La Rotonde
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Archive for février 24th, 2012

Bouge de là lauréate du prix RIDEAU Tournée

L'atelier - Audrey Bergeron sur la photo de Rolline Laporte

L’équipe de La Rotonde félicite chaleureusement la compagnie Bouge de là qui recevait le Prix RIDEAU à la tournée pour son spectacle L’atelier lors du gala de la Bourse RIDEAU, la semaine dernière.

Ce prix honore une compagnie artistique, un groupe, un artiste ou un représentant d’artistes pour ses efforts fructueux de promotion et de sensibilisation des publics lors de la réalisation d’une tournée.

Rappelons que Bouge de là a une entente de résidence permanente avec la Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord.

Bravo!

Parlons Gaga (pas la lady…)

La création chorégraphique Hora, présentée par la Compagnie Batsheva, est le produit d’une méthode de recherche et d’entraînement mise au point par le chorégraphe Ohad Naharin. Une méthode qu’il nomme Gaga*. Avant de développer sur ce sujet, suivons très brièvement le parcours du chorégraphe, ainsi que celui de la compagnie Batsheva, basée à Tel Aviv, Israël.

Bathseva / Naharin

À sa création, en 1964, la Batsheva Dance Company était une filière de la « American Modern Dance » (voir le dernier paragraphe du texte). Puisant son répertoire dans ce bassin stylistique, elle a d’ailleurs été la première compagnie extérieure à danser les œuvres du répertoire de Martha Graham sous la supervision artistique de Graham elle-même. Ensuite, sous différents directeurs artistiques, la compagnie s’est enrichie d’un répertoire varié émanant d’importants chorégraphes américains et européens. Depuis 1990, Ohad Naharin en est devenu le directeur artistique. Entraîné à Batsheva, celui-ci y a dansé les premiers rôles des œuvres de Graham au milieu des années 1970 avant de partir danser à New York, au sein de la compagnie Graham, dans les années 1980. Chorégraphe, entre autres, pour le Nederlands Dans Theater, sa gestuelle est très tôt reconnue pour la richesse de ses textures et la fluidité émanant de la colonne vertébrale de ses danseurs. En revenant à Batsheva, grâce à ses visions artistiques, à sa signature chorégraphique unique et à son langage gestuel révolutionnaire, il réussit à élargir la voie qu’empruntait déjà la compagnie israélienne afin qu’elle soit propulsée dans son rôle actuel, qui en fait une des plus recherchées dans le monde de la danse contemporaine. Depuis une dizaine d’années, la compagnie se consacre à la diffusion des œuvres de Naharin et des membres de sa compagnie.

Gaga

Gaga = séances d’entraînement proposées par Naharin, attisant la curiosité des participants et drainant leur imaginaire tout en leur permettant de découvrir une panoplie de nouvelles façons de bouger. Les recherches gestuelles et méthodes d’entraînement quotidiens à travers Gaga carburent à la recherche de nouvelles possibilités expressives et à l’éveil de la sensibilité dynamique des danseurs. Une séance de Gaga dure une heure. Elle est faite sans utilisation de miroirs, ne contient pas de mouvements ou de séries de pas spécifiques à reproduire, ni de séquences à répéter. Il faut simplement réagir aux indications (instructions) verbales de l’enseignant, qui s’additionnent les unes sur les autres et qui amènent l’attention vers certaines parties du corps ou vers certaines actions, dynamiques ou qualités spécifiques. Une séance-type (elles sont aussi accessibles aux non-professionnels) commence souvent par 10 minutes de mouvements simples de balancements d’une jambe à l’autre ou « de flottaison », comme si on était immergé dans l’eau. Durant la séance, la danse se développera par étapes successives, en intégrant plusieurs actions. Les participants travailleront différentes qualités de mouvements et différentes sources (initiations) dans le corps. La danse peut, par exemple, commencer à partir des lunes (à la base des doigts ou des orteils) ou à partir de la « lena » énergie du bas-ventre avant de se disperser dans tout le corps.
Dans la compagnie Batsheva, les danseurs sont activement sollicités à travers tout le processus créatif et le résultat de leurs recherches sont utilisés dans les répétitions et les créations chorégraphiques. Durant les répétitions, les danseurs, libérés de leur entrainement préalables et de leurs préférences stylistiques par le Gaga, sont moins préoccupés à reproduire une image précise qu’à travailler à partir de la sensation, de l’élan ou de l’énergie du mouvement… et encouragés à pousser sans cesse dans ce qu’ils font. Leurs menus gestuels se composent de qualités de mouvements tels doux, tranchants, forts, ronds, retenus, tremblotants… Les danseurs développent ainsi, dans leurs séances de travail, tout un attirail de textures qu’ils peuvent ensuite appliquer dans les performances.

Hora

Dans la chorégraphie Hora, la méthode de création découlant de Gaga permet aux danseurs d’amener leur personnalité et leur individualité sur scène (dans des chorégraphies dont ils ont le plus souvent généré le vocabulaire à travers leurs recherches) engageant leurs pensées, leurs émotions tout autant que leur corps. Pendant les entraînements et les périodes de création, ils apprennent en plus à apprécier les difficultés du travail, à (re)découvrir leur passion du mouvement et à la connecter avec les efforts nécessaires, retrouvant leur animalité, leur disponibilité et l’utilisation efficace de leur imagination. Un danseur de Batsheva déclare : « Naharin donne des règles à suivre, mais donne aussi toujours la liberté de ne pas suivre les règles ». Les danses de Hora, nées de ce processus, sont exécutées par 11 interprètes passionnés qui évoluent accompagnés d’une bande sonore hautement originale, dans des solos, petits groupes et plus grands ensembles. À voir, pour le plaisir des yeux et des oreilles.

 
Histoire de la danse 101

Danse moderne, post-moderne, contemporaine, actuelle, nouvelle danse, …, n’est-ce pas toute la même chose ? Chaque qualificatif, chaque adjectif n’englobe-t-il pas tous les autres ?
 
La danse moderne, parfois nommée « American Modern Dance », est le résultat d’une époque bien précise (1930-1960) et comprend deux techniques principales (technique Graham et technique Humphrey-Limon) qui sont encore enseignées un peu partout sur la planète. D’un point de vue historique, elle a été suivie par le post-moderne (dans les années 1960) et ensuite par toute une série de qualificatifs qui ont eu des durées d’utilisation plus ou moins longues. Le temps passe et chaque nouveau nom caractérise donc une danse qui prend souvent ses racines dans la précédente (en continuité ou en rupture). L’avenir nous dira si les dénominations suivant post-moderne survivront, ou laquelle sera retenue par les historiens mais ce qu’on peut toujours se demander par rapport à la danse contemporaine c’est : « la danse contemporaine de qui ??? »

Finalement, une question : « Un spectacle de danse contemporaine peut-il légitimement inclure dans son vocabulaire des éléments de folklore et danses traditionnelles (flamenco, kathakali, Baratha Natyam, …), des éléments de théâtre ou de cirque, du vocabulaire codifié (ballet classique, danse moderne, danse ethnique, danse de rue), …? » Réponse courte : OUI.

* Sources : Deux articles de Deborah Friedes Galili. “Inside Basheva”. Dance Magazine, février 2012, pp.24-28 ainsi que Batsheva Dance Company: From Graham to Gaga

« Gaga est une nouvelle forme d’acquisition de connaissance et de conscience à travers le corps. Gaga est une nouvelle voie d’apprentissage et de renforcement de l’organisme, ajoutant flexibilité, endurance et agilité tout en libérant les sens et l’imagination. Gaga conscientise les faiblesses physiques, éveille des zones endormies, expose les fixations physiques et offre des voies pour leur élimination. Gaga encourage le mouvement instinctif, relie les mouvements conscients et subconscients. Gaga est une expérience de liberté et de plaisir. » (Ohad Naharin) Traduction : M.V.

 

 

Voir la page du spectacle Hora