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Archive for novembre 3rd, 2012

Political Mother: faire éclater la scène

Article de Émilie Plante, paru dans Pieuvre.ca, le 3 novembre 2012

«Après une prestation remarquée en 2009, la Hofesh Shechter Company revient à Montréal pour nous présenter un spectacle décapant, dominé par un univers de contrastes et qui nous en met plein la vue… et l’ouïe.

Présenté par Danse Danse qui célèbre son 15e anniversaire, Political Mother est l’œuvre d’un Londonien qui a grandi en Israël, où le climat politique a très certainement eu une incidence sur sa manière de créer. À la fois chorégraphe et musicien, Hofesh Shechter est décrit comme une «rock star» dans le monde de la danse contemporaine. Artiste multidisciplinaire qui a étudié le ballet, la danse folklorique, les percussions, Shechter possède une énergie qui se manifeste sans relâche dans son travail.

Certains verront en Political Mother une cacophonie dépourvue d’âme. Derrière la représentation d’un monde chaotique, fruit de l’être humain, Political Mother est tout sauf une pièce sans âme. Elle présente à la fois l’homme comme un être avide de pouvoir, mais également souvent soumis à autrui. Il se déplace seul ou en meute, s’abandonne ou se rebelle, mais lutte aussi pour sa survie et sa liberté. Car dans l’imagerie de Shechter, tout n’est pas noir ou blanc.

Imagerie brute et humaine

En début de spectacle, un guerrier se fait hara-kiri au milieu de la scène. Le ton est donné. Tensions, énergie, revendications, silences : les danseurs, les guitaristes et les percussionnistes, qui font partie intégrante de cette œuvre où s’entrelacent danse, musique et lumière, nous font éprouver leurs angoisses et leurs espoirs.

Par moments, la pièce est brutale. Les protagonistes s’affrontent ou se suivent comme un troupeau asservi, avec comme trame de fond une musique assourdissante et les paroles d’un chanteur-dictateur qui, du haut de sa tribune, crache ses chants à la meute qui s’abîme dans la noirceur.

Au-delà d’un message qu’il cherche à passer, Shechter tente d’évoquer différentes réalités qui s’entrechoquent. D’ailleurs, ce procédé fait en sorte que certaines parties de la chorégraphie semblent ne pas s’accorder entre elles. Mais c’est à n’en pas douter un des effets escomptés par le chorégraphe, qui propose un spectacle justement axé sur des rapports d’opposition et dans lequel la musique passe tour à tour du rock-métal puissant aux airs classiques, de la pénombre angoissante à un éclairage aveuglant.

Empreinte d’une énergie brute, la pièce Political Mother possède un étrange pouvoir exaltant sur les spectateurs. Ils étaient nombreux à taper du pied ou dodeliner de la tête en suivant le rythme de la musique électrisante. Car malgré son propos relativement glauque et intense, le résultat est loin d’être froid. La pièce ébranle, mais est également porteuse d’un message d’espoir. Rien n’est encore perdu. C’est du moins ce qu’on ressent à la toute fin, lorsque le rideau tombe durant une chanson de Joni Mitchell. On en sort ébloui.»

Source: Pieuvre.ca, Émilie Plante

 

Le Grand Théâtre de Québec et La Rotonde présenteront Political Mother le 5 novembre prochain dans la salle Louis-Fréchette

 
 

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