dana Gingras (dont nous avons vu Heart as Arena en 2013) a maintenant basé sa compagnie Animals of distinction à Montréal et Noam Gagnon poursuit ses activités à Vancouver avec sa compagnie Vision impure.

Pour la reprise, la chorégraphie est restée presque semblable, tout en étant sensible aux personnalités des nouveaux interprètes. Le fait d’incorporer la musique en direct lors du spectacle est ici l’ajout majeur de la renaissance de Monumental et est un défi, autant pour les danseurs que pour les musiciens, comme le décrit Dana Gingras : « They’ve never done anything like this before. They’ve done, I think, scores for films and stuff before, but never with another element of live dance. I think it’s completely foreign and strange and weird territory for them,” she laughs. “But I have to say it’s been thrilling to have everyone in the room and hear that music live and see this new cast of dancers just fully, very passionately dive into the choreography. » Source: Kelsey Klassen — Westender.

Pour Gingras, la musique pour Monumental est construite comme une épopée de houle et de résonances s’assemblant avant la tempête. Elle amène le public dans une expérience émotionnelle.

Les musiciens

Le groupe Godspeed You! Black Emperor est un groupe montréalais important et peut être associé au mouvement post-rock. Il est toutefois largement influencé autant par le rock progressif, le punk, la musique classique ou de  l’avant-garde. « Ses productions consistent généralement en un nombre restreint (2 à 4) de morceaux durant de 10 à 30 minutes divisés en mouvements, parfois mentionnés sur la pochette. Les instruments utilisés ont varié en fonction du nombre de membres, mais la musique est restée fondée sur guitare électrique – guitare basse – cordes – percussions, avec des utilisations occasionnelles de glockenspiel ou de cor d’harmonie. Les morceaux sont régulièrement introduits par des séquences parlées enregistrées par le groupe en Amérique du Nord. »  Source: Wikipedia.

Créé en 1994, le groupe a connu un immense succès dès 1997, pour ensuite faire beaucoup de tournées entre 1998 et 2002, avant de prendre une pause de presque 10 ans. De retour sur scène, ils sont présentement en tournée internationale les amenant aux États-Unis, en Europe et au Canada. Pour les voir en action en vidéo, c’est ici pour l’Olympia de Montréal en 2011, ici à Primavera Sound en 2014 et ici au Bataclan à Paris en 2015.

Après avoir assisté récemment au spectacle à Adelaïde en Australie, l’auteur du blogue du Guardian fait état de la grande pertinence de la musique pour Monumental : “Godspeed’s rightful place in this dance piece is a revelation though. It seemed unlikely their massive drums and sad, soaring crescendos could score such frantic dance moves, but there is synchronicity even during spoken-word piece, Dead Flag Blues. Moments when it all comes at you – the dance, the words and the music – are like diving too late into an enormous wave and getting swept up in the surge.” Source: Kate Hennessy.

Les interprètes

Si vous êtes spectateurs réguliers des événements en danse présentés à Québec depuis quelques saisons, vous pourrez reconnaître les interprètes Caroline GravelShay Kuebler, Esther Rousseau-MorinKim De Jong et Jamie Wright, tous aperçus dans différentes productions récentes de danse contemporaine (allant des spectacles Ravages d’Alan Lake à Usually Beauty Fails de Fréderic Gravel en passant par Henri Michaux: Mouvements de Marie Chouinard ainsi que par La petite scène du Cercle). Les autres interprètes à découvrir sont Louise-Michele JacksonMichael WattsLouis-Elyan Martin et Sovann Prom Tep.

Les interprètes à la création étaient Ric Brown, Sarah Doucet, David Flewelling, Andrea Gunnlaugson, Day Helesic, Farley Johansson, Blair Neufeld, Sonja Perreten et Sarah Williams.

Les collaborateurs

Le spectacle inclut aussi les projections de films, œuvres de William Morrison ainsi que des citations de textes de l’artiste conceptuelle Jenny Holzer tirées de sa série Living.

La renaissance

La version récente a repris la chorégraphie originale, remontée par Sarah Williams (interprète de la première version). La scénographie et les projections restent les mêmes. La musique est maintenant jouée live par 8 musiciens sur scène et intègre quelques nouveaux morceaux. Les danseurs interprètes sont de la jeune génération, apportant une nouvelle intelligence au travail, ainsi qu’une intensité différente : « The new cast has really taken it to another level. Generation to generation, dancers get smarter. They bring a new intensity, at the same time being true to the intentions and meaning of the piece. We honestly hadn’t looked at monumental for years and years. So there was a little bit of: oh wow, we made that? It was like discovering a lost child. » Source : Deborah Meyers. 

Les critiques

Le spectacle n’a été jusqu’ici présenté que dans les milieux anglophones. Les critiques semblent unanimes:

« Monumental is indelibly etched. Unique. Unforgettable. Incredible. An intense hour and 15. Assaulting the senses inspiring living. A paradox. Showing a disconnect while we connect. We clap and call out while wanting to touch loved ones and whisper we are alive. »  Greg Elliott.

« Moments when it all comes at you – the dance, the words and the music – are like diving too late into an enormous wave and getting swept up in the surge. »  Kate Hennessy.

« …as a daring statement on urban culture, with its heady mix of intimacy and brutality, it’s surely one of the defining dance works of the 21st century. » Peter Burdon.

 « Monumental. Must-see dance show of the year. » TORONTO PREMIERE  Reviews.