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Chroniques du regard 2017-18 No 15 – Solitudes duo – Daniel Léveillé danse

Solitudes duo de la compagnie Daniel Léveillé Danse sera présenté deux soirs à la Salle Multi de Méduse. Le spectacle pour 7 danseurs, créé en 2015, est en fin de tournée internationale, après avoir été présenté dans différents pays européens et dans plusieurs salles québécoises et canadiennes. Le spectacle est composé d’une série de 6 duos mettant en scène des danseurs fabuleux (quatre hommes et trois femmes). Dans une danse extrêmement précise et exigeante, sont mises en lumière les possibilités expressives et athlétiques des différentes combinaisons possibles croisant les genres (Homme-homme, Homme-femme et Femme-femme). Ce spectacle fait partie du plus récent cycle de création du chorégraphe montréalais Daniel Léveillé, récipiendaire du Grand Prix de la danse de Montréal en 2017.

 

« Solitudes duo » c’est pour vous si vous avez aimé le spectacle Solitudes solo présenté par la Rotonde en 2016.

 

« Solitudes duo » c’est pour vous si vous aimez les danses athlétiques, simples et épurées.

 

« Solitudes duo » c’est pour vous si vous voulez continuer d’apprécier l’œuvre d’un chorégraphe québécois reconnu internationalement.

 

Daniel Léveillé Danse ( DLD ), Montréal,

Le spectacle

Pendant un peu plus d’une heure, s’enchaîne une série de duos d’une dizaine de minutes chacun. Les combinaisons genrées sont multiples et présentent les danseurs dans une esthétique typique du chorégraphe : des corps presque nus impliqués dans des actions réelles avec des difficultés d’exécution évidentes. Les mouvements sont ardus et les positions seraient hasardeuses pour des corps non-entraînés. Les efforts des danseurs restent apparents et les possibilités d’échecs sont multiples. Les interprètes sont toutefois devenus des experts à surmonter ces contraintes et arrivent souvent à transcender les instructions pour présenter une danse qui sublime les contraintes chorégraphiques.

Dans une présence simple et attentive, les interprètes doivent habiter avec précision l’organisation spatiale et architecturale de la chorégraphie, l’œil de Léveillé étant très sensible à ce type de mises en place. Le cadre visuel, délimité par le tapis de couleur pâle et les lumières clairement définies, cloisonne l’action pendant la durée des duos. L’espace ne sera ouvert que pour les changements de sections, lorsque l’un des deux danseurs se retrouvera dans une nouvelle combinaison de partenaires ou lorsqu’un duo sera remplacé par un nouveau couple de danseurs. Ces changements coïncident habituellement avec un changement de musique et d’ambiance.

Les duos présentés peuvent être perçus comme deux solos simultanés dans le même espace-temps (sans doute, le sont-ils) et être relationnels par défaut. Toutefois, les choix d’accompagnement musicaux donnent de bonnes pistes pour que chaque spectateur, s’il le désire, puisse se faire son histoire. Dans un entretien avec Nathalie Yokel, le chorégraphe indique : « Ce que l’on voit en premier, c’est la relation qui se crée entre deux personnes, et le public crée aussi son interprétation de la relation. C’est fascinant car ce n’est pas quelque chose que l’on maîtrise ! ». Les différents duos, accompagnés de musique baroque de J.S. Bach (1685-1750), de clavecin percussif et percutant de Pancrace Royer (1703-1755) ou de musique rock psychédélique des années 1970 (Doors et Beatles), oscillent entre la tendresse, la compétitivité, la recherche amoureuse et sexuelle, et chacun des duos comporte intrinsèquement une bonne dose d’érotisme, dans la signification classique où Éros = force de vie.

Comme dans la structure chorégraphique de Solitudes solo, les mouvements à la base des danses sont cumulatifs d’une section du spectacle à la suivante, par exemple : une giration du bassin présentée dans le premier duo évolue en amplitude d’un duo à l’autre et finit par devenir plus tard un grand tour incluant tout le torse; les portés utilisés dans tous les duos suivent aussi une gradation logique dans leurs constructions et leurs possibilités;  l’utilisation expressive des mains évolue aussi, parfois avec des références culturelles très précises. Cette évolution des gestes tient lieu de trame narrative : « Les corps se lovent, s’envolent dans d’acrobatiques et tendres portés, s’effondrent sous le poids du mépris. Les semblables se rencontrent en miroir. La nature du lien se lit dans les regards, les tensions de la chair, la qualité du contact. Pudeur, passion, indifférence, affection et gourmandise s’expriment … Force, grâce et émotion se conjuguent dans l’exploit technique d’une danse exigeante, pour notre plus grand bonheur. » Source : Fabienne Cabado

 

Le chorégraphe

Daniel Léveillé a signé sa première chorégraphie en 1977 au sein du Groupe Nouvelle Aire où il a été formé. Il a ensuite travaillé comme chorégraphe indépendant avant de fonder en 1991 la compagnie qui porte son nom. Il a enseigné la composition et la chorégraphie au département de danse de l’UQÀM de 1988 à 2012. En 2001, il entreprenait un nouveau cycle de création (cycle de l’imperfection, comprenant trois chorégraphies) qui lui a permis une reconnaissance internationale en imposant un style de danse fondé sur un regard clinique du mouvement, sans compromis dans la forme ni dans la présentation. Son style intègre le minimalisme et la répétition dans le mouvement, la nudité des danseurs et la radicalité du discours.

Il déclarait, lors de la remise du Grand prix de danse de Montréal en 2017 :   «J’ai beaucoup écrit avec le corps… Je lui ai demandé de sculpter l’espace, de le faire vivre, de s’arrêter sec, de sauter, plus haut encore si possible, d’accélérer, de ne plus respirer, de tourner, plus longtemps, encore plus longtemps, de s’étourdir, de s’épuiser, de m’émouvoir aux larmes, de m’étonner. Je lui ai demandé l’impossible, surtout l’impossible, jusqu’à atteindre l’imperfection. Parce que je crois que c’est là, dans cette imperfection, que se love son humanité.»

Au répertoire la compagnie, on retrouve : Le sacre du printemps (création en 1982 et reprise en 2017), Amour, acide et noix (2001), La pudeur des icebergs (2004), Crépuscule des océans (2007), Solitudes solo (2012) et Solitude duo (2015).

Aussi, depuis une dizaine d’années, la compagnie parraine et accompagne également la démarche de quelques artistes montréalais de la danse pour la production et diffusion de leurs œuvres, dont certains chorégraphes-danseurs déjà présentés lors des récentes saisons de La Rotonde : Catherine Gaudet, Fred Gravel et Manuel Roque.

 

DLD Crédit Denis Farley avec Emmanuel Proulx_Ellen Furey(3)

 

Les interprètes

Daniel Léveillé déclare en entrevue avec Elise Boileau, à propos des interprètes de Solitudes duo qui, pour la plupart, travaillent avec lui depuis une dizaine d’années :  « (ils) savent l’espace de liberté qu’ils ont pour amener cette matière gestuelle vers quelque chose de moins technique ou abstrait. En fait, ils apportent une chaleur humaine, une couleur à cette relation à deux. Cela fait partie de l’appropriation pour les danseurs, et ils le font très bien. »

Les interprètes  sont : Mathieu CampeauEllen FureyEsther GaudetteJustin GionetBrianna LombardoEmmanuel Proulx et Simon Renaud.

 

Les collaborateurs

Aux éclairages : Marc Parent.

Aux costumes : Geneviève Lizotte.

À la direction des répétitions : Sophie Corriveau

 

Les critiques

« La beauté se trouve dans les mouvements qui semblent la suite de plusieurs sculptures, dans les veines gonflées par l’effort, dans les pulsations du ventre, dans les côtes qui dessinent leur profil sur les torses tendus au maximum, dans les muscles qui s’agglutinent, dans la respiration qui s’accélère, dans les étreintes qui deviennent coït et lutte, acceptation et refus, hostilité et solidarité, tout et son contraire. Il suffit de savoir la regarder avec les yeux du poète, et elle se fait voir, cette beauté. »
La Nuova, Ferrara, lundi 30 novembre 2015

Léveillé challenges his dancers to go to their limits, to do things that are physically perhaps just at the edge of their capabilities. Then again, stripped to their undergarments, there is nowhere to hide. The dancers are fully on display in all their vulnerability. The audience, too, has nothing to hide behind either… Léveillé has created another masterful work with his signature style. The dancers do an outstanding job bringing life and movement to Léveillé’s ideas and deliver powerful emotions to all. Stripped dance back to its essence, removing all artifice, Léveillé creates a piece of great beauty that celebrates the human condition.”
Source: Rachel Levine

« Avec une maîtrise admirable, Daniel Léveillé signe ici une chorégraphie volontairement dépouillée, mais jamais simpliste, qui s’articule autour d’un vocabulaire immédiatement intelligible. Enroulements, déhanchements, déséquilibres contrôlés, sauts groupés, gestes reproduits à l’unisson, corps tendus dans un prolongement commun deviennent motifs d’une partition aux rhétoriques aussi limpides que celles des pièces musicales choisies. »
Lucie Renaud, Revue Jeu (Canada)

« Ce que propose Léveillé est sexy en diable sans jamais être vulgaire ni voyeur. Ces ballets à deux ne sont effectivement que des solitudes qui se séparent toujours sans se regarder à peine. Il y a ici une compréhension très juste des rapports humains. Une pièce intense, puissante, qui questionnera votre rapport au jeu de séduction. »
Toutelaculture.com (France)

« Ici, six tableaux d’une douzaine de minutes chacun, explorant plusieurs configurations de couples. Pas de concession au suave et au liquide : on est en présence de corps massifs, de mouvements bruts, de séquences successivement bouclées et discontinues. Les corps s’aimantent plus qu’ils ne s’unissent, et l’on assiste davantage à une sorte de lutte gréco-romaine entre deux forces contradictoires qui s’avouent, tour à tour, vaincues ou victorieuses… »
Source :  Mathias Daval 

 

Daniel Léveillé Danse ( DLD ), Montréal,

Photos : Denis Farley

Chroniques du regard 2017-18 No 14 – Infinity Doughnut – Compagnie Katie Ward

La chorégraphe montréalaise Katie Ward présentera trois fois, dans le Studio A de la Maison pour la danse, le spectacle performatif Infinity Doughnut, un quatuor d’environ 65 minutes qui se veut une expérience pour le spectateur avide de plaisir et de découvertes.

4 - Infinity Doughnut - Katie Ward - Crédit Svetla Atanasova

Photo : Svetla Atanasova

 

« Infinity Doughnut » c’est pour vous si vous aimez les spectacles qui renouvellent le regard porté sur le monde, utilisant dans le processus une grande part de spontanéité.

 

« Infinity Doughnut » c’est pour vous si vous aimez les contacts réels, francs et directs avec les interprètes.

 

« Infinity Doughnut » c’est pour vous si êtes prêt à vous abandonner à un flot d’actions et de saynètes interconnectés qui forment un univers ludique en constante transformation.

 

2 -Infinity Doughnut - Katie Ward - Crédit Svetla Atanasova

Photo : Svetla Atanasova

 

Le spectacle

Faisant suite à ses intérêts multiples portant sur la science, sur la connectivité des choses et des individus ainsi que sur l’étude de la perception du monde (différente pour chacun), la chorégraphe poursuit ses mises en scènes d’événements performatifs tels que présentés dans plusieurs cadres et dans différents pays depuis plus de 10 ans.

La chorégraphe décrit Infinity Doughnut comme étant « un système de navigation aveugle » impliquant une exploration basée sur des spéculations, devenant ainsi un examen de la matière, inanimée tout autant qu’humaine. Dans l’aire de jeu, en plus des interprètes, les spectateurs participent aussi à cette étude. Ils sont à proximité des performeurs et, encouragés par le discours de la chorégraphe, ils sont invités à s’abandonner, à se laisser aller dans tout ce qui peut advenir, à céder au flot des actions, à accueillir changements et spontanéité dans la structure du spectacle.

Le spectacle se décline comme une suite de courtes scènes jonglant avec l’idée de dévoiler un environnement en constante évolution. Incluant une forte dose de travail de partenaire, en duo autant qu’en quatuor, les structures de travail sont claires. L’utilisation de mouvements souvent improvisés aide à renforcer l’esprit de (re)découverte à la base du travail de la chorégraphe.

À de nombreuses reprises durant le spectacle, des chaines humaines répondent à l’élasticité de leurs liens de manière organique et intuitive (et parfois même avec humour). Ces chaines s’étendent ou se referment en de multiples organisations spatiales, intégrant de la part des interprètes des portés et échanges de poids parfois périlleux. Ainsi, les danses obtenues deviennent tout aussi excitantes pour le public que pour les interprètes, qui carburent au plaisir tout en restant très fortement à l’écoute de leurs partenaires.

Faisant partie de la signature chorégraphique de Katie Ward, l’inclusion dans la danse de mouvements issus de gestes quotidiens est aussi présente dans le spectacle. Les spectateurs retrouveront facilement les sources de certains gestes et mouvements, ici mis en scène dans une même intention séminale d’examen et de redécouverte.

Les séquences chorégraphiques laissent de la place à la personnalité de chacun des interprètes, qui peut réagir avec inventivité à chacune des propositions. Dans un processus toujours créatif, chacun trouve sa manière d’enrichir la danse et de répondre aux impulsions des autres en intégrant à son jeu ses préférences, habitudes et habilités particulières. “You’re watching four minds working together where they’re copying the movement that each is proposing, while at the same time, they’re injecting their own preferences and interests,” said Ward. “The type of movement quickly jumps from one modality to another. They have a set of rules that they follow but it’s not set movements. They follow the same way of behaving each time, but the movements are always different.” Source: Victor Swoboda, The Montreal Gazette.

 

3 - Infinity Doughnut - Katie Ward - Crédit Svetla Atanasova

Photo : Svetla Atanasova

 

La chorégraphe

Fondatrice en 2011 de la compagnie qui porte son nom, Katie Ward est installée à Montréal. Après avoir étudié à la School for Contemporary Dancers de Winnipeg et à l’Université Concordia, elle a ensuite enseigné le processus créatif au département de danse contemporaine de cette dernière institution.

Elle a présenté ses œuvres dans différentes villes du Canada ainsi qu’en France et au Royaume-Uni. Chorégraphe, elle a notamment présenté à Tangente, en début de carrière, Collapsible Uprisings (2004). The Thrills: Wilderness Retreat (2005) et Hawks and Doves (2007). Elle est aussi cofondatrice de The Choreographers, un groupe d’artistes qui, entre 2008 et 2011, a créé  les spectacles Man and Mouse et Oh! Canada.

Les intérêts de Ward passent par la recherche sur les perceptions, les liens énergétiques, la coexistence et les interconnexions. Son travail s’appuie sur des systèmes utilisant l’imaginaire comme source de découvertes et de redécouvertes des objets, des individus et des relations qui les entourent. Elle décrit sa démarche comme : « utilisant des techniques de la tension et du relâchement, elle crée des performances qui permettent aux spectateurs et aux danseurs de se soulager à travers une catharsis authentique. Proposant une gamme complète d’interactions passant de la violence à la tendresse, sur des tons sincères et poétiques, son éventail d’imagerie s’ouvre sur le monde sans avantager une forme d’expression particulière sur une autre. Animés par des pulsions énergétiques, ses danseurs libèrent des quantités excessives de machisme, de joie et d’agressivité les uns sur les autres les menant à des déséquilibres de pouvoir. » Source : FOUND

Parmi ses plus récentes créations, on retrouve les pièces de groupe Rock Steady (2010) et Infinity Doughnut (2014),  le solo Matière grise (2016) et le duo Reality Machine (2017). Elle a aussi créé le trio performatif Human Synthesizer avec le compositeur Michael Feuerstack et le concepteur d’éclairages Paul Chambers, deux collaborateurs impliqués dans Infinity Doughnut.

 

Les interprètes

Les quatre interprètes montréalais ont tous été vus récemment sur différentes scènes de Québec. Il s’agit de Dany Desjardins,  Patrick LamotheAudrée Juteau et Peter Trosztmer. Les deux derniers travaillent régulièrement avec la chorégraphe et font partie des fondateurs du groupe The Choreographers.

 

Les collaborateurs

À la dramaturgie: k.g. Guttman ; à la création sonore: Michael Feuerstack ;  à la création lumières: Paul Chambers; à la création costumes: Katie Ward et aux conseils artistiques : Kathy Casey.

 

1- Infinity Doughnut - Katie Ward - Crédit Svetla Atanasova

Photo : Svetla Atanasova

 

Les critiques

« C’est sans doute une œuvre interactive mais nous pourrions même aller jusqu’à dire que c’était parfois un atelier impromptu dans lequel les invités étaient appelés à participer aux propos de la créatrice. C’est définitivement un style de spectacle stimulant pour ceux qui aiment être interpellés de façon directe par des danseurs. Je ne vous dirai pas exactement comment pour ne pas vendre la mèche…  Autrement, un autre aspect rafraîchissant de l’œuvre était son côté humoristique, relax, qui ne se prenait pas trop au sérieux. Si la danse peut parfois être sombre ou très intellectuelle, Infinity Doughnut était capable de prendre un sujet spirituel inspiré des trouvailles de la physique quantique et rendre le tout très ludique et amusant. »
Source : Olivier Koomsatira, Danse Nouvelles Montréal.

« Infinity Doughnut, la nouvelle création délicieusement délirante, tout en drôlerie et finesse, de Katie Ward… La chorégraphe y met en mouvement de manière limpide des phénomènes physiques. Lui prêtent main-forte quatre danseurs infiniment magnétiques et une partie du public… Les performeurs époustouflants de virtuosité interprètent une partition très exigeante avec une grande sensibilité et l’air de ne pas y toucher. Dans Infinity Doughnut, tout coule de source. »
Source : Nayla Naoufal, Le Devoir.

Chroniques du regard 2017-18 No 13 – Le cri des méduses – Alan Lake Factori(e)

Présenté deux soirs au Grand Théâtre, le nouveau spectacle chorégraphique d’Alan Lake tire une partie de son inspiration du célèbre tableau Le radeau de la Méduse. Mettant en vedette neuf danseurs faisant carrière à Québec ou à Montréal, les différentes scènes du spectacle de 90 minutes font apparaître des personnages à la dérive, combattant parfois pour leur survie. Fidèle à sa manière, le chorégraphe n’hésite pas à lancer les interprètes dans des danses charnelles et sensuelles. Leurs quêtes symboliques sont présentées dans une scénographie évolutive et le chorégraphe présente ce spectacle comme une œuvre de (sur)vie.

 

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Crédit : Antoine Caron

 

« Le cri des méduses » c’est pour vous si vous voulez voir le spectacle de danse le plus attendu de la saison

 

« Le cri des méduses » c’est pour vous si vous aimez les spectacles métissant danse et arts visuels.

 

« Le cri des méduses » c’est pour vous si vous aimez les spectacles qui traitent de la vie à la manière d’un rituel dramatique et païen.

 

 

 

Crédit : Daniel Richard

Crédit : Daniel Richard

 

Le spectacle

Durant près d’une heure trente, le chorégraphe et artiste visuel Alan Lake amène les spectateurs dans un voyage onirique prenant source dans la célèbre peinture de Géricault Le radeau de la Méduse, peinte en 1918-19. De cette histoire réelle et tragique arrivée cent ans plus tôt que la réalisation de la peinture, Alan Lake tire des leçons de courage et de résilience vécues à travers une espèce de rituel païen.

Illustrées de manières qui peuvent parfois être dérangeantes, différentes scènes sont proposées. Mises en place grâce à des éléments scénographiques simples, efficaces et mobiles, manipulés par les artistes sur scène, les différentes sections du spectacle s’enfilent sans liens formels rigides. Certaines d’entre elles se rapprochant plus de l’hallucination ou du cauchemar que d’un rêve idyllique « de ciel bleu et de rivages accueillants » pour les naufragés survivants du terrible voyage.

Aussi intitulée « scène de naufrage », la peinture de Géricault est transmutée sur scène dans un lieu indéfini, sans cesse réinventé et construit/déconstruit tout au long du spectacle. Les structures murales se déplacent et leurs surfaces passent du transparent à l’opaque. Les corps eux-mêmes sont parfois recouverts de substances diverses lorsqu’ils ne sont pas habillés de vêtements salis et en loques ou simplement nus.

Profitant d’une distribution de neuf danseurs, le spectacle propose une variété d’assemblages et de regroupements. Porteurs d’espoir ou abandonnés au désespoir, les mouvements sont toujours profondément incarnés, que le danseur soit support d’un autre corps ou dans un rôle de « manipulé ». Pour tous, la danse est à fleur de peau et chacun semble porté par un état d’urgence, cherchant à sauvegarder son humanité à la dérive.

L’étude de la chute et des roulades, intégrée comme thème gestuel général du spectacle, est présente autant dans un amas de corps abandonnés qui déferlent les uns sur les autres (empilés sur un véhicule mobile non identifié) que dans des portés très originaux ou dans une série de duos où l’ un des partenaires est retenu en déséquilibre par une ceinture à la taille. Les mouvements de groupe forment des fresques picturales et sculpturales contenant parfois d’impressionnantes pyramides, destinées à l’effondrement inévitable.

 

 

Le chorégraphe

Depuis qu’il a terminé ses études à L’École de danse de Québec en 2007, le chorégraphe, artiste visuel et réalisateur, est en progression constante comme artiste incontournable de la danse actuelle au Québec. En tant qu’interprète, il a été vu dans les œuvres scéniques d’Harold Rhéaume et de Danièle Desnoyers. Il a participé au Grand Continental de Sylvain Émard et au vidéoclip Sprawl II (Mountains Beyond Mountains) d’Arcade Fire, chorégraphié par Dana Gingras. En tant que chorégraphe, il a collaboré avec différentes écoles de formation en danse et avec différents groupes ou collectifs. Les films réalisés par Alan Lake, présentés autour ou à l’intérieur des différents spectacles de sa compagnie, ont aussi eu des vies autonomes de vidéodanse dont le film Ravage, gagnant du Prix de la meilleure réalisation au San Francisco Dance Film Festival 2016 et gagnant du Prix du jury au Festival Plein(s) écran(s) de Montréal.

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Crédit: Antoine Caron

 

La compagnie

Alan Lake Factori(e), compagnie pluridisciplinaire de danse contemporaine a été fondée en 2007, et a produit récemment les spectacles Chaudières, déplacements et paysages (2009), Là-bas, le lointain (2012), Ravages (2014) et Les caveaux (2016).

Pour la création du Cri des méduses, Alan Lake a travaillé les danses avec la complicité des interprètes, dont Esther Rousseau-Morin et David Rancourt, complices de longue date. Dans une série de résidences effectuées à la Maison pour la danse de Québec et au Centre de Création O Vertigo de Montréal, les danses ont été mises au monde conjointement avec la création et l’exploration, par les interprètes, des possibilités des éléments scénographiques. Ce qui a permis de définir des « lieux » précis de danse en utilisant, par exemple : panneaux de bois pouvant devenir charrette, radeau ou murs; murs pouvant être tournés, retournés et sectionnés; panneaux transparents et mobiles pouvant délimiter l’espace. Comme dans ses spectacles précédents et toujours intéressé par les jeux avec la matière, le chorégraphe va encore plus loin dans ses recherches sur les liquides et sur les corps « salis ».

1 - Le cri des méduses - Photo Daniel Richard

Crédit : Daniel Richard

 

Les interprètes

Les interprètes sont tous danseurs professionnels ayant des carrières variées. Plusieurs ont souvent foulé les planches des scènes de Québec et leurs biographies sont en hyperliens. La distribution compète est composée de : Kimberley de Jong,  Jean-Benoit Labrecque, Louis-Elyan MartinFabien PichéDavid RancourtGeneviève RobitailleEsther Rousseau-MorinJosiane Bernier et Odile-Amélie Peters.

 

Les collaborateurs

Musique : Antoine Berthiaume

Lumières : Karine Gauthier 

Répétition : Annie Gagnon

Scénographie : Marilène Bastien et Alan Lake

Une production d’Alan Lake Factori(e) en coproduction avec Danse Danse, La Rotonde et Le Grand théâtre de Québec, le Centre de Création O Vertigo – CCOV (Producteur délégué).

 

Les liens externes

La véritable histoire (horrible) du radeau de la Méduse est racontée ici.

Des informations détaillées sur la peinture Le radeau de la Méduse de Géricault sont disponibles sur France-culture  et sur le site du Louvre.

Chroniques du regard 2017-18  No 12 – Lien(s) – Compagnie Destins croisés

1 - Liens - Crédit Philippe Provencher, Le Foutoir - Geneviève Gagné, Joe Danny Aurélien, Geneviève Boulet, Jossua Collin, Félix Cossette

Créée par Ismaël Mouaraki pour la compagnie montréalaise Destins croisés, la chorégraphie  Lien(s)  sera présentée à la Salle Multi de Méduse. Sur une scène abstraite découpée de motifs lumineux, ce spectacle de 55 minutes est dansé par cinq interprètes. S’y retrouvent des danseurs travaillant individuellement, en duos ou en groupe, à la recherche de l’affirmation de leur singularité à travers une variété de styles contemporains et urbains (Bboying, Hip-Hop, Krump, Locking, Popping, Voguing, Waacking).


« Lien(s)  » c’est pour vous si
vous aimez la découverte d’artistes nouveaux.

 

« Lien(s)  » c’est pour vous si vous êtes intéressé par les nouvelles formes de danse.

 

« Lien(s)  » c’est pour vous si vous aimez les spectacles léchés et présentés de fort belle manière.

 

Liens - Crédit Philippe Provencher, Le Foutoir - Jossua Collin et Félix Cossette

Le spectacle

De manière sobre et totalement efficace, différentes figures géométriques, délimitées par une lumière blanche, apparaissent au sol. Chacune de ces formes devient le cadre d’une section du spectacle. Chaque section utilise un style différent de danse urbaine et chaque danseur y trouve une place privilégiée lui permettant d’intégrer  son identité et son individualité. Un lien organique entre les différentes sections est fourni par l’apparition-disparition des interprètes et leurs regroupements ponctuels dans des sections de groupe.

Lors des numéros individuels, les corps sont tenus de respecter les frontières lumineuses, obligeant une précision et une prise de risque certaines. La musique accompagne la danse de manière fluide et chaque section porte et une signature gestuelle claire et assumée à travers des vocabulaires et styles de danse spécifiques. On pourrait y voir cinq autobiographies en mouvements. Les mouvements de groupe illustrent l’espoir d’une communication possible et efficace malgré les différences individuelles, illustrées ici par l’utilisation des différents styles de danse urbaine.

Liens - Crédit Philippe Provencher, Le Foutoir - Jossua Collin et Félix Cossette 2

Les danses urbaines ont pris de nombreuses formes au fil des ans. Au départ, elles étaient surtout apprises hors les cadres académiques, dans la rue entre amis, dansées sur des musiques populaires. Elles ont ensuite gravi l’échelle de respectabilité et se retrouvent maintenant reconnues légitimement comme une forme d’art de la scène. Un aperçu des différentes formes de danses urbaines permet de différencier :

Le B-boying ou B-girling (breakdancing), créé dans les années 1970, principalement par les jeunes danseurs de rue portoricains et afro-américains du Bronx. Souvent compétitive, elle comprend certains aspects acrobatiques et plusieurs figures au sol. Un extrait vidéo ici.

Le Krump est né dans les années 2000 à Los Angeles. Tout en permettant aux jeunes de canaliser colère, agressivité, haine et rage, les mouvements exécutés très rapidement se veulent malgré tout non-violent. Chaque « krumper » développe son propre style et sa propre identité à travers une série de « battles ». Un extrait vidéo ici.

Le Locking, inventé au début des années 70 est musical et très expressif. Il mobilise le bassin et les expressions du visage en plus d’une action de base, le « pointing », faisant référence à l’image de l’Oncle Sam pointant le doigt vers le spectateur avec le slogan : « I want you for U.S. army ». Un extrait vidéo ici.

Le Popping, né en Californie à la fin des années 1970, est dansé debout. On y retrouve trois éléments  de base : les hits (contractions), l’isolation et les angles. Ce style utilise souvent une musique funk. Un extrait vidéo ici.

Le Voguing est apparu dans les années 1970. Devenu grand public entre autres à travers la vidéo Vogue de Madonna, il a d’abord été pratiqué par les communautés gaies et transgenres afros et latino-américaines. Inspiré des poses de mannequins et des défilés de mode, on y retrouve une série de mouvements angulaires et de mouvements précis des bras et mains autour du visage. Un extrait vidéo ici.

Le Waacking est inspiré de la musique funk et disco. Cette forme de danse de rue est apparue dans les années 1970 à Los Angeles et se veut être une imitation de danse sensuelle féminine réalisée par des hommes. Elle provient en partie des clubs et bars homosexuels et s’inspire des figures de divas américaines. Un extrait vidéo ici.

Liens - Crédit Philippe Provencher, Le Foutoir - Geneviève Gagné, Félix Cossette, Jossua Collin

Le chorégraphe

D’origine franco-marocaine, Ismaël Mouaraki danse depuis le début de l’adolescence. Sa compagnie de création travaille sur des thèmes récurrents de mise en valeur des multiples facettes et variétés de l’humanité.

Dans un travail collaboratif avec des interprètes, des artistes du son, de l’éclairage et de la scénographie autant qu’avec des gens du multimédia, il continue sans cesse sa quête de reconnaissance de la richesse socioculturelle qui marque le corps des danseurs de différentes origines.

Son travail chorégraphique a été présenté au Québec, mais aussi entre autres, à New-York, Séoul, Namur et Düsseldorf. Il a aussi travaillé en collaboration avec le Cirque Éloise et le Festival Juste pour Rire.

 Liens - Crédit Philippe Provencher, Le Foutoir - Geneviève Boulet

La compagnie DESTINS CROISÉS

Fondée en 2003,  la compagnie montréalaise puise aux cultures urbaines et au métissage de différents arts de la scène afin de présenter sur scène son questionnement par rapport à l’individu dans la société ainsi que les répercussions socio-culturelles inscrites dans le corps et les mouvements dansés.

« L’identité et l’altérité y sont des thèmes récurrents, traduisant un goût prononcé de composer avec des individus dont l’identité s’est forgée par leur bagage culturel, social et artistique. Dans son univers, chacun, chaque forme d’art, chaque démarche a sa place. » Source : Site web de la compagnie.

Au corpus des œuvres de Mouaraki pour la compagnie Destins croisés, on retrouve Futur Proche (2010), Reflection (2011), Loops (2012) et Lien(s) (2016).

Les interprètes de la chorégraphie Lien(s) sont Joe Danny Aurélien, Geneviève Boulet, Jossua Collin, Félix Cossette et Geneviève Gagné. Leurs détails biographiques se retrouvent ici.

Les collaborateurs

Direction des répétitions et conseil artistique : Annie Gagnon

Scénographie : Marilène Bastien

Conception musicale : Antoine Berthiaume 

Conception des éclairages : Paul Chambers

Conception des costumes : Angela Rassenti

Liens - Crédit Philippe Provencher, Le Foutoir - Geneviève Boulet et Jossua Collin

Les critiques

« Portée avec brio par cinq danseurs attachants, cette création épurée, rafraîchissante et aboutie entremêle les danses urbaines et le contemporain pour mieux parler du métissage identitaire… La force de Lien(s) est de réunir des interprètes différents, en accord avec le métissage culturel au sein de la plupart des sociétés, et de fusionner les univers chorégraphiques, et ce, sans verser dans le «United Colors de la danse» dans lequel se perdent souvent les pièces traitants d’interculturalité. La création jour avec les codes du genre et les portés ne sont pas réservés aux hommes.» Source: Le Devoir 

«Virtuose dans la complexité des nuances de mouvement, la danse est honorée et très bien rendue par chacun des cinq interprètes. […] La structure de la pièce offre à chaque interprète le temps de ressortir, de développer son mouvement et parfois même d’exploser pour certains». Source: DfDanse 

« It was impossible to let your thoughts drift during “Lien(s),” Ismaël Mouaraki manages to grab your attention right from the first second of the piece and leaves you wanting more. This piece will not only please dance lovers but will also thrill regular audience members! » Catch your breath for Destins Croisés’ piece Lien(s)! » Source: Montréal Rampage 

 

Un LEXIQUE DE LA DANSE URBAINE vient d’être publié par www.100lux.ca et est disponible ici.

Chroniques du regard 2017-18 No 11 – À la douleur que j’ai – Virginie Brunelle

 

1 A la douleur que jai - Robin Pineda Gould

 

La chorégraphe montréalaise Virginie Brunelle présente à la Salle Multi de Méduse une pièce mixte, d’une durée d’une heure, pour six danseurs. Constamment à la vue du public, quatre femmes et deux hommes seront tour à tour en lumière afin d’incarner le thème de la chorégraphie voulant qu’une douleur incessante, parfois inconsciente et dérivée du passé, émerge et teinte les relations actives ou en train de se créer, incluant plusieurs types de relations, qu’elles soient de natures sociales, familiales ou amoureuses. La danse du spectacle est contemporaine et le jeu des interprètes est habité d’une forte théâtralité sculpturale. La compagnie en est à son troisième spectacle présenté par La Rotonde et les amateurs se souviendront de Foutrement et de  Complexe des genres, deux chorégraphies qui traitaient des relations de couples.

«À la douleur que j’ai» c’est pour vous si vous aimez les spectacles ayant des aspects psychologiques et une grande charge théâtrale.

« À la douleur que j’ai» c’est pour vous si vous aimez les spectacles qui traitent des relations humaines intenses, avec son lot de conflits émotifs.

« À la douleur que j’ai» c’est pour vous si vous aimez les spectacles dansés par des interprètes de haut calibre.

 

À la douleur que j_ai - Photo Robin Pineda Gould(1)

Le spectacle

Avec une approche différente, mais un thème apparenté à celui du spectacle BLEU. présenté en janvier par la Compagnie Yvann Alexandre, soit celui du sentiment de douleur qui s’incruste, se métamorphose mais revient sans cesse teinter les relations présentes ou actuelles, la chorégraphe Virginie Brunelle élargit le champ d’observation et le propos de ses chorégraphies précédentes en passant du regard ciblé exclusivement sur le couple hétérosexuel à un regard plus large, incluant les petits groupes et les liens familiaux.

En témoignent les mélancoliques « portraits de famille » qui ponctuent le spectacle, dont celui présenté en première scène avec son lot de douleurs retenues, de respirations ardues et de masques de civilité semblant cacher une peine sourde et écrasante. Plus tard durant le spectacle, plusieurs autres moments d’immobilité des personnages sur scène témoignent de la même écoute de leurs univers intérieurs blessés. En arrêt, statufiés, ils observent les héros du moment (ou s’observent-ils eux-mêmes dans un temps différent ?) en train d’essayer de se débattre à créer des relations viables et fructueuses. Des relations qui se retrouvent en situation d’échec : échec à nourrir adéquatement la relation, échec à trouver le bon partenaire, échec à la communication efficace… Selon la chorégraphe, l’alternance entre arrêt et action permet d’enrichir les personnages : « Je vois de plus en plus… un dédoublement des protagonistes, comme si on les voyait à plusieurs moments de leur vie, comme si le présent côtoyait le passé et qu’ils avaient un regard sur leurs souvenirs, une nostalgie certaine. » Source : Le Devoir.

Le poids et la douleur du passé sont illustrés par les personnages figés, en retrait ou dans la pénombre. Ils deviennent témoins de ce qui se passe en lumière, vécu « au présent » par les personnages à l’avant-scène. Les danseurs qui y évoluent tour à tour deviennent porteurs des blessures et des échecs du passé. Une douleur qui reste en sourdine dans l’évolution et la présentation des personnages, mais qui semble « responsable » de leur incapacité à conclure des relations satisfaisantes.

Les personnages essaient pourtant à travers plusieurs situations, et tout en gardant une certaine mesure malgré le malheur, de présenter un visage satisfait au public. Le masque est là, mais le public peut rapidement découvrir la supercherie à travers les sourires factices et figés, les regards éteints et les poses solennelles à la respiration ardue.

Les séquences dansées sont accessibles et  faciles à décoder : « …les gestuelles parfois répétitives se développent en crescendo, se modulant dépendamment des interactions entre danseurs, tenant compte de leurs différences physiques et de leur charge émotive respective. On oscille entre dureté et concision et une amplitude, un abandon du geste. » Source : tonpetitlook.com

La mélancolie du spectacle est appuyée par les choix musicaux. Fidèle à elle-même, la chorégraphe puise aux répertoires baroque, classique et romantique des morceaux de musique familiers. Des musiques probablement déjà entendues par la plupart des spectateurs, que les connaisseurs pourront identifier comme celles des compositeurs Satie, Vivaldi et Pergolesi ainsi que des airs d’opéra de Haendel et de Verdi. Selon la chorégraphe, ce choix permet de s’adresser efficacement à l’inconscient collectif.

La douleur, présentée tout au long du spectacle comme un pont vers l’évolution humaine, est exposée à travers différentes situations facilement décodables par les spectateurs dont la scène du couple qui se sépare en faisant montre que tout va bien et celle du trio final qui éjecte un membre pour sembler revenir en couple :  «C’est un hommage à la douleur, parce que je me rends compte que c’est vraiment ça qui m’inspire. C’est comme si je lui portais un toast, je la remercie d’être un peu présente, de nous transformer et de nous rendre sensibles et humains. Sur le plan de la chorégraphie, j’ai un vocabulaire au diapason, des mouvements d’opposition entre torpeur et immobilité très présents, comme si des traces restaient figées sur des photos.» Source : revue JEU.

À la douleur que j_ai - Photo Robin Pineda Gould(10)

La chorégraphe

Diplômée en danse de l’UQAM, Virginie Brunelle est souvent nommée comme l’une des chorégraphes phares de sa génération. Sa compagnie, fondée en 2009, a tourné à travers le Québec, mais aussi en Europe, en Amérique latine et en Corée. Elle y a récolté quelques prix, récompenses et distinctions dont le Prix David-Kilburn, un séjour professionnel de développement en Wallonie-Bruxelles de l’OQWBJ, une résidence et une codiffusion du Studio 303, la Bourse RIDEAU 2009 du Festival Vue sur la Relève et le deuxième prix de la compétition chorégraphique internationale d’Aarhus au Danemark. Les détails se retrouvent sur le site de la compagnie.

Reconnue pour ses danses énergiques et exigeantes, le travail de Brunelle est aussi reconnu comme étant en lien direct avec une génération (la sienne) qui s’intéresse à l’incommunicabilité ou du moins à la difficulté d’entrer en relation avec l’autre. Son corpus chorégraphique comporte les créations Les cuisses à l’écart du cœur (2008), Gastro affective (2009), Foutrement (2010),  Complexe des genres (2011) et PLOMB (2013).

Ses intérêts chorégraphiques ont surtout porté sur le travail de duos, découlant de son intérêt particulier pour le couple et ses aléas. Dans son nouveau travail, elle module et calme l’élément athlétique de ses danses de couple et étend son étude pour y inclure une approche théâtrale illustrant des liens qui prennent couleurs et teintes variées, marqués par les traces sédimentaires du passé et des douleurs qui y sont associées. Comme l’indique la chorégraphe : « Dans cette création, cette recherche de sens et de vérité, je l’ai trouvée dans la simplicité, dans l’impulsion vive d’un geste qui s’épuise, se fige ou se brise; dans les contrastes entre vitesse et immobilité. » Source : tonpetitlook.com

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Les interprètes

Dans cette nouvelle production, on retrouve trois fidèles collaboratrices de Virginie Brunelle : Isabelle Arcand,  Sophie Breton et Claudine Hébert, vues précédemment dans Foutrement et Complexe des genres. On retrouve aussi trois danseurs aperçus dans différentes productions diffusées par La Rotonde, dont Milan Panet-Gigon, vu dans Bagne-recréation de PPS danse, ainsi que deux vétérans : Chi Long (qui a dansé longtemps pour O Vertigo puis Marie Chouinard) et Peter Trosztmer (vu entre autres sur « La petite scène » et dans Prisme de Benoît Lachambre/Montréal danse).

 

Les collaborateurs

Aide à la dramaturgie : Stéphanie Jasmin

Répétitrice : Anne Lebeau

Conception sonore : Virginie Brunelle et Jean Gaudreau

Conception lumière : Alexandre Pilon-Guay

Costumes : Marilène Bastien et Elen Ewing

 

Les critiques

« D’une durée d’à peine une heure, «À la douleur que j’ai» parle à tous, même aux novices de la danse contemporaine. Intemporelle, l’œuvre nous confronte à la fragilité d’être mortel, à la grande vulnérabilité qui vient avec l’ouverture vers soi et vers l’autre. Il faut aller voir le spectacle. » Source : atuvu.ca

«  Une réflexion sur nous-mêmes, sur notre émotivité, sur notre humanité. Fidèle à elle-même en matière de signature chorégraphique, aux impulsions spontanées, aux gestes bruts et à une gestuelle virtuose, cette fois-ci (Brunelle) nous offre une œuvre plus sobre, subtile et en contrôle … (elle) maitrise la fine ligne entre une théâtralité juste et une danse expressive. On bascule d’un tableau à l’autre passant d’un état à l’autre. L’esthétique est recherchée et raffinée qui donne une allure cinématographique à la pièce. Une cohérence entre tous les éléments harmonise les tableaux. » Source : dfdanse.com

« À la Pina Bausch, Virginie Brunelle construit chacun de ses tableaux de façon extrêmement précise avec des processus d’accumulation, de répétition et de (dé)construction. En découle une forme de fatigue et d’épuisement dans chaque proposition, qui peut faire émerger l’essentiel. La proposition chorégraphique est, en ce sens, globalement réussie. Le propos est clair et la façon de dire les choses est transparente, accessible et cohérente. » Source : labibleurbaine.com

 

Chroniques du regard 2017-18 No 10 – Tendre – Créations Estelle Clareton

TENDRE d’Estelle Clareton

Créé en 2015 et présentement en tournée québécoise pour la saison 2017-2018, le spectacle Tendre d’Estelle Clareton est présenté au Théâtre jeunesse Les Gros becs en matinées scolaires et en spectacle familial. Deux personnages sur scène sont liés par un long élastique qui les amènera à conjuguer leurs efforts pour s’acclimater l’un l’autre à travers un jeu comique très vivant utilisant danse et jeu clownesque. Le titre  « Tendre » fait référence à la tendresse enfantine ainsi qu’à la tension de l’élastique, symbole des relations enfantines à créer et maintenir avec la fratrie, les amis et l’environnement social.

 

«TENDRE» c’est pour vous si vous aimez les spectacles créés pour les enfants incluant danse, théâtre et travail de clown.

 

« TENDRE» c’est pour vous si vous aimez l’humour et la cocasserie dans les relations entre partenaires.

 

« TENDRE» c’est pour vous si vous voulez voir un spectacle totalement rodé qui roule sans cesse et avec succès depuis sa création.

Tendre4 Photo Stephan Najman

 

Le spectacle

Tendre met en scène deux personnages un peu maladroits reliés par un long lien élastique. Cette contrainte, dont ils ne peuvent se défaire, les force à vivre de nombreuses situations burlesques et parfois absurdes. Réjouissants comme de jeunes enfants en période de socialisation, les deux interprètes intègrent danse et jeu clownesque dans leurs quêtes d’identification. Ils sont, entre autres, confrontés aux normes sociales et, au grand plaisir des jeunes spectateurs, trouvent des façons malicieuses d’en étirer les marges.

Pour faire suite à un travail de recherche commencé avec des marionnettes, des personnages humains ont été développés. En gardant l’idée des contraintes-possibilités imposées par les fils manipulant le corps des marionnettes, un jeu utilisant un lien élastique rattaché au chapeau des interprètes a été construit. Ce lien est physique mais aussi symbolique.  «Ils en sont prisonniers et ne peuvent rien faire l’un sans l’autre, affirme (l’interprète masculin) Brice. Cet objet représente à la fois la tension qu’il y a entre eux et un symbole assez clair du lien avec l’autre.» … «Le personnage de Brice est vraiment touchant parce que, même s’il a envie d’être avec l’autre, il est très psychorigide et ne maîtrise pas tout le temps ses émotions. Il a aussi ses revers et n’est pas toujours tendre. Les deux personnages ne sont pas univoques, ils sont tiraillés et à tour de rôle fragiles, autoritaires, fous.» Source: Mélanie Carpentier.

Lors du processus de recherche et création, les artistes ont trouvé des sources d’inspiration dans les films de Wes Anderson, dans les chansons de Philippe Catherine, dans le jeu physique de Mr Bean et dans l’esthétique du personnage d’animation italien La Linéa.

Le jeu retrouvé sur scène a donc des particularités et des spécificités héritées du jeu clownesque, comme l’annonce la chorégraphe : «On ouvre le quatrième mur, ce qui est très typique du travail du clown. J’aime beaucoup le clown rouge, un peu niaiseux et maladroit, auquel il arrive toujours des problèmes. J’ai une forme de tendresse pour les personnages maladroits, les antihéros». Source:  Iris Gagnon-Paradis 

Le spectacle Tendre a été créé en collaboration avec les interprètes d’origine, Brice Noeser et Katia Petrowick. Il sera dansé ici par Noeser et Audrée Juteau.

Tendre3 Photo Stephan Najman

La chorégraphe 

ESTELLE CLARETON est la fondatrice et directrice de la compagnie de création qui porte son nom depuis. Fondée en 1999 à Montréal, cette compagnie a été impliquée dans de multiples projets à distributions variables en collaboration avec d’autres groupes artistiques, dont une création pour la compagnie de répertoire « Montréal danse », qui présentait à La Rotonde en 2011 S’envoler un ambitieux spectacle pour douze interprètes, qui a tourné au Québec, au Canada, au Mexique, en France et en Allemagne. Les différents pôles d’intérêts de la chorégraphe l’amènent vers la collaboration entre artistes du théâtre et de la musique, des arts visuels et de la vidéo, du cirque et du cinéma. Tel que décrit sur le site de sa compagnie, Créations Estelle Clareton (CEC) est « une compagnie de création chorégraphique et dramaturgique qui affronte, avec espoir, les défis de l’existence, du déracinement et des relations humaines ».

Formée professionnellement au Conservatoire de danse d’Avignon, Estelle Clareton a amorcé sa carrière québécoise dans les compagnies O Vertigo, Flak et Jean-Pierre Perreault. Elle a créé ses premières œuvres chorégraphiques au milieu des années 1990 et, en 1999, fondait « Création Caféine », devenu depuis Créations Estelle Clareton. Depuis, au moins 12 projets de création ont vu le jour. Des tournées internationales et des activités de développement de public ont également fait partie des activités de la compagnie.

Ses créations ont toujours eu un aspect théâtral important et la plupart de ses œuvres sont reliées à un corpus désigné sous le thème de FURIES, qui regroupera 24 propositions artistiques suivant l’alphabet grec. Cet ensemble comprend déjà neuf œuvres créées, dont deux chorégraphies au répertoire de Montréal Danse : Alpha 1/24 (2005), S’envoler (FURIES, Epsilon 5/23). Elle comprend aussi le spectacle S’amouracher (2014), dansé par Brice Noeser et Esther Rousseau-Morin.

Concernant Tendre, la chorégraphe déclare, sur son site web : «Pour moi, ça parle du lien entre les gens, de l’importance d’être lié les uns aux autres, des difficultés que cela implique mais aussi de la liberté que l’on peut éprouver si le lien est bien utilisé.»

 

Les interprètes

Suite à la formation professionnelle à L’École de danse de Québec, BRICE NOESER œuvre comme interprète et chorégraphe depuis 2006. Il a présenté ses créations localement (La Rotonde, La petite scène, Correspondances, …) et a été interprète pour les chorégraphes de Québec Karine Ledoyen, Alan Lake et Harold Rhéaume. Il a aussi joué au théâtre sous la direction de Gil Champagne. Il a aussi dansé pour les chorégraphes montréalais Emmanuel Jouthe, Danièle Desnoyers, Catherine Tardif et Estelle Clareton (S’envoler, S’amouracher, puis Étude sur l’amour)

En tant que chorégraphe, il a récemment créé et été interprète dans Ruminant ruminant, un duo très apprécié,  présenté par la Rotonde en 2015,  et qui a ensuite été présenté en tournée (jusqu’au Mexique) depuis 2014. Une description détaillée de ses nombreux projets de recherche chorégraphiques est présentée sur son site web.  »Sa danse est absurde, théâtrale, et son langage chorégraphique ne ressemble à celui de personne. Brice Noeser est l’un des artistes les plus rafraîchissants de la scène contemporaine, un électron libre captivant. » Catherine Genest, Voir, 2016

 

 

Diplômée de LADMMI en 2003,  AUDRÉE JUTEAU est une danseuse et chorégraphe installée à Montréal. Elle a dansé pour de nombreux chorégraphes de la nouvelle génération ainsi que pour la compagnie Bouge de là d’Hélène Langevin et la fondation Jean-Pierre Perreault en plus de participer au projet universitaire Abécédaire du corps dansant d’Andrée Martin.  Ses propres chorégraphies sont souvent basées sur des thèmes tels que la présence et l’affect, les sensations et l’intuition. Lors de ses études de maîtrise en danse de l’UQAM (obtenue en 2015) elle a présenté le spectacle Poisson, – un regard sur l’intimité abstraite et dialogue spontané avec un chien, une chorégraphie inspirée de l’imprévisible et de l’état de présence spontané et non-performatif du chien.

Dans la chorégraphie Les Strange strangers, elle s’intéresse, telle une Alice au pays des merveilles, aux objets (habités d’une âme ! ) occupent la scène. Une performance qui invite « à renverser notre rapport sensible à l’environnement et à sentir la matière s’animer autour de nous. » Source : Québec danse.

Tendre2 Photo Stephan Najman

Les collaborateurs

Les interprètes co-créateurs ont été Brice Noeser et Katia Petrowick.

Les conceptions lumières sont d’Éric Champoux.

Les conceptions musicales sont d’Éric Forget.

Les répétitions sont sous la direction d’Annie Gagnon.

La scénographie, les accessoires et les costumes sont d’Annie Gélinas.

 

Les critiques

« C’est avec une grande poésie que Clareton évoque l’étendue de l’imagination enfantine, bonifiée par la musique d’Éric Forget, qui allie le classique, le traditionnel et le populaire. Les danseurs Brice Noeser et Katia Petrowick emploient une gestuelle désarticulée et une expressivité exagérée qui les rapproche des poupées. Ainsi, leur solide bagage chorégraphique transparaît autant que leur sensibilité artistique. » ̶ Sara Thibault, MonThéâtre.qc.ca

À la croisée de la danse, du théâtre et de l’art clownesque, Tendre rend compte avec humour de la relation entre deux enfants un peu maladroits qui cherchent d’abord à se libérer de la contrainte de l’élastique qui les attache, pour ensuite en exploiter toutes les possibilités. Leurs acrobaties les mènent la plupart du temps à s’emmêler encore plus, ce qui finit par les amuser. MONTHEATRE.QC.CA Montréal 6 novembre 2015 Sara Thibault

« La proposition est très simple, et l’intrigue bien adaptée à son public cible : deux inconnus ayant des personnalités diamétralement opposées sont obligés de se côtoyer, et s’apprivoisent graduellement. Une histoire d’amitié ou d’amour ou les deux. La rencontre de l’autre est sans aucun doute un thème fondamental du processus de socialisation des enfants. » Marie-Chantal Scholl pour Dfdanse.

 

 

Les liens externes

Pour plus de détails sur le Théâtre jeunesse Les Gros Becs, c’est ici.

Pour voir un extrait de Tendre, c’est ici.

Pour plus de détails sur Tendre, c’est ici.

Pour plus de détails sur Estelle Clareton, c’est ici et ici.

Pour plus de détails sur Brice Noeser, c’est ici et ici.

Pour plus de détails sur Audrée Juteau, c’est ici et ici.

L’intégrale du spectacle précédent de Création Estelle Clareton S’AMOURACHER (2014) avec Brice Noeser et Esther Rousseau-Morin  est ici.

Pour plus de détails sur Katia Petrowick (interprète à la création de Tendre), c’est ici et ici.

 

 

 

Chroniques du regard 2017-18  No 9 – P.ARTITION B.LANCHE

Partition Blanche 2 - Photo Le fils d_Adrien danse

 

Le chorégraphe Harold Rhéaume, de la compagnie Le fils d’Adrien Danse, présente au Théâtre La Bordée sa plus récente création pour six danseurs intitulée P.artition B.lanche. Trois hommes et trois femmes, tous danseurs professionnels faisant carrière à partir de la ville de Québec évoluent pendant près d’une heure autour d’un duo de base, devenu objet d’une série d’expérimentations et d’évolutions. En résulte un spectacle intégrant différentes parties de longueurs et de distributions variables : selon les sections, on retrouve de une à six personnes en action sur scène. Cette chorégraphie marque une évolution dans la méthode de création de Rhéaume qui a intégré, à même son processus, de nombreuses rencontres et plusieurs occasions de dialogue avec le public.

 

«P.ARTITION B.LANCHE» c’est pour vous si vous aimez les danses qui mettent de l’avant l’humanité des danseurs.

 

« P.ARTITION B.LANCHE» c’est pour vous si vous voulez suivre l’évolution d’artistes de la danse locaux.

 

Le spectacle

P.ARTITION B.LANCHE est le fruit d’une longue expérimentation, débutée en 2015, dont la majeure partie s’est effectuée devant public lors de nombreuses résidences de création. Ce qui tranche avec ce qu’on associe habituellement à la plupart des compositions chorégraphiques en danse contemporaine, c’est-à-dire un calme relatif dans un studio de répétition. Ce procédé de travail, utilisé par un chorégraphe habitué à la médiation culturelle, a été poussé un cran plus loin en mettant au cœur du processus les réactions, interventions et questionnements du public qui assistait à la mise au monde de la production dansée.

 

Tout au long du travail de recherche et de création, la plupart du temps sur scène devant public, les six interprètes de la chorégraphie se sont prêtés au jeu avec grâce et abandon, acceptant de se livrer sans pudeur dans des moments parfois fragiles qui sont habituellement vécus dans l’intimité du studio.

 

Le produit final présenté en spectacle est donc l’assemblage de phrases chorégraphiques travaillées à partir d’une base simple : un duo (rôle A et rôle B) possédant une certaine neutralité. Ces phrases chorégraphiques ont ensuite été remodelées de multiples façons suite aux apprentissages, expérimentations et improvisations des interprètes. Ces étapes étant parfois expliquées en direct au public afin d’éclairer le processus, parfois observées par le chorégraphe assis parmi le public, cherchant à saisir le pouls de la création en changeant son regard et son point de vue.

 

Les danses créées sont tributaires des échanges et des interactions entre les interprètes. Un changement de partenaire, un mouvement ou une action faite différemment par l’autre inspirera l’interprète à changer plus ou moins la réponse, créant ainsi une nouvelle option, une nouvelle variation, qui sera retenue, ou pas, par le chorégraphe. Le travail se fait en collectivité, de manière  intuitive. « Chacun est invité à prendre des risques, à composer avec des forces et des rythmes qui chamboulent l’organisation spatiale des corps en mouvement, où chacun a le pouvoir de transformer les formes. »  Source : Site web de F.A.D.

 

L’accent du spectacle est mis sur le mouvement et sur les relations entre les danseurs. Dans une mise en scène minimale, les six interprètes sont investis dans une danse sensible, marquée par les différents lieux de travail et les réactions immédiates du public ayant suivi la création tout au long de son parcours. Il est à noter qu’à travers cette série de résidences, près de 2000 personnes, rencontrées à travers la province, ont été sensibilisées à l’acte de créer et d’interpréter la danse. La série de résidences a été amorcée en 2015 dans le cadre de l’exposition Corps Rebelles présentée au Musée de la Civilisation. La compagnie a ensuite été en travail devant (et avec) public à Victoriaville, à Sherbrooke, au Théâtre du Bic, dans les centres culturels de Notre-Dame-Des-Prairies et de Notre-Dame-de-Grâce ainsi qu’au Musée National des Beaux-Arts de Québec.

Partition Blanche 4 - Photo Le fils d_Adrien danse

Le chorégraphe 

Harold Rhéaume est une force vive du milieu artistique de Québec. Diplômé en danse de l’École de danse de Québec, il a fait ses débuts professionnels en 1989 à Ottawa (Groupe de la Place Royale pendant 5 ans). Il y a commencé la construction d’une œuvre prolifique, accessible et authentique. Sa danse est concrète, expressive et d’une grande sensibilité. Elle a été appréciée à travers le Québec et le Canada, en France, en Belgique, en Écosse et aux États-Unis.

 

Après son passage à Ottawa et quelques années vécues à Montréal, il revient à Québec en 2000 pour y fonder Le fils d’Adrien danse (F.A.D.), compagnie résidente de La Rotonde, Centre chorégraphique contemporain de Québec. Le F.A.D. développe simultanément trois créneaux de spectacles de danse : spectacle jeunesse, spectacle grand public et œuvres In situ.

 

Au cours sa carrière, le chorégraphe a reçu le prix Jacqueline Lemieux du Conseil des Arts du Canada en 1996, deux nominations aux Masques (prix du théâtre) en 2003 et 2007 et le prix du Développement Culturel du Conseil de la Culture de la Ville de Québec en 2008. Polyvalent et impliqué, il est aussi enseignant, animateur, conférencier et conseiller artistique. Au cours de sa carrière, il a produit des chorégraphies pour le théâtre, l’opéra, le cirque et le cinéma. Il a aussi été président du Regroupement québécois de danse (RQD) de 2014 à 2017.

Partition Blanche 3 - Photo Le fils d_Adrien danse

Les interprètes de P.artition B.lanche sont tous et toutes des artistes très actifs sur les scènes de Québec. Lorsqu’ils n’y sont pas comme interprètes, on les retrouve dans des rôles divers de chorégraphes, directeurs artistiques ou gestionnaires. Les danseurs sont  Jean-François Duke, Alan Lake, Fabien Piché, Eve Rousseau Cyr, Ariane Voineau et Arielle Warnke St-Pierre.

 

Lors de la création, les six danseurs ont d’abord appris le duo de base et chacun d’entre eux a été, dès le début, en mesure de danser le rôle A et le rôle B. Durant la représentation, les danseurs peuvent changer de rôle, mais toujours en gardant la même chronologie de mouvements. « Les interprètes ne dansent jamais avec les mêmes partenaires, car ils ne savent jamais d’avance qui va jouer quel rôle. Ça me permet des possibilités de combinaisons infinies », explique le chorégraphe lors d’une entrevue avec Ann-Marie Roberge du journal La Tribune.

 

Une description du travail en résidence éclaire le travail et les responsabilités des interprètes: « Lors des résidences, Harold (crée) en direct deux « partitions blanches », la #A et la #B. Une fois les partitions transmises, de façon improvisée, les couples se formeront. Les spectateurs pourront ainsi voir la façon dont le chorégraphe crée la gestuelle, la transmet aux interprètes et, ensuite la met en scène. Ce sera aussi l’occasion pour le visiteur de comprendre la réalité de l’interprète et son implication dans la création de la danse. L’interprète en danse est un créateur à part entière. » Source : le-girafe.e-monsite.com.

 

 

Les collaborateurs

La musique originale est de Vincent Roy, comédien et compositeur.

Les éclairages sont de Sébastien Dionne et les éclairages de Lucie Bazzo.

 

Les liens externes

– Le site internet de la compagnie Le Fils d’Adrien danse est ici.

– La page Facebook du F.A.D. est ici.

– Les informations détaillées sur P.artition B.lanche sont ici.

– Un reportage vidéo sur le début du projet P.artition B.lanche (Exposition Corps rebelles, 2015) est ici.

– Des images de la résidence de création P.artition B.lanche au MNBAQ (2017) sont ici.

– Des images vidéo d’une autre série de résidences de recherche et création (2016) menée par Harold Rhéaume avec certains danseurs de P.artition B.lanche ainsi que d’autres participants. Certaines de ces recherches ont nourri le processus de création de P.artition B.lanche : Semaine2-Jour3, 05/02 ; Semaine3-Jour2, 17/02  ; Semaine3-Jour3, 18/02  ; Semaine5-Jour3, 10/03  et, finalement, Semaine12-Jour3, 25/05.

Chroniques du regard 2017-18  No 8 – CON GRAZIA – 14 lieux et Lorganisme

Les artistes montréalais Martin Messier et Anne Thériault ont cocréé le spectacle Con grazia. Alliant performance, installation sonore et présence robotique, cette œuvre scénique hybride est une occasion en or pour le spectateur avide de nouvelles expériences. Présenté à Méduse dans le cadre du Mois Multi, Con grazia est un concert électroacoustique qui mise sur la musicalité pouvant être produite par la transformation ou la destruction (parfois violente) d’objets usuels.

Con Grazia 9 - crédit photo Martin Messier

Crédit : Martin Messier

 

« CON GRAZIA» c’est pour vous si vous voulez faire une expérience théâtrale et performative, sonore et musicale.

 « CON GRAZIA» c’est pour vous si vous aimez l’inventivité et l’originalité.

 « CON GRAZIA» c’est pour vous si vous voulez vous connecter à certains de vos instincts et désirs primaires (tout en restant porté par une idée de grâce).

 

Le spectacle :

Voyageant de façon poreuse entre plusieurs formes d’art, le spectacle Con grazia, allie ambiances sonores et musicales avec le mouvement, la performance et le cinéma. D’une part, les actions réelles effectuées par les artistes sur scène ont un effet sur les sons et, d’autre part, les sons réels, bruts ou modifiés synthétiquement ont une influence sur les actions portées sur scène. L’ambiance est à la destruction, mais ici, tout est effectué avec grâce (con grazia). Les accessoires scéniques sont frappés, voire détruits mais la retenue est aussi de mise.

 

Dans ce spectacle de près d’une heure présenté en cinq sections, on assiste à beaucoup plus qu’une simple session de défoulement et d’acting-out délinquant. « We are not two completely violent people on stage breaking everything up — we don’t give out that energy. We decided to stay with something  more soft, energy-wise. A lot of people would love to let themselves go but we do not allow ourselves to do so — we decided to keep it in… … the idea that destruction, even if it is seen as violent, it does not necessarily mean that it is something ugly. Destruction can be done with grace. » Source: James Oscar

 

Les tâches de démolition sont effectuées selon une partition précise, alliant bruits, musique et  manipulation des objets. Les éclairages sont savamment intégrés au processus afin de magnifier, parfois dans un jeu d’ombres, les interactions entre les humains et les objets. L’intégration du cinéma est faite dans une scène où, sur une musique d’Arvo Pärt , une tomate martyrisée devient projection en gros plan de son calvaire, changeant tout à fait la perception que peut avoir le public de l’action brute. « Filmée en gros plan et projetée en direct, la scène de supplice, lente voire sensuelle, acquiert une dimension quasi mystique. La captation vidéo déplace l’action de théâtre vers les arts visuels. Elle la sublime en un tableau mouvant, presque néo-classique, aux touches rouge vif, produites par la tomate écrasée. L’analogie avec le corps humain est consommée. » Source : Mélanie Carpentier 

 

L’espace scénique est aussi habité par quelques structures automatisées qui semblent parfois prendre vie et participer activement au rituel. Celles-ci peuvent foudroyer l’espace et le faire trembler, jusqu’à menacer de destruction imminente un service de vaisselle de porcelaine, que certains aimeraient peut-être voir éclater en mille morceaux.

 

Con Grazia 7 - crédit photo Martin Messier

 

Crédit : Martin Messier

Les créateurs :

Martin Messier  fonde la compagnie 14 lieux en 2010. Compositeur et « expérimenteur » inclassable qui se spécialise dans la mise en scène d’œuvres sonores, il a exploré la musicalité de plusieurs objets quotidiens lors de spectacles précédents. Qu’ils soient machines à coudre Singer (Sewing Machine Orchestra, 2010) ou projecteurs 8 mm (Projectors, 2014), ces objets sonores sont manipulés afin d’en extraire la musique. Il déclare : «En créant 14 lieux, j’ai fait le pari que l’on peut écouter les œuvres que l’on voit, ou regarder les sons que l’on entend. Le son peut être bien plus qu’un support à la mise en scène : il peut être lui-même mis en scène. Aujourd’hui, je vois dans l’exploration du corps et de la matière une source d’inspiration stimulante et innovante. » Parmi ses collaborations avec des chorégraphes, notons Derrière le rideau, il fait peut-être nuit (2011) créée avec Anne Thériault ainsi que Hit and Fall (2011) et Soak (2012) avec Caroline Laurin-Beaucage.

 

Les œuvres de Martin Messier ont été présentées dans une vingtaine de pays et, au cours de sa carrière, Messier a déjà reçu de nombreux prix et distinctions pour ses spectacles scéniques, disques, performances ou installations musicales ainsi que pour un court-métrage. Il est aussi récipiendaire d’un prix reconnaissance remis à un artiste à mi-carrière par le Conseil des Arts du Canada.

 

 

Con Grazia 6 - crédit photo Martin MessierCrédit : Martin Messier

Anne Thériault, membre de la compagnie Loganisme depuis 2010, est interprète et chorégraphe. Formée à l’UQAM et à l’École de danse contemporaine de Montréal, Anne Thériault a dansé pour de nombreux chorégraphes québécois dont Frédéric Gravel, Danièle Desnoyers, Emmanuel Jouthe, Benoît Lachambre et Dave St-Pierre ainsi que pour la metteure en scène Marie Brassard dans La fureur de ce que je pense (2013).

 

Elle crée ses propres chorégraphies depuis 2004 et participe à de nombreux projets de collaborations artistiques, notamment avec les membres du collectif La 2e Porte à gauche ou dans le cadre des Cabaret Gravel (éditions 2011 et 2015).

 

Les collaborateurs :

Les lumières sont de Martin Messier, Anne Thériault et de Jean-François Piché. La conception visuelle est de Thomas Payette. La robotique est de Louis Tschreiber. Le spectacle a été créé sous le regard de Patrick Lamothe et en coproduction avec le Festival TransAmériques. Les résidences de création ont eu lieu à  Circuit-Est, Centre chorégraphique et au Théâtre Hector-Charland.

Con Grazia 4 - crédit photo Martin Messier

Crédit : Martin Messier

 

Les critiques :

« Martin Messier et Anne Thériault libèrent cet exquis et primitif appétit de destruction au moyen d’une orchestration scénique audacieuse et d’une électroacoustique au diapason. En émerge une œuvre complète où arts visuels, son, lumière et mouvement s’harmonisent comme on le voit rarement sur scène ».   Source : Mélanie Carpentier,

« Ces apparitions brouillent les étiquettes de l’intervention scénique. En confondant le spectateur sur ce qui est à l’origine du son ou de l’action, l’objet ou celui qui l’active, le concepteur ou celui qui l’opère, ses œuvres semblent chaque fois enrichir les termes de « mise en scène » et de « performance » d’un sens premier, concret. »  Source :  Marion Gerbier 

 

«… Con grazia n’est pas un défouloir mais une symphonie visuelle et sophistiquée de musique concrète. Indissociable de la performance chorégraphique et de l’installation, elle se veut une œuvre d’art transversale voire totale…  …Con grazia compose une ode transversale à l’électronique dont elle explore les potentialités créatives (à l’aube de son obsolescence). Mis en circuit comme sujets, instruments et interprètes, les objets sacrifiés deviennent le terreau d’une nouvelle domination où l’humain n’a plus sa place : la machine poursuit désormais seule l’exploitation de ses « semblables ».  Source :  Orianne Hidalgo-Laurier

« Con grazia mérite grandement d’être vu, parce que si difficile à décrire, d’où toute son originalité. Il s’agit d’un spectacle que l’on ressent, au plus profond de nous-mêmes, beaucoup plus que l’on observe et qu’on comprend. » Source : Gabrielle Brassard

« Le jeune artiste montréalais est devenu l’une des références lorsqu’il s’agit de mettre en scène des oeuvres sonores. »  Source :  Adrien Cornelissen