La Rotonde
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Archive for février 8th, 2011

À propos de COCOON – Un monde riche et minuscule que nous foulons de nos pieds sans même y porter attention…

Cocoon - Maryse Damecour - photo : Jean-Francois DukeJe me lance comme défi d’atteindre le public par ses sens et non par ses sentiments. […] Je cherche d’abord à former un univers marqué par son étrangeté, et à explorer dans le corps les multiples façons d’y habiter.
-A. Gagnon.

Voici une incursion dans un univers parfois tranquille, parfois inquiétant, toujours travaillant, mais aussi fragile et éphémère : celui des insectes.

Plutôt que dans une salle de spectacle traditionnelle, le public est accueilli dans un environnement insolite où des objets jonchent le sol et offrent divers habitats, tantôt abris, tantôt obstacles.

Le chariot de métal qui claque, la pelle à neige immense qui verse, les bûches transformées en plateforme lumineuse et des membranes qui s’étirent, autant de matières qui confinent et poussent le corps vers une gestuelle atypique et surprenante.

[…] L’insecte me fascine par son étrangeté, sa richesse, et ses couleurs souvent glauques. Il m’intéresse également pour ses textures : les coquilles dures qui l’abritent, les toiles translucides qu’il tisse, les liquides gluants et collants qu’il injecte, ses poils, ses duvets, ses cornes, ses yeux parfois démesurément globuleux. Ces textures font partie de la création. Elles inspirent les costumes, la scénographie, la gestuelle… C’est d’ailleurs pour sortir d’une gestuelle plus familière que j’ai choisi ces petites bestioles.

[…] J’ai voulu m’approcher du sol et pousser le danseur à bouger autrement que sur ses deux pieds. Dans COCOON, je cherche aussi à explorer le cocon. Je désire exploiter les différentes possibilités que des objets, abris ou obstacles, offrent au mouvement. L’espace y est confiné, voir inconfortable, ce qui pousse à une gestuelle plus petite, mais efficace, rapide et précise.[…]

[…] Avec COCOON, je cherche également à investir les lieux. Les interprètes n’entreront pas sur scène, mais sortiront de sous les estrades. Le spectateur ne verra pas dès le début, mais entendra. Il entendra des grincements, des frottements, des bruits de métal; il sentira le sol sous ses pieds vibrer avant même de voir un seul geste […]

[…]L’intégration de la lumière est également des plus importantes. Elle illumine par en-dessous, laisse les corps et les visages dans la pénombre, donne toute leur place aux différentes textures des objets en les rendant presque vivants… tout en captant à merveille le mouvement. […]

[…] Je crois que COCOON s’inscrit dans mon désir de combiner ma recherche gestuelle à une recherche simultanée au niveau de la lumière et de la scénographie.
– Annie Gagnon.

À propos des LARMES D’ANNA K. – Elle parle le russe, lui, siffle et chantonne…

Les Larmes d'Anna K. - Jean-Francois Duke, Annie Gagnon - photo : Louise BédardDes boîtes, deux chaises, des vêtements, nous voilà au coeur d’une atmosphère ludique et imprévisible. Un homme et une femme prennent place dans un univers un brin débridé. Ils se côtoient, se touchent et se toisent pour réaffirmer qu’ils sont ensemble, même à distance. Leur langage commun : la façon dont leurs corps s’expriment et se reconnaissent. Une sorte de poème à 4 mains où deux êtres s’écrivent pour s’assurer de l’existence de l’autre.

Le nom d’Anna K. m’est venu presque le premier jour où les danseurs et moi avons travaillé ensemble. Je leur ai demandé de raconter en mouvement des souvenirs de voyage. Ces souvenirs de voyage sont devenus la prémisse, donnant à la pièce une forme toute en allers et retours dans le temps, comme un film sans chronologie particulière. Les deux personnages évoluent au gré de leur tempérament laissant place à une fraîcheur et à un je ne sais quoi de décalé. Ils pourraient tout à la fois se rencontrer dans un ailleurs, familier ou non : ce qui donne à penser qu’ils se connaissent depuis peu et aussi depuis toujours. Le titre LES LARMES D’ANNA K. m’a été inspiré par un petit geste qu’Annie nous donne à voir dans la pièce, comme pour marquer un temps de solitude.
– L. Bédard

Louise Bédard – Chorégraphe des LARMES D’ANNA K.

Louise Bédard - Photo : George KrumpLouise Bédard fait d’abord sa marque comme interprète avant d’être chorégraphe indépendante. C’est en côtoyant des chorégraphes de renom qu’elle prend conscience de toute la richesse de la danse et qu’elle devient créatrice à son tour, signant depuis ses débuts une trentaine d’œuvres, tant des solos, des duos que des pièces de groupe.

Avec sa compagnie, Louise Bédard, directrice artistique et chorégraphe, se donne depuis près de 20 ans un outil pour approfondir davantage son travail chorégraphique. Sa démarche artistique singulière lui vaut plusieurs distinctions, dont le prestigieux prix national de danse Jean A. Chalmers 1997, pour sa contribution exceptionnelle à la créativité et à l’interprétation dans le domaine de la danse au Canada. Que ce soit à travers son métier d’interprète ou de chorégraphe, elle ausculte en permanence l’essence même du mouvement pour en arriver à formuler un langage chorégraphique qui dépeint avec poésie, humour et ironie la complexité et la fragilité des êtres. Cela donne des œuvres bouillonnantes, empreintes d’un regard personnel et d’une grande lucidité. Elle puise souvent ses couleurs et ses timbres dans d’autres formes d’art et d’autres cultures, comme en fait foi le cycle ITINÉRAIRE MULTIPLE dont sont issues les productions ELLES (2002), CE QU’IL EN RESTE (2005) qui vaut à sa compagnie d’être nommée finaliste en danse pour le 21e Grand Prix du Conseil des Arts de Montréal et sa plus récente œuvre, ENFIN VOUS ZESTES (2008), dont l’inspiration est puisée à même la peinture de l’artiste canadienne Marianna Gartner.

Louise Bédard est aussi cofondatrice et membre de Circuit-Est Centre Chorégraphique et vient tout juste de terminer un mandat de 4 ans à titre de professeure invitée au département de danse de l’Université du Québec à Montréal.