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Chroniques du regard 2016-2017 – This Duet That We’ve Already Done (so many times) – Frédérick Gravel

Après avoir présenté la chorégraphie de groupe Usually Beauty Fails au Grand théâtre de Québec lors de la saison 2014-2015, Frédérick Gravel revient cette fois avec un duo dont il est l’un des interprètes (avec Ellen Furey). Présenté à la Salle Multi de Méduse et d’une durée de 70 minutes, ce spectacle se joue des normes et conventions habituelles des spectacles de danse contemporaine. Par leurs apparences désinvoltes et leurs présences sur scène d’un naturel troublant, les danseurs surprennent et déstabilisent le spectateur.

Photo: Claudia Chan Tak

Photo: Claudia Chan Tak

This Duet That We’ve Already Done (so many times) c’est pour vous si vous aimez les spectacles performatifs.

This Duet That We’ve Already Done (so many times) c’est pour vous si vous êtes intéressé aux multiples façons d’aborder les relations de couple.

This Duet That We’ve Already Done (so many times) c’est pour vous si vous voulez continuer à suivre l’évolution artistique d’un chorégraphe québécois, figure de proue de la nouvelle génération de ceux qui tournent, ici comme en Europe.

Le spectacle

Créé en 2015 avec Brianna Lombardo, première interprète du duo et collaboratrice assidue du Grouped’ArtGravelArtGroup, le duo présenté à Québec sera interprété par Frédérick Gravel et Ellen Furey.

Dans un espace scénique presque nu : un homme et une femme. Au début, les deux interprètes bougent en alternance. Les gestes sont simples et précis mais dans une danse sans esthétisation ni cérémonial et qui peut sembler indolente ou faite par des danseurs indifférents au public. Ils sont à la recherche d’états et de sensations. Ils testent leur équilibre. Leurs mouvements sont parfois explosifs mais généralement assez lents. Les interprètes resteront très « ordinaires » dans leurs présences, s’observant, se rapprochant parfois, s’immobilisant pendant que l’autre s’exécute. Lorsqu’une des personnes est à l’avant-plan, l’autre s’efface. Qu’elle soit debout dans l’espace ou assise en fond de scène, la personne en retrait laisse toute la place. Au début, ils s’observent et réagissent à l’autre mais gardent leurs distances. La rencontre (le « duet » en question) attendra un bon moment.

L’accompagnement sonore, défini par Stéphane Boucher et Frédérick Gravel (avec des musiques originales composées par Stéphane Boucher) est très efficace et varié. Il rappelle certaines chansons pop des années 1960, certaines musiques de film ou certains airs ethniques et folkloriques. Il rappelle aussi certains courants psychédéliques ou de musique expérimentale. La danse de Gravel est la plus rattachée à l’accompagnement musical et on reconnait certaines influences (moonwalk, flamenco, etc…) tout à fait personnalisées dans ce grand corps qui semble toujours un peu maladroit malgré sa grande présence.

Tout au long du spectacle, les actions d’une personne, même si effectuées en solo, découlent directement des actions précédentes de l’autre interprète. Actions que cette personne a observées parfois attentivement, parfois du coin de l’œil. « Dans cette pièce, Frédérick Gravel se détache de l’écriture chorégraphique figée. Il met en place une structure temporelle malléable dans laquelle s’installe une succession d’improvisations. Les interprètes créent une trame narrative à leur insu, en passant d’une situation à une autre. « Mais le chemin entre et à travers ces situations n’est jamais exactement le même ». En évoluant dans cette structure chorégraphique modulable, les interprètes composent sur scène avec une part d’inconnuJe veux voir (le danseur) travailler, chercher, s’interrompre, faire un choix. Je veux le voir se demander quelles sont ses possibilités ». Source: M. Boisliveau, dfdanse.com

À travers les actions et les interactions des interprètes, les gestes de reconnaissance sociale sont mis à l’épreuve. Dans la première partie du spectacle, chacun semble peu touché par la présence de l’autre, même si chacun reste toujours à l’affût de ce que l’autre personne fait. Chacun son tour, ils s’arrêtent un moment pour prendre une pause et observer l’autre, changer de chaussures ou même prendre un verre d’eau ou d’alcool.

Dans cette partie, la relation n’est pas construite sur l’émotion. Par exemple, à un moment donné, ils se rejoignent dans l’espace. Sans affects, il défait ses cheveux et, stoïque, elle se laisse manipuler. Ou alors les deux se déplacent l’un l’autre dans l’espace avec plus d’agressivité, à partir de l’action de tirer les cheveux de l’autre, mais sans laisser transparaître l’impact psychologique d’une telle action. Toujours sans démontrer beaucoup d’affects, ils se placeront face à face et exposeront leurs torses, feront des jeux d’abdominaux et se frapperont ou se pinceront mutuellement. Dans un autre contexte, les gestes et positions pourraient avoir une signification claire et précise mais ici, ils gardent une multitude de significations possibles. Quel est ce poing qu’il forme et cache derrière son dos? Et cette main « en faune » entre elle et lui? « Ils cultivent le double sens du bout de leurs doigts, index et majeur rassemblés, à la fois pistolets ou gracieuse figure d’icône. Leurs poings, comme des sabots ou des cornes les rendent parfois faunes ou centaures, puis les mains deviennent plates et les bustes se tournent de profil. On entrevoit une référence au faune de Nijinsky … juste en passant, avec légèreté. » Source: M. Zurfluh, dansercanalhistorique.fr

Dans un changement drastique d’éclairage et grâce à la magie de l’accompagnement sonore, l’ambiance prend un virage serré pour la seconde partie du spectacle, qui commence par présenter les interprètes à contre-jour. Dans ce duo, une grande complicité physique s’installe entre eux  et, à ce moment, ils sont mûrs pour s’abandonner dans une relation plus humaine et habitée de désirs : « … cette scène magnifique où torses nus, ils entrent tous deux dans une danse de chair. Leurs ventres, leurs poitrines, leurs poils, leurs peaux deviennent des éléments de contact, d’appréhension, d’empathie ou non de l’autre. Entre danse et combat, les corps virevoltent, se collent, s’épuisent. Jusqu’au bout de chaque chemin, ils cherchent ce qu’ils connaissent pour tendre vers ce qu’ils ne connaissent pas. Source: F. Brancourt, theArtChemist.com.

Photo: Claudia Chan Tak

Photo: Claudia Chan Tak

Ce duo, qui est le cœur du sujet, découle en fait du désir du chorégraphe d’aller plus loin dans l’exploration d’une des parties du spectacle Usually Beauty Fails. « Les désirs, les frustrations, les potentiels inexploités qui naissent d’une œuvre sont les prémices des projets à venir (…). L’idée de ce duo lui vient donc d’une de ses anciennes pièces, Usually Beauty Fails, créée en 2012. Il y avait chorégraphié plusieurs duos, dont un, où il dansait déjà avec Brianna Lombardo. (…) « Avec ces formes courtes de duos, c’est comme si je n’allais pas au bout. Je me rendais compte de tout ce que j’aurais pu faire simplement en laissant ces relations évoluer ». Il reprend alors son duo avec Brianna Lombardo pour en faire une pièce à part entière : This duet that we’ve already done (many times). M. Boisliveau, dfdanse.com

Ce duo en est un de fusion, le contact est fait de bassin à bassin, les mouvements ne sont possibles que si effectués en partenariat : « En corps à corps, les bassins agrippés l’un à l’autre, ils tanguent doucement, longtemps, sensuels mais toujours en tension, avant de se séparer et de retourner, seuls, à leur point de départ. » Iris Gagnon-Paradis, lapresse.ca

Le spectacle se termine un peu comme il commence, avec deux solos plutôt qu’un duo. Même s’il y a retour vers un contact physique où l’un peut se retrouver imbriqué dans le corps de l’autre, l’engagement du premier n’y est plus. Le second traitant plutôt le partenaire comme un socle sur lequel il peut s’installer ou auprès duquel il peut se (re)poser. Peut-être pour intégrer ce que ce duo peut signifier pour lui ou elle; ce qu’il contient de nouveau ou de répétition, ce qui a déjà été expérimenté plusieurs fois, « so many times », dans les relations précédentes. Comme le disait Gravel : « … les impressions de déjà vu s’expriment aussi dans les relations humaines et surtout dans les relations amoureuses. Lorsqu’on s’engage avec une nouvelle personne, « c’est comme si on avait déjà vécu des moments, comme si la même chose se reproduisait avec quelqu’un d’autre. » M. Boisliveau, dfdanse.com

Frédérick Gravel se définit lui-même comme un chercheur pluridisciplinaire intéressé à la société contemporaine et à l’environnement social. Il est d’ailleurs l’auteur d’un mémoire de maîtrise (UQAM, 2009) sur la place de l’artiste dans la société. Le groupe de travail et de recherche qu’il a formé, Grouped’ArtGravelArtGroup, est de formation variable selon les productions en cours. Les œuvres du groupe traitent avec réalisme de thèmes chers aux personnes de sa génération et chaque spectacle présenté est considéré comme une continuité de l’exploration du sujet traité plutôt que comme une fin en soi.

Il est un des membres fondateurs de la plateforme de création chorégraphique La 2e Porte à Gauche (L2PAG) et membre du Centre chorégraphique montréalais Circuit-est. Il est aussi membre du conseil d’administration des Prix de la danse de Montréal.

Diffusion 2016-2017 : en plus de promener This Duet We’ve Already Done (so many times) (2015), différentes œuvres récentes du collectif Grouped’ArtGravelArtGroup dont Tout se pète la gueule, chérie (2010),  Ainsi parlait… (2013) et Logique du pire (2016), ont été diffusées à Vancouver, Montréal et Ottawa, mais aussi en Norvège, en Bulgarie et en Belgique.

Les critiques de « This Duet We’ve Already Done (so many times) »

« Gravel réussit le pari d’un vrai duo, loin des clichés, des niaiseries et des platitudes. Une fois encore, il traverse et déjoue les codes pour inventer un couple formidable, une histoire à deux où le narratif et l’instinctif se répondent à part égale. » M. Zurfluh, dansercanalhistorique.fr

« Sans le moindre dialogue, on entrevoit à travers ce théâtre dansé les relations complexes d’attirance et de répulsion qui unissent souvent deux personnes. » M. Baffet, maculture.fr

« Une forme de démesure à la manière des tragédies grecques permettant d’atteindre l’universalité. C’est parce qu’ils s’engagent sans retenue, avec instinct, que nous sommes émus, et parfois perturbés dans notre relatif confort. Frédérick Gravel avec This duet that we’ve already done (so many times), prouve encore s’il était nécessaire de le démontrer, sa formidable singularité. Déconstruisant les codes de la danse. Mettant en corps accidents et maladresses, il donne à la danse une intensité narrative tout à fait originale. » F. Brancourt, theArtChemist.com.

Liens externes

Pour plus de détails concernant le collectif Grouped’ArtGravelArtGroup : le collectif est présent sur Facebook.

Des images des spectacles précédents sont accessibles sur Vimeo et Youtube.

Entendues dans le spectacle, la chanson Run from me est de Timber Timbre. Les œuvres musicales Hotel Kiss  et Hotel Blues Returns sont de Last Ex.

Deux créations précédentes du Grouped’ArtGravelArtGroup: Ainsi parlait… (2013) et Logique du pire (2016) résultent d’une collaboration avec l’auteur Étienne Lepage.

Frédérick Gravel bénéficie du soutien de la compagnie Daniel Léveillé Danse dans le cadre de son programme de parrainage d’aide à la production et à la diffusion.

 

Chroniques du regard 2016-2017 – Glory – Shay Kuebler Radical System Art

Le danseur et chorégraphe Shay Kubler, que l’on a vu danser récemment dans Monumental au Grand Théâtre et dans la programmation de La petite scène au Cercle, présente sa deuxième chorégraphie de groupe intitulée Glory. Son équipe scénique est composée de six danseurs installés à Vancouver qui travaillent ensemble sous le vocable de Radical System Art. Le spectacle d’une heure sera présenté au Musée national des beaux-arts du Québec.GLORY c’est pour vous si vous aimez les danses urbaines et les danseurs athlétiques.

GLORY c’est pour vous si vous aimez l’esthétique courante et actuelle de la danse contemporaine.

GLORY c’est pour vous si vous voulez réfléchir sur l’omniprésence et la glorification de la violence dans la vie des jeunes, transmise par les images des jeux vidéo.

Comme plusieurs jeunes de sa génération, Shay Kuebler a grandi et toujours vécu dans un univers peuplé de jeux vidéo et d’œuvres de fiction habitées d’une certaine violence fictive. Dans son imaginaire d’enfant, il s’est souvent lui-même identifié aux héros des bandes dessinées et dessins animés qu’il fréquentait. Très tôt, il a toutefois réussi à canaliser cette énergie par une pratique assidue des arts martiaux et de la danse, jusqu’à en faire un métier.

Sa danse, ses chorégraphies et son enseignement de la danse sont très athlétiques et sans compromis face à la dépense d’énergie, à l’investissement physique et mental ainsi qu’à l’intégrité demandée aux danseurs. La pratique des arts martiaux (Kung Fu style Shaolin, Karaté style Shito-ryu, Capoeira, Tai chi et Qigong) est un élément clé de son entrainement ainsi que de celui de ses interprètes ou étudiants. Découlant de films d’actions, de dessins animés et de jeux vidéo, l’esthétique de combats simulés est ainsi retrouvée dans certaines sections du spectacle Glory.

L’élément de dépense physique extrême est aussi présent dans certaines portions du spectacle, autant dans les mouvements de groupe que par l’utilisation de harnais tels que ceux utilisés par les cascadeurs qui tournent des films d’action. Par les cordes rattachant deux ou plusieurs individus, ces liens physiques permettent à une personne d’avoir un impact direct sur une autre tout en étant éloigné d’elle. Dans la chorégraphie de Kuebler, ce type de liens implique et démontre une certaine violence relationnelle et un contrôle auquel la « victime » ne peut échapper.

Le chorégraphe utilise plusieurs images de ce type tout au long du spectacle, présentant différents types de violence ou de comportements impliquant la violence entre individus. Pour avoir présenté Glory à différents publics, Kuebler reconnait en entrevue que la réception de ces images diffère entre le jeune public et les adultes. Il constate que le public adolescent accepte de facto toute cette imagerie alors que le public adulte reste plus critique, voire un peu réticent face à la glorification de cet aspect de la réalité de la vie en société. Ce qui démontre bien, selon le chorégraphe et son hypothèse de départ, que la fréquentation de cette imagerie tend à désamorcer la violence par son omniprésence.

Les œuvres chorégraphiques de Shay Kuebler sont encore peu nombreuses mais ont toutes été reçues avec succès dans différentes villes à travers le pays (Glory et Telemetry, sa troisième chorégraphie de groupe, sont présentement en tournée canadienne). Avec ses collaborateurs de Radical System Art (RSA), il utilise régulièrement les réseaux sociaux afin de partager son processus de création à travers un VLOG qu’il nourrit assidûment lors de ses différentes sessions de travail. Ces vidéos reportages, souvent faits quotidiennement par les personnes impliquées dans le processus de création, sont la version vidéo des blogs retrouvés ailleurs. Quelques exemples des vlogs concernant différents projets chorégraphiques se retrouvent ici : RSA Push Off Festival, RSA Making Progress  ou RSA Fruits of Vernon.

Pour Kuebler, cette approche très actuelle et qui rejoint directement le public permet une entrée en matière du sujet de ses chorégraphies et un contact préliminaire entre lui et son public. À travers ce contact privilégié, utilisant des moyens modernes et préférés des jeunes, sa démarche de création devient ainsi de plus en plus accessible.

Critique de Glory

“ Clearly, these folks are preparing for physical extremes—but not just the athletic mix of martial-arts– and street-tinged contemporary dance Kuebler is known for… His new work, Glory, takes on the rising amount of violence in our world and media. When the rehearsal begins, it’s a vision of six bodies pushing in and exploding out, tackling and tangling…

 …athletic mix of martial-arts and street-tinged contemporary dance…” Source: Janet Smith, Georgia Straight

Liens externes

Pour d’autres œuvres du chorégraphe:

SHAY KUEBLER CHOREOGRAPHY DEMO REEL, 2013.

Feast on Famine trailer, 2015.

Pour suivre le chorégraphe sur son site web, sur Facebook et sur Twitter.

 

Chroniques du regard 2016-2017 – Corps Gravitaires par Geneviève Duong – Beauté Brute par Collectif La Tresse

Beauté Brute - collectif La Tresse - Photo: David WongBeauté Brute – collectif La Tresse – Photo: David Wong

Dans un souci de soutenir la relève chorégraphique en offrant aux jeunes artistes un cadre où ils peuvent présenter des œuvres courtes, La Rotonde offre ici un programme double très intéressant dans sa complémentarité. Deux chorégraphies d’environ 30 minutes composent ce programme conjoint. L’une provient de Québec, l’autre de Montréal. CORPS GRAVITAIRES, créé par Geneviève Duong (Québec) est un trio de femmes accompagné d’un musicien sur scène. L’autre chorégraphie, BEAUTÉ BRUTE, a été créée par le collectif montréalais La Tresse et met en scène les trois chorégraphes-interprètes du projet.

CORPS GRAVITAIRES + BEAUTÉ BRUTE, c’est pour vous si vous voulez découvrir de nouvelles écritures chorégraphiques très actuelles.

CORPS GRAVITAIRES + BEAUTÉ BRUTE, c’est pour vous si vous aimez les chorégraphies où le corps est mis en action avec précision et conviction, dansées par des interprètes virtuoses.

CORPS GRAVITAIRES + BEAUTÉ BRUTE, c’est pour vous si vous voulez être emportés dans des univers différents. Les deux sont envoûtants, tout en restant chacun dans sa spécificité.

Corps Gravitaires

Dès l’origine du monde (et on retourne ici au Big Bang), des lois physiques se sont mises à exister. Attractions, répulsions et combinaisons existaient au niveau atomique. Ces forces et mouvements existent encore aujourd’hui mais comment peuvent-ils être traduits à plus grande échelle ? Comment les traduire en mouvements dansés par des humains ? Comment les vagues d’influences passent-elles d’un corps à un autre ? Comment les échos sonores peuvent-ils influencer les amalgames possibles entre des éléments solides ? C’est à ces questions que se raccroche la chorégraphe Geneviève Duong dans CORPS GRAVITAIRES.

Corps Gravitaires Photo: Nicola-Frank Vachon

Corps Gravitaires Photo: Nicola-Frank Vachon

Dans une chorégraphie mettant en scène quatre interprètes, trois danseuses et un musicien, les mouvements sont influencés par l’identification et l’expérimentation des lois physiques influençant la matière et la circulation d’énergies. Les mouvements rapprochent les individus et permettent des échanges de poids et de sensibilités. Ils les séparent aussi, permettant des échanges de partenaires et du travail en solo. La musique ambiante, composée par Benoît Fortier et interprétée au violon par Inti Manzi, influence la chorégraphie tout en agissant comme agent de liaison entre les différentes personnes dans l’espace scénique.

Les images sur scène peuvent rappeler les mouvements reliant autant l’histoire micro que macroscopique, comme le raconte Hubert Reeves dans Chroniques des atomes et des galaxies, livre qui accompagne la chorégraphe depuis le début du travail sur cette chorégraphie, à travers ses deux autres incarnations pour 5 interprètes (version 10 minutes, présentée aux Chantiers du Carrefour International de Théâtre de Québec en 2014, et version 30 minutes présentée à Vue sur la relève à Montréal en 2015).

Les danseuses s’amalgament de différentes manières, retrouvant les « patterns » atomiques ou galactiques. Les rencontres se font corps à corps, sans se soucier de l’individualité de la partenaire. Parfois, elles sont « simplement là », en attente. Quand elles se rencontrent dans cet environnement en constante évolution, elles peuvent se retrouver en mouvements parallèles les unes par rapport aux autres, devenir l’ombre ou le miroir l’une de l’autre mais aussi, la plupart du temps, elles profitent des rencontres pour créer une entité débordante d’énergie traduite en portés et échanges de poids divers.

Les danseuses interprètes sont Amélie Gagnon, Odile-Amélie Peters et Lila-Mae Talbot.

Dans CORPS GRAVITAIRES, les trois danseuses interprètes sont des femmes mais leur féminité est accessoire. Elle n’est aucunement mise de l’avant. Les corps sont neutres, tels les électrons de l’origine du monde à la base de la recherche chorégraphique. Une recherche dont la richesse était reconnue dès la première présentation de la version courte, en 2014 : « Dépourvue d’émotions et pourtant riche en résonances intimes, cette chorégraphie signée Geneviève Duong donne plutôt à voir le ballet des cellules et le mouvement de la vie elle-même. La proposition est originale, fascinante et brillamment interprétée. Elle est également trop brève. Mais s’il s’agissait de jeter avec cette prestation les bases d’un spectacle à venir, l’équipe relève avec brio ce pari : lorsqu’on applaudit, ce ne sont pas seulement les mains qui s’agitent, c’est le corps tout entier qui se met à vibrer. » Source : Gabriel Marcoux-Chabot, Le Devoir.

Beauté Brute

Dans BEAUTÉ BRUTE, l’univers est différent et la féminité des interprètes est affirmée : « La féminité à travers sa complexité, le fantasme, le pouvoir et la fragilité, les rituels, les archétypes féminins traditionnels et actuels, sont au cœur de leur travail… Explorant le corps dans sa globalité, elles oscillent aux frontières des catégories : entre l’ordre et le chaos, l’humanité et l’animalité, la vie et la mort, la beauté et la laideur, le cru et le délicat. Sans relâche, elles engagent l’entièreté de leurs corps dans une gestuelle très détaillée. Ce sont trois mèches qui s’entrelacent, tressant un tout indéfinissable. » Source : Juliette Marzano.

BEAUTÉ BRUTE se déploie dans un univers indéfini, qui semble isolé dans un noir intersidéral. Les interprètes sont souvent enveloppées d’un faisceau lumineux très serré qui magnifie la présence de ces créatures intemporelles, puisant leurs sources jusque dans la mythologie gréco-romaine. Présentant des images évoquant la féminité et les archétypes associés, elles passent des « trois grâces » de Botticelli aux autres expressions de la solidarité féminine en laissant découvrir tout un spectre de possibilités, menant à une recherche complexe et très actuelle de définition de la présence et du rôle de la femme dans la société. La quête passe par le rituel et le mystique. Elle passe aussi par l’expression du désir et du besoin de solidarité.

Beauté Brute - Photo: Valérie Boulet

Beauté Brute – Photo: Valérie Boulet

Les gestes sont constamment en métamorphose, liés aux différentes utilisations sonores et musicales qui supportent la chorégraphie. On retrouve dans cette attitude une recherche qui passe du désir de se conformer à une esthétique au désir de s’en émanciper, pour trouver sa propre voie. Elles ne sont que trois mais on reconnait parfois dans ce mini-groupe une appartenance tribale et une force du collectif indéniable. Elles ne craignent pas de retrouver une animalité et une expression brute du désir et de la sexualité, retrouvée dans des ondulations très organiques. Les danseuses sont absolument engagées dans cette cérémonie et elles y impliquent tous leurs attributs, chevelure comprise. « …  cette pièce se présente davantage comme une interrogation sur les différentes formes qu’ont pu revêtir les attributs de la féminité d’hier à aujourd’hui, entre assujettissement, sexualisation et libération. » Source : Octave Broutard dans les Cahiers Philo du OFFTA 2016.

Le collectif La Tresse est composé de trois danseuses, interprètes et chorégraphes : Laura Toma, Geneviève Boulet et Erin O’Loughlin. Les trois artistes aux parcours différents se sont rencontrées à Tel-Aviv en 2012 avant de se retrouver à Montréal pour fonder leur collectif de création. Boulet et O’Loughlin participaient alors à un stage de Gaga avec la compagnie Batsheva et Toma y graduait du programme de formation comme professeure.

Chroniques du regard 2016-2017 – Vertical Influences – Le Patin Libre

Photo: Alicia Clarke

Photo: Alicia Clarke

Vertical Influences de la troupe montréalaise Le Patin Libre présenté deux soirs à l’Aréna des deux glaces (secteur Val-Bélair).

Créé en 2005 par une équipe de patineurs qui désiraient s’éloigner des clichés et préconceptions du patinage dit « artistique », la troupe Le Patin Libre est composée de membres de haut niveau athlétique. Dès la conception du groupe, ils souhaitent créer une forme plus contemporaine de l’art de la glisse que celle retrouvées dans les revues familiales du genre Disney on Ice, Holiday on Ice ou dans les danses de couple du genre Torville and Dean. En plus des autres spectacles de tournée créés depuis une dizaine d’années: Glide (2016), Patineurs anonymes (2012), Ceci est du patinage contemporain (2012), Confidences (2011), et Le patin libre sur roulettes, Le Patin Libre offre de nombreuses activités événementielles, d’animation et de médiation culturelle, qui peuvent être présentées autant sur des lacs gelés que sur des patinoires intérieures ou extérieures. Pour Alexandre Hamel, fondateur du Patin Libre, «Le patinage est une façon magique de faire bouger un corps humain – et on peut danser comme des fous sur la glace.» Source: Centre National des Arts.

VERTICAL INFLUENCES c’est pour vous si vous voulez découvrir une nouvelle manière d’aborder le patin et la glisse.

VERTICAL INFLUENCES c’est pour vous si vous aimez les spectacles dans des lieux inusités.

VERTICAL INFLUENCES c’est pour vous si vous voulez découvrir une troupe québécoise moins connue ici mais qui fait fureur en Europe.

Le spectacle

D’une durée de 75 minutes incluant un entracte, le spectacle Vertical Influences, créé en 2014, est présenté en deux parties bien distinctes.

Une première partie permet de redécouvrir l’art de la glisse, avec ses possibilités athlétiques de faire voyager, parfois à grande vitesse, une forme fixe. La chorégraphie s’inspire des danses de rue, avec ses recherches par rapport au groupe et à l’individualité.

Une seconde partie, plus immersive car les spectateurs sont placés directement sur la glace, présente une vision plus artistique de la glisse, avec des effets d’éclairage et des variations plus recherchées au niveau du mouvement.

Le spectacle a été coté en 2014 parmi les 10 événements de danse les plus marquants de l’année au Royaume-Uni et est récipiendaire du Total Theatre & The Place Award for Dance. Il est une  coproduction : Festival Dance Umbrella (Londres), Théâtre de la Ville (Paris), Centre national des Arts (Ottawa), avec un soutien à la recherche du Jerwood Project de Sadler’s Wells (Londres) et est coprésenté par La Rotonde et le Grand Théâtre de Québec .

Les artistes sont des patineurs de haut niveau : Samory Ba, Jasmin Boivin, Taylor Dilley, Alexandre Hamel, Pascale Jodoin. Actuellement en tournée, la troupe Le Patin Libre présentera Vertical Influences une quinzaine de fois, en passant du parc Lafontaine (Montréal) à Fredericton (Nouveau-Brunswick), avec un crochet par Martha’s Vineyard (USA) avant de compléter leur première tournée des patinoires extérieures du territoire montréalais et d’aller faire une série de représentations à Vancouver (Colombie-Britannique). Le spectacle a été présenté en France dans les hauts lieux de la danse contemporaine, dont le Théâtre de la Ville ou le festival Montpellier Danse et la troupe prévoit être en tournée en Australie et en Chine l’hiver prochain.

Les critiques

Selon le site de la compagnie, voici ce que les médias ont dit d’eux :

« One of Canada’s best kept secret » – BBC News, Royaume-Uni, 2013

« … fait éclater une discipline jusqu’ici boudée par l’art et signe sa renaissance» – Voir, Montréal, 2013

« Splendid ice-olation » – TimeOut London, Royaume-Uni, 2012

« Un véritable art de la scène » – Le Figaro, France, 2012

« La foule a eu raison de se presser… Du grand art.» – L’Yonne Rép., France, 2010

« Une petite révolution. » – La Presse, Canada, 2012

Et plus précisément concernant le spectacle Vertical Influences :

“Those patrons expecting a bombastic competitive skating display may be disappointed; those who turned their noses up at the idea of combining contemporary dance and street dance with ice skating may well be surprised by the artistry on show.”Jordan Beth Vincent, theage.com

“Perhaps this is the point: that beauty can exist in unlikely places and, when noticed, can transform everything. Even ice rinks.”  Paul Ransom, Dance Magazine.

“Then a moment of ravishing beauty as they glide past in unison like swans.” Liz Hoggard, EveningStandard.

Liens externes

Vous pouvez suivre la troupe sur Facebook , Twitter  ou explorer leur canal Youtube.

Chroniques du regard 2016-2017 – Mozongi par Zab Maboungou – Compagnie Danse Nyata Nyata

Photo: Kevin Calixte

Photo: Kevin Calixte

Mozongi créé par Zab Maboungou pour la compagnie montréalaise Nyata Nyata, est un spectacle dont la première mouture date de 1997. Repris en 2014 pour célébrer les 25 ans de la compagnie et ayant reçu le prix de la diversité culturelle aux 30e Prix du Conseil des arts de Montréal en 2015, Mozongi nous arrive dans une version d’environ 55 minutes, pour 5 danseurs et 2 percussionnistes.

Mozongi c’est pour vous si vous aimez les spectacles où ça bouge.

Mozongi c’est pour vous si vous aimez les spectacles qui retournent à l’essence du mouvement dansé.

Mozongi c’est pour vous si vous aimez les percussions « live ».

Le spectacle

À partir de mouvements et de rythmes africains remodelés par la chorégraphe dans une approche particulière qu’elle enseigne depuis plusieurs années, et qu’elle explique dans son livre Heya Danse! Historique, poétique et didactique de la danse africaine (2005), la chorégraphe Zab Maboungou, reconnue et récipiendaire de nombreux honneurs et prix, présente sur scène une expérience de connexion fondamentale et essentielle entre rythme, musique et danse. Dans le spectacle Mozongi, le dialogue y est évident dans les relations créées entre les musiciens et les danseurs, entre les danseurs et le rythme, entre la danse et la musique.

Tous ces éléments deviennent essentiels et fondateurs au spectacle. Dans une approche simple et assez rituelle, voire cérémonielle, aucun des éléments ne surpasse l’autre. Chacun d’eux répond aux autres de manière constructive tout en nourrissant la structure du spectacle. La construction, faite en douceur, suit une évolution constante tout au long de la représentation; les mouvements se complexifient et les organisations spatiales éclatent. Les danseurs travaillent le plus souvent en grands ou petits groupes et les quelques soli qui émergent ne sont que des contrepoints permettant d’éclairer l’ensemble.

L’accent de tous les participants est mis sur la présence et l’écoute. Le vocabulaire gestuel et rythmique est connu et intégré par tous et la structure même du spectacle est tissée par cette écoute et ce dialogue. Les tambours, en résonnant autant chez les danseurs et musiciens que chez les spectateurs, aident à sculpter l’espace et le temps tout en permettant de reconnecter avec certaines pulsions organiques et vitales, déjà présentes dans les cérémonies intemporelles venues d’Afrique. Toutefois, Zab Maboungou tient à préciser que le lien entre la musique percussive et le mouvement est plus qu’africain et folklorique. Comme c’est le cas ici, il peut découler d’une origine géographique précise mais, surtout, il est capable d’atteindre et de toucher le côté humain de chacun, peu importe son origine. « Il (le son du tambour) s’adresse directement aux tripes car ce sont les tripes qui animent l’esprit, une science ancestrale bien connue des cultures des Premières Nations, d’Asie ou d’Afrique.» Source: Nathalie de Han.

Sur la photo: Zab Maboungou - Photo: Kevin Calixte

Photo: Kevin Calixte

La chorégraphe

D’origine congolaise et française, née à Paris et ayant vécu sur trois continents, la chorégraphe Zab Maboungou vit à Montréal. Enthousiaste face à la vie, passionnée et grande voyageuse, elle travaille en recherche, en formation et en éducation, tout autant qu’en création et production. « Depuis longtemps, la chorégraphe mène un combat frontal pour, entre autres, libérer la danse africaine de « l’image du nègre dansant ». Tout son enseignement se fonde sur la pluralité des mouvements et des rythmes… Sa pédagogie s’appuie sur une technique pouvant être apprise par tous. Elle a d’ailleurs inventé le concept de lokéto, qui consiste, à travers la musique rythmique africaine, à « identifier les trajectoires du souffle » pour développer l’endurance et la présence du corps dans l’espace. » Source: Zora Aït el-Machkouri.

Cet intérêt pour le « souffle » était déjà décrit il y a plus de vingt ans par Solange Lévesque dans un article intitulé « Zab Maboungou: la méthode rythmique du souffle » (Jeu: revue de théâtre n° 72, 1994) « … si je parle de souffle plutôt que de respiration, c’est que le souffle est un concept plus large, plus global, qui inclut nombre de choses. Il enveloppe plus que la personne et que l’air qui passe en elle ; il englobe tout ce qui se passe autour de la personne ; ce n’est pas pour rien que le mot souffle revient si souvent dans la littérature: en plus d’être englobant, le souffle est fluide, il assure une continuité, un lien qui s’établit entre les choses du monde… Pour que mon corps puisse […] être dans ce souffle, il faut qu’il trouve un langage qui lui convienne, des moyens, des canaux par où il puisse passer, circuler dans ce souffle. »

Pionnière de la danse africaine au Canada, elle a aussi apporté sa contribution au développement de l’art de la danse en Afrique. Ses efforts, sa ténacité et sa résilience lui ont également permis d’être vue et entendue aux États-Unis, au Mexique, en Italie. Ils ont été reconnus par plusieurs prix et distinctions, dont des hommages du Ministère de la Culture du Cameroun (1999) et lors de la Conférence « AfriCan : The Business of Dance » (2003), lors des conférences annuelles de l’International Association of Blacks in Dance (1993 et 2011). Et plus récemment le prix Charles-Biddle (2013) et celui du Conseil des arts de Montréal (2015).

Photo: Kevin Calixte

Photo: Kevin Calixte

Les interprètes

Dans les chorégraphies créées par Zab Maboungou, les tambours ont un rôle fondamental et le rythme se retrouve incarné dans le corps des interprètes. Le rythme sculpte l’espace et le temps à travers le corps de ceux-ci, à travers leurs interactions et leurs utilisations de l’espace scénique.

Dans la version présentée ici, les interprètes possèdent des profils artistiques variés mais ont tous été entrainés intensivement par la chorégraphe. Chacun apporte son bagage et ses « mémoires corporelles » tout en devenant très aguerri aux demandes singulières de la technique d’entrainement et de création chorégraphique favorisée par Maboungou.

Ensemble, ils créent une microsociété solidement soudée, gérée par les sons du tambour, un peu à la manière de médiums à recherche de communications extrasensorielles. L’attention de chacun est portée sur la construction organique d’une cérémonie qui comporte ses règles et ses limites tout en laissant une place à un certain hasard et à une liberté certaine.

Le processus provient du fond des âges mais reste terriblement actuel. Il provoque chez le spectateur le goût de se joindre à la cérémonie qu’est Mozongi, dont le titre signifie « Le retour ».

Les liens externes

Pour quelques extraits vidéos de Mozongi et autres œuvres de la compagnie Nyata Nyata :

Pour des articles plus détaillés sur Zab Maboungou :

  • Les femmes fortes de l’histoire des noirs
  • Narratives of Migration : Carol Anderson’s conversation with Zab Maboungou. Un article dans lequel on peut lire: «Dance is the beginning of intention in the human being. Dance is intelligent, it’s fundamentally intelligent. I don’t even negotiate that, it is something I am so convinced of. When I talk about tradition, and the strong tradition of dance in Africa, I am full of admiration because it’s so rich, so sophisticated in terms of educating the psycho-somatic – the body, the mind, how to place ourselves into the world – which is why African dance has been one of my main centres. People say – and I keep saying – that it is about how to present yourself in the world. I have to come back to this because that’s all I do – making sure I’m present, I’m into the world. Not above. Not under! I keep telling my dancers “We are preparing our death. The more we dance the more we are preparing for our death, because we need to make the soil rich.…” This is what I believe. This is what I feel.»

Deux vidéos qui traitent aussi de percussions :

Une courte vidéo pour faire connaissance avec une pionnière américaine de l’afro-danse: The Legacy of Katherine Dunham.

Une courte vidéo pour rappeler l’apport des « Canadian Blacks » dans la pratique de la danse: TRIBUTE A Moving History of Canadian Blacks in Dance.

Chroniques du regard 2016-2017 – Last Work par Ohad Naharin – Batsheva Dance Company

Last Work - Ohad Naharin - Photo: Gadi Dagon

Photo: Gadi Dagon

D’une durée approximative de 70 minutes, le plus récent spectacle chorégraphié par Ohad Naharin pour la Batsheva Dance Company porte un titre annonciateur et dramatique (Last Work = dernier travail, dernière production). Est-ce la dernière fois que cet important créateur, maintenant âgé de 64 ans, met en scène une chorégraphie découlant de sa façon très personnelle d’entrainer les danseurs (le « GAGA »)? Est-ce la fin de sa collaboration avec une des compagnies de danse les plus sollicitées au monde par la qualité de son travail et l’excellence de ses productions, lui qui est à la barre de la compagnie Batsheva depuis 25 ans (directeur artistique de 1990 à 2004 et chorégraphe en résidence depuis)? Est-ce un message aux intervenants politiques et subventionneurs pour les sensibiliser à la fatigue du gestionnaire ? Est-ce l’affirmation d’un créateur qui se sent en fin de carrière? Peu importe ! Le spectacle est là, en tournée internationale depuis sa création en juin 2015.

Last Work, c’est pour vous si vous voulez ne pas rater la dernière production d’Ohad Naharin pour la Batsheva Dance Company.

Last Work, c’est pour vous si vous aimez les spectacles surprenants et énergiques.

Last Work, c’est pour vous si vous voulez assister à un spectacle qui ne laisse personne indifférent « Last Work, a recent production choreographed by Ohad Naharin for Israeli dance company Batsheva, is a meditation on futility that ends with an explosion of frustration. This piece will no doubt polarise audiences. » Source: Jordan Beth Vincent.

Le spectacle

Créé pour 18 danseurs et accompagné par la musique de Grischa Lichtenberger, le spectacle Last Work se veut plus sombre que les productions précédentes de la compagnie (dont Hora, vue ici en 2012). On y retrouve les thèmes chers au chorégraphe (l’humain dans la société, l’influence des cultures, l’engagement politique), toujours traduits dans une « physicalité » absolue, précise, animale et très exigeante pour les danseurs en forme athlétique. Les thèmes abordés ici sont dans la gamme du sérieux et du grave. Il est important pour le chorégraphe de toucher le public par la danse car elle peut avoir un impact énorme sur le spectateur : « Il faut venir frais à un spectacle de danse, pour que les attentes ne polluent pas ce que l’on va voir. C’est comme cela que la danse peut changer la vie. Pas avec des grandes idées, pas avec des révolutions, simplement des atmosphères qui touchent les êtres au plus profond d’eux-mêmes.» Source : Le Figaro Magazine via dansedanse.

Dans ce spectacle, le regard du chorégraphe est incisif, les limites physiques et chorégraphiques sont repoussées. L’accompagnement musical surprend parfois par son éclectisme, passant de berceuses chantées a capella à la musique électronique, et accompagne une œuvre un peu mystérieuse : « Last Work est énigmatique et tout à la fois engagée. Les danseurs, comme une tribu sans maître, déploient l’étendue de leurs capacités sans jamais sombrer dans la démonstration. Last Work est à la fois un pur moment de chorégraphie et une ouverture sur le monde. » Source : Philippe Noisette.

Les actions et les sections alternent et sont souvent contradictoires, incluant parfois des poses et des mouvements de groupes tendus, très affirmatifs et exutoires, en bataillons furieusement plantés au sol. Les ensembles sont souvent effectués dans un affolement tourbillonnant et saccadé mais, parfois, en contrepartie, les mouvements sont plutôt minimalistes, faits par des solistes et tout en lenteur.  « À la fin, la scène devient une toile d’où personne ne peut s’extraire. A l’image d’une société où tous se sentent coincés, asphyxiés par la guerre, malgré tant d’énergie vitale, Naharin explique dans le programme de salle que «chorégraphier offre le privilège de faire passer un message clair et éloquent sans avoir à fournir d’explication». Source : Emmanuelle Bouchez.

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Le chorégraphe

Ayant débuté sa formation professionnelle au début de la vingtaine, Ohad Naharin fut vite remarqué par les plus grands. En 1974, Martha Graham l’a invité à se joindre à sa compagnie alors qu’il n’était encore qu’apprenti dans la Batsheva Dance Company. À New York, il a poursuivi son entrainement avec, entre autres, l’American Ballet ainsi qu’à Juilliard. Il ira plus tard passer quelques mois chez Maurice Béjart à Bruxelles.

Ses débuts chorégraphiques ont été faits lors d’un retour à New-York, avec sa compagnie éponyme (1980-90). Ensuite (de 1990 à 2004), il a été directeur artistique de la Batsheva Dance Company. Depuis 2004, il y est plutôt chorégraphe en résidence. Durant toutes ces années en Israël, il a chorégraphié une trentaine de spectacles dont Deca Dance, une œuvre évolutive dans laquelle il réarrange certains extraits de son répertoire. Naharin est aussi musicien et a souvent collaboré aux trames musicales utilisées dans ses spectacles.

Ohad Naharin est très recherché comme chorégraphe et ses œuvres ont été mises aux répertoires des plus grandes compagnies, du Nederlands Dans Theater (Pays-Bas) à la Compañía Nacional de Danza (Espagne), en passant par le Cullberg Ballet (Suède) et le Ballet de l’Opéra de Paris, sans oublier Les Grands Ballets Canadiens de Montréal. Une de ses œuvres les plus adulées date de 1998 et est intitulée Echad Mi Yodea.

Le chorégraphe fait aussi l’objet d’un documentaire qui devrait être distribué au Québec incessamment. Mr Gaga (2015), du réalisateur Tomer Heymann a déjà été primé dans de nombreux festivals, de l’Albanie à la Moldavie et du Texas à la Suède: « Le Prix documentaire 2016 Stefan Jarl (Suède) est accordé à un film raconté dans de nombreuses couches narratives différentes – complexe dans sa forme et son contenu – mais facile à aimer. Tout en introduisant l’univers d’un artiste étonnant, ce film ouvre les portes d’un monde fascinant: politique, douloureux, contradictoire mais finalement beau. Construit à travers des séquences stylisées et significatives, le film est rythmé et visuellement attrayant. Il  parvient à créer en profondeur le portrait d’un personnage tout en nous offrant, en même temps, une plus grande compréhension de la danse comme expression artistique illimitée. » Source: Mr. Gaga News (traduction de l’auteur).

La technique GAGA

Ohad Naharin a mis au point le GAGA, une méthode originale pour l’entraînement des danseurs (professionnels autant qu’amateurs). Cette méthode est maintenant utilisée comme technique de base pour l’entraînement des danseurs de la Batsheva et est à la base du travail chorégraphique de Naharin.

Une (re)lecture de ma chronique du regard « PARLONS GAGA (PAS LA LADY…)» accompagnant le spectacle Hora permettra de vous familiariser plus en profondeur avec cette technique, en plus de trouver un bref historique de la compagnie Batsheva.

Photo: Gadi Dagon

Photo: Gadi Dagon

 

Les critiques de Last Work

« Last Work is a feast for all the senses, a must-see for anyone with a curious mind and a desire to lose oneself in an all-encompassing backdrop of performance, production and talent. » (Last Work est un régal pour les sens. À voir absolument pour ceux qui ont l’esprit curieux et qui souhaitent s’immerger dans une production absolue où la performance s’allie au talent.)» Yoni Cohen, Time Out Israël.

« The piece is breathtaking for the extraordinary dancing by the Batsheva dancers, and the way Mr. Naharin can evoke states of pleasure, pain, madness and a kind of animality — a sheer state of being in the body — through his movement. »  (La pièce est à couper le souffle pour l’extraordinaire performance des danseurs de Batsheva, et pour la façon dont M. Naharin peut évoquer des états de plaisir, de douleur, de folie et une sorte d’animalité – un pur état d’être dans le corps – à travers son mouvement.) Roslyn Sulcas, New York Times.

D’autres critiques sont tout aussi élogieuses et donnent une excellente note:

★★★★½ Jordan Beth Vincent (Melbourne)

★★★★☆  Maxim Boon  (Melbourne)

 

Les liens externes

En plus d’avoir son canal Youtube, la compagnie Batsheva est présente sur Instagram et Facebook.

Le film Mr Gaga a aussi son canal Youtube. Une critique du film,qui lui donne 5 étoiles, est ici.

Le compositeur Grischa Lichtenberger a sa page Souncloud.

Deux auteurs ont inspiré Ohad Naharin tout au long de sa carrière: Italo Calvino et Fernando Pessoa.

 

Pour en connaitre plus sur le GAGA (Textes en anglais) :

“Going Gaga: My Introduction to Gaga Dance Classes” (an overview of Gaga dance classes)

“Gaga: Ohad Naharin’s Movement Language, in His Own Words” (featuring a quote by Ohad Naharin about Gaga)

Gaga: A Foreigner Explores Ohad Naharin’s Movement Language” (a reflection on an experience in Ohad Naharin’s Gaga classes)

“A Glimpse into the Gaga Workshop” (a look into the Gaga intensive held by Batsheva in the summer)

Chroniques du regard 2016-2017 – Data par Manuel Roque

Photo: Marilène Bastien

Photo: Marilène Bastien

D’une durée d’environ 50 minutes, le solo Data, chorégraphié et dansé par Manuel Roque sera présenté deux soirs dans le nouvel auditorium du Pavillon Pierre Lassonde du Musée national des beaux-arts du Québec.

Data c’est pour vous si êtes intéressés au mouvement, présenté simplement mais dans toute sa richesse et sa complexité.

Data c’est pour vous si vous aimez les spectacles évocateurs qui allument réflexions et questionnements sur la condition humaine.

Data c’est pour vous si vous voulez être ébloui par les effets tangibles, sur un corps en mouvement, d’un contact précis et sensible avec les profondeurs de l’être humain.

Le spectacle Data commence dans le noir. Les voix angéliques du Requiem de Fauré se font entendre. La lumière nous permet ensuite de découvrir sur la scène recouverte d’un tapis blanc, un homme immobile, vêtu simplement d’un pantalon noir et torse nu. À ses côtés, une masse, inerte et imposante, qui restera à identifier.

Les premières impulsions de mouvements mettent les épaules en action. Le mouvement se diffuse ensuite jusqu’à entrainer le tronc avant de descendre dans les jambes et les pieds, permettant le déplacement dans l’espace. La source est claire et le chemin que suit le danseur est limpide. Il en sera ainsi tout au long du spectacle, avec différentes sources de plus en plus profondes et intimes, qui aboutiront dans des mouvements parfois surprenants par leurs formes, leurs dynamiques ou leur intensité.

En plusieurs sections clairement définies, par des séquences de mouvements variées par leurs sources, leurs rythmes et leurs rendus, l’interprète fera pour nous un voyage dans les profondeurs de son corps et de ses pulsions vitales et primordiales. L’interprète est un virtuose du mouvement reconnu pour sa souplesse articulaire et pour sa force toute en fluidité organique. Le voyage qu’offre Manuel Roque à travers sa nature unique et spécifique permet de le découvrir en tant qu’être humain déployant pleinement ses possibilités. Par extension, cette communion profonde avec les sources intimes du mouvement amène les spectateurs à faire à leur tour un voyage dans la grandeur de l’homme avec un grand « H ».

Ses années de travail en tant qu’interprète en danse auprès de différents chorégraphes québécois ont laissé des marques chez lui. Il les reconnait : « L’héritage d’années d’interprétation chez Marie Chouinard transparaît immédiatement, dans les contorsions dorsales, (…) les désarticulations mandibulaires… Dans l’exigence et la rigueur technique, c’est son engagement auprès de Daniel Léveillé qui s’affirme (…) par un sens aiguisé de l’épure scénique, une recherche extrême et précise des figures gymnastiques et de leur enchaînement demandant. Et puis il y a l’élégance, le style, la finesse et le rictus subtil de l’école Paul-André Fortier qui plane à plusieurs endroits…» Source : Brigitte Manolo.

C’est en tant que chorégraphe indépendant que sa recherche l’a ramené à l’essence du mouvement, à une recherche fondamentale qui a duré trois ans et qui l’a promené dans différents paysages (autant déserts que « jungle » de Manhattan). Une quête rituelle aussi vécue dans la solitude du studio, dans une recherche quasi-chamanique.   

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Photo: Marilène Bastien

La pratique du Continuum Movement ® est l’une des autres influences qu’il reconnait. Cette technique amène la personne qui la pratique à se situer, en tant que témoin actif de la vie sur terre, dans un temps imprécis et permet aux impulsions profondes de se déployer à travers les êtres dans un monde rempli de potentiel. Comme le décrit Pamela Newell dans «The Movement that We Are: Rabin and Continuum » (je résume et traduis librement) : Les mouvements peuvent y sembler involontaires. Les vagues, ondulations, crêtes et rebonds se répercutent dans les membres. Le mouvement n’est plus volontaire, il est mu par « l’Intelligence de l’univers », une force qui dépasse la volonté et les intentions. L’essentiel devient forme résonnante qui transporte la personne, de manière organique, dans de nouveaux territoires.

La danse d’état, présente dans Data, est toute en dynamisme et en déploiement dans l’espace. « D’homme, il devient polymorphe, évolue entre le règne animal et végétal, pour nous perdre dans les méandres d’une physicalité où chaque muscle compte, vibrant, où chaque goutte de sueur révèle une part de son être intérieur, où chaque tendon nous rattache à un monde que seul lui peut porter et nous transmettre… » Source: Nathalie Yokel.

Pour quelques informations supplémentaires au sujet de la danse d’état, consultez un court texte de Philippe Guisgand, ainsi que deux chroniques dans lesquelles j’ai déjà traité des états de corps: celle sur le spectacle Prismes, chorégraphié par Benoit Lachambre ainsi que celle sur le spectacle Femmes-bustes et Les femmes de la lune rouge de la compagnie Arielle et Sonia.

Tout au long du spectacle, la chorégraphie, dont la recherche s’est amorcée en silence, reste fermement ancrée au sol. Malgré les bras souvent aériens et les mouvements parfois flottants du danseur, la connexion au sol reste très solide. Les périodes d’arrêt entre les différentes sections dansées soulignent la présence tellurique de l’interprète. Ces arrêts permettent entre autres de mesurer l’homme par rapport à ce qui est avec lui sur scène: le vide mais surtout cette masse un peu mystérieuse. D’ailleurs, quelle est la signification de cette masse sur scène ? Selon l’expérience de Manuel Roque et après des représentations de Data sur deux continents, les réponses sont multiples. Certains y voient, de manière très prosaïque, un simple rocher dans le désert. D’autres, plus métaphoriques, y voient précisément une météorite, voire un vaisseau spatial ayant amené sur terre cette étrange créature humaine teintée d’accents extra-terrestres. Dans ce cas comme dans celui d’autres questions, le chorégraphe ne veut pas donner de réponses précises, laissant au spectateur la liberté de voir ce qu’il voit et de nommer à sa façon ses réactions devant la performance.

Les critiques de Data. Depuis sa création, Data n’a reçu que des éloges  :

« Manuel Roque fait plus que danser pour nous, il nous danse, danse notre incapacité à danser, nous redonne de la danse, en éclairant généreusement de data – ses données – cet endroit précis où le corps devient esprit et trouve son unité, illuminée. » Jean Louis Perrier, Revue Mouvement, 16 juin 2015.

«De cette cérémonie tribale et sacrée, on retient la puissance de la danse, terrienne et aérienne, animale et sophistiquée. Avec Data, Manuel Roque donne une brillante démonstration de sa virtuosité de chorégraphe et d’interprète.» (…) « Une écriture originale, une performance saisissante: on présente Manuel Roque comme une étoile montante de la jeune scène montréalaise. Mais il est, déjà, une Étoile tout court! » Michelle Chanonat, Revue Jeu, juin 2015.

«… Il faut voir la musique et la voix agir sur le corps du danseur comme les mains d’un sculpteur sur un bloc de glaise. Pour communiquer la souffrance, le martyre, la persécution, l’arrachement à la vie dans ce qu’il peut avoir de plus atroce, mais aussi par moments pour traduire une certaine béatitude, une communion, un rapport au sacré, Roque ne ménage aucun effort. En tordant son visage, en faisant saillir ses os et apparaître ses muscles, il s’assure de mettre son corps entier au service de la gestuelle et du propos.» Christian St Pierre, Le Devoir, 5 septembre 2014.

« in his movement from gentle to fierce, with a seamless fluidity in his body that emphasizes weight, gravity, force and vulnerability. He embodies atavistic, almost tribal, kinetically charged incarnations, exploring dynamics, tensions and counter- tensions in his actions. In a notable sequence using his mouth, he is utterly sublime, showing another aspect of his artistry: his ability to disappear, transforming himself from human to sculpture. » Philip Szporer, the Dance Current, 5 Janvier 2015.

Les chorégraphies du corpus de Manuel Roque sont (très) différentes les unes des autres. Voici un court reportage-entrevue sur ce chorégraphe qui aime surprendre le public. Vous trouverez ici quelques extraits de Data (2014), d’un projet In-Situ (2013), de Ne meurs pas tout de suite, on nous regarde (2012) et de Raw me (2010).

Pour Data, la sonorisation a été faite par François Marceau et la scénographie est de Marilène Bastien.

Chroniques du regard 2016-2017 – Corps Amour Anarchie | Léo Ferré par PPS danse

Une grande occasion se présente, celle de célébrer l’œuvre immense et intemporelle d’un artiste adulé, le poète-musicien-chanteur Léo Ferré. Celui-ci aurait célébré cette année son centième anniversaire de naissance et, plus de 20 ans après son décès, son œuvre résonne encore, marquant la bande sonore de nombreuses vies.

Photo: Alejandro Jimenez

Photo: Alejandro Jimenez

Ce spectacle hommage permettra aux plus jeunes de découvrir un monument de la culture francophone et de se familiariser avec la danse contemporaine tout en laissant aux connaisseurs le plaisir de se replonger dans une œuvre connue et de, peut-être, la redécouvrir à travers des relectures musicales et des transcriptions dansées. La formule du spectacle est claire et éprouvée. Elle est semblable au spectacle Danse Lhasa Danse présenté avec grand succès par la même compagnie (en tournée de 2011 à 2015). Dans ce nouveau spectacle, toujours sous la direction artistique du chorégraphe Pierre-Paul Savoie, les artistes participants sont encore une fois des professionnels reconnus, expérimentés et de haut niveau.

Corps Amour Anarchie, c’est pour vous si vous aimez l’œuvre de Léo Ferré.

Corps Amour Anarchie, c’est pour vous si vous aimez les spectacles interdisciplinaires et thématiques.

Corps Amour Anarchie, c’est pour vous si vous avez aimé le spectacle Danse Lhasa Danse.

Pendant presque une heure et demie, les numéros variés se succéderont. Quinze artistes (4 chanteurs, 5 musiciens et 6 danseurs) se retrouveront tour à tour sur scène dans un amalgame de genres et de styles, toujours au service de l’œuvre poétique du grand Ferré, incluant les grands succès et les incontournables (La solitude, Des armes, Avec le temps, …).

L’œuvre de Léo Ferré est immense. Le catalogue encyclopédisque propose 131 disques, avec leurs pochettes, dans sa base de données. Plusieurs autres sites, comme celui des Inrocks vous donneront une porte d’entrée vers l’univers Ferré, le plus souvent par les paroles de ses chansons comme celui de paroles.net.

Vous avez des chansons préférées de Ferré et vous les considérez comme des compagnons, des soutiens, des bornes dans votre vie sentimentale, presque des amies. Alors, soyez curieux et allez voir Corps Amour Anarchie afin de constater ce « que sont vos amies devenues ? », comme le chantait Ferré dans Pauvre Rutebeuf.

CCF 2016 Léo Ferré: Corps, Amour, Anarchie.

CCF 2016
Léo Ferré: Corps, Amour, Anarchie.

L’équipe danse est composée de personnes qui seront vite reconnues par ceux et celles qui suivent les activités de danse contemporaine à Québec car une grande majorité de ces artistes s’est retrouvée sur les scènes locales au cours des dernières saisons : les interprètes sont Roxane Duchesne-Roy, Sara Harton, Anne Plamondon, David Rancourt, Alexandre Carlos et Jossua Collin-Dufour. Les chorégraphes sont Hélène Blackburn, Emmanuel Jouthe, Anne Plamondon, David Rancourt et Pierre-Paul Savoie.

Pierre-Paul Savoie nous a présenté récemment Bagne recréation, Danse Lhasa Danse et Les chaises.

David Rancourt participait aux deux dernières productions citées, en plus d’être vu au début de l’automne dans Les caveaux d’Alan Lake.

Pour sa part, Hélène Blackburn présentait récemment dans les saisons de La Rotonde Gold , Variations S et Symphonie dramatique, auxquels participaient Roxanne Duchesne-Roy et Alexandre Carlos.

Deux danseuses originaires de la ville de Québec sont aussi du spectacle : Anne Plamondon, qui présentait Les mêmes yeux que toi  en 2014 ainsi que Sara Harton, qui a dansé dans deux spectacles de la compagnie K par K : Air (2010) et Trois Paysages (2012).

CCF 2016 Léo Ferré: Corps, Amour, Anarchie.

CCF 2016
Léo Ferré: Corps, Amour, Anarchie.

Pour compléter l’équipe danse, on retrouve Emmanuel Jouthe, directeur de la compagnie Carpe Diem et spécialiste des danses in-situ, qui était en résidence au Musée de la civilisation lors de l’exposition Corps rebelles. Reste à découvrir Jossua Collin-Dufour, diplômé en 2014 de L’École de danse contemporaine de Montréal.

L’équipe musique est sous la codirection musicale de Philippe B  et Philippe Brault. Elle comprend Michel FaubertAlexandre Désilets et Bïa qui interpréteront tout en le renouvelant un répertoire incluant La lune, Des armes, Avec le temps, La mélancolie, La solitude, Le fleuve aux amants, La chanson triste, La vie d’artiste, Il n’aurait fallu. On dit que même Ferré sera présent via la magie des projections vidéo.