Dans une scénographie épurée où s’érige un monolithe métallisé, Manuel Roque convoque une rencontre des forces telluriques et cosmiques à même son corps, berceau d’un nouveau territoire à explorer, d’une cartographie poétique à réinventer. Irradiés par un souffle de vie et une respiration abdominale profonde, muscles, tendons, os et articulations sont intensément sollicités en un tout organique et viscéral.
Au son du Requiem de Fauré, l’interprète époustouflant de virtuosité nous conduit au firmament d’une danse puissante parfaitement maîtrisée, le temps d’un voyage contemplatif. Data a été reconnue en Europe et au Canada comme étant une œuvre captivante à la beauté pleinement assumée. De ce solo d’une maturité remarquable émerge une signature chorégraphique unique.
Lorsque le spectateur se pointe, la scène est dénudée ou presque. Au centre du vaste espace noir se trouve un tapis blanc neige occupé uniquement d’une structure en forme de rocher recouvert d’un habillage métallique aux airs futuristes. Les lumières se tamisent puis se rallument. L’homme, le danseur, est là. Il s’agite doucement, se contorsionne au son du Requiem de Fauré. Moment de grâce. Ce début de spectacle figure parmi les plus beaux moments de ce Data au titre quelque peu anachronique. C’est la découverte d’un corps aux multiples formes. Manuel Roque réussit le tour de force de sculpter, transformer, disloquer, remodeler le haut de son corps de magnifique manière.
De la poésie sculpturale
La gestuelle qu’a développé Manuel Roque est unique. Rarement a-t-on vu une transformation de ce type. Il se dégage de l’ensemble de ce spectacle une poésie qui transcende le corps, une poésie sculpturale qui séduit et charme. C’est magnifique! Manuel Roque a su éviter le piège de l’exercice de style en dosant savamment ses gestes. Les offrants au public comme un objet précieux.