La Rotonde
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Archive for janvier 17th, 2012

Lettre d’amour à Louise Lecavalier

L’été dernier, lorsque j’ai été approché pour écrire les Chroniques du regard, j’ai regardé la programmation de la quinzième saison de La Rotonde, y cherchant des pistes d’écriture, débusquant les plus instinctives qui pouvaient surgir de la simple lecture de la liste des spectacles et artistes programmés pour 2011-2012. Dépendant du spectacle de référence, plusieurs avenues se sont immédiatement ouvertes : accentuer le travail des interprètes, présenter les jeunes de la relève, traiter de la construction chorégraphique… Mes articles précédents sont basés sur ces différents sujets. Mais comment aborder le prochain spectacle ? En creusant mon flash de départ, cristallisé dans le titre « Lettre d’amour à Louise Lecavalier ».

Je l’aime. Rien d’original ici. Il suffit de faire la recherche de son nom sur Google pour trouver les 147 000 liens qui y sont proposés. Dans la majorité de ces rubriques, après avoir fait la (longue) liste de ses activités professionnelles, les auteurs parlent de sa fougue et de sa passion de la danse, mais aussi de sa gentillesse dans la vie, de sa générosité et de sa simplicité en entrevue. Et c’est un fait, Louise Lecavalier est ainsi. Pour ma part, c’est surtout sa sincérité qui me touche et, à chaque fois, c’est la candeur qu’elle a gardée, qu’elle présente à tous égards, qui met un sourire dans mon visage. L’entendre parler en personne ou la regarder en entrevue*, me réjouit et ouvre des canaux vers mon cœur. Nous œuvrons dans le même univers professionnel et je l’aime pour différentes raisons :

J’aime… la star. Son nom est invariablement entendu si on enquête sur les connaissances générales (minimales chez la plupart des gens) concernant la danse contemporaine québécoise. Figure emblématique, elle a su marquer la scène, autant québécoise qu’internationale, de sa présence incandescente et lumineuse. Ses mouvements dansés (dont la fameuse vrille horizontale) sont devenus iconiques. Elle est devenue le modèle à suivre pour une génération de danseurs, tout en faisant une collection de prix et reconnaissances amplement méritée. Comme toutes les vraies grandes stars, elle est d’une grande humilité, peuplée de doutes et d’incertitudes, mais continuant sa route en utilisant chaque expérience afin d’aller toujours plus loin et plus profondément dans son art. Le public général la connaît et le milieu de la danse québécoise la suit, l’encourage et profite, à différents niveaux, de l’excellence du parcours de Louise Lecavalier.

J’aime… l’interprète. Travailleuse infatigable et collaboratrice exigeante des personnes avec qui elle travaille, Louise Lecavalier est toujours avide de nouveaux défis. Généreuse et capable de s’absorber complètement dans un projet en cours, elle est une interprète de rêve. Athlétique et audacieuse, elle a su réorienter ses méthodes d’entraînement et de répétitions pour causes de blessures et de remplacement de la hanche. Ce qui lui permet d’être encore, passée la cinquantaine, tout aussi fascinante, sincère, personnelle et humaine (et au maximum de sa forme) dans les œuvres qu’elle présente. Elle sait profiter des heures de travail en studio pour questionner son art, se reconnecter avec un certain esprit de l’enfance, renouveler son regard sur les choses et activer un sens de la redécouverte quotidienne. De plus, sa capacité à intégrer ses grands acquis professionnels et techniques, dans chacun de ses projets, se matérialise toujours avec beaucoup d’authenticité et un grand sens artistique.

Bref, je t’aime Louise. J’aime ce que tu es. J’aime ce que tu représentes. Grâce à ta carrière extraordinaire et à ton charisme évident, tu es devenue la figure de proue du milieu. Car si le milieu de la danse contemporaine était comparé à un bateau (ce qu’il est parfois), c’est à l’avant de celui-ci qu’on te trouverait, non pas capitaine, mais figure de représentation identitaire.

* Par exemple, voir la magnifique entrevue (faite en 2005, en anglais seulement) sur le site du Centre National des Arts

 

 

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