La Rotonde
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Archive for octobre 19th, 2011

Les Chroniques du regard – S’envoler

par Mario Veillette

S'envoler - Estelle Clareton - photo Ben PhilippiCette saison de La Rotonde s’amorce avec le spectacle S’envoler de la chorégraphe Estelle Clareton, une danse pour 11 interprètes, basée sur l’idée de la migration et sur certains mouvements observés chez les oiseaux. La chorégraphie présente un groupe serré, aux mouvements désordonnés, dont s’échappent parfois certains individus. Ils partiront pour de courts solos, duos ou trios avant de réintégrer le groupe ou d’être rejoints par lui.

Dans cette chorégraphie sans histoire, mais dans laquelle on peut suivre l’évolution d’un groupe en migration, tout le monde bouge beaucoup, parfois de manière acrobatique et, quoique souvent l’impression laissée est celle d’un groupe en déplacements craintifs, les relations entre les individus s’établissent avec légèreté et plaisir. Chacun arrive à faire ressortir sa propre personnalité et pour ma part (je vous dévoile ici ma porte d’entrée personnelle) je surveillerai particulièrement deux de ces drôles d’oiseaux : Sylvain Lafortune, un ex-collègue universitaire, et Brice Noeser, un ancien étudiant, diplômé de L’École de danse de Québec en 2006.

Sylvain LafortuneSylvain Lafortune est le plus expérimenté des interprètes de S’envoler. Sur scène depuis plus de trente ans, il a été membre de compagnies prestigieuses dont Les Grands Ballets canadiens, Lar Lubovitch Dance Company, O’Vertigo et Montréal danse et a participé à de nombreuses tournées internationales. Danseur polyvalent, il est aussi un enseignant recherché. À 49 ans, ce danseur athlétique carbure toujours à la dépense physique et au plaisir de dépenser de l’énergie et, comme il le dit : il « accote encore très bien les jeunes interprètes ». Dans ce projet, il a su intégrer une expertise extraordinaire en portés (qui l’a amené jusqu’aux études doctorales). Ses études et sa vie familiale l’ont désormais fait bifurquer vers le statut d’interprète pigiste. Ce qui lui permet de choisir avec plus de parcimonie les projets dans lesquels il s’investit et c’est avec plaisir qu’il a plongé dès le départ dans l’aventure proposée par Estelle Clareton. Au cours des trois résidences de création, il a pu, avec la chorégraphe et les interprètes, partager les imaginaires, les expériences, les perceptions et idées qui ont mené à la cohérence du projet. Sylvain a surtout prisé le processus de travail détendu, mené par une chorégraphe dont il apprécie l’imaginaire, l’humanité et l’humour.

Brice NoeserDans le spectacle, je surveillerai aussi Brice Noeser, un ancien étudiant que j’ai le plaisir de voir évoluer professionnellement depuis sa diplomation de L’EDQ en 2006. Brice commence à avoir une feuille de route impressionnante, en tant qu’interprète et aussi comme chorégraphe. Remarquable autant par sa capacité de gestuelle très désarticulée que par sa grande taille et sa physionomie unique, il a été invité à se joindre à l’aventure de S’envoler lors de la troisième résidence de création, quand est venu le temps de déconstruire et de « salir la gestuelle », la rendre moins carrée et linéaire, mais encore plus originale et personnalisée par chacun. À partir de sa propre expérience, Brice a très bien compris les thèmes d’exils et de migration artistiques, géographiques et identitaires à la base du projet. Il a aussi pu très bien s’intégrer dans ce groupe d’individus disparates, tant au niveau de l’âge, des expériences et des personnalités.

Pour terminer, je confirme ce qui a été dit ailleurs : S’envoler est « un spectacle de danse idéal, autant pour celui qui connaît la danse contemporaine que pour celui qui découvre » (Corinne Laberge, janvier 2011). Venir assister en salle au spectacle S’envoler vous permettra de suivre avec une attention particulière deux interprètes que vous connaissez déjà un peu mieux, sans oublier tous les autres, dont Alexandre Parenteau, qui évolue régulièrement, ici à Québec, dans les projets de la compagnie « Le fils d’Adrien danse ».

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Mario Veillette nouveau collaborateur aux Chroniques du regard de La Rotonde

Mario VeilletteDans cette nouvelle série d’articles, je vous accompagnerai tout au long de la saison 2011-2012. Parfois pour mettre un spectacle en contexte, en y situant les courants esthétiques, artistiques ou sociaux particulièrement actifs. Parfois j’irai de façon plus instinctive en dévoilant mes coups de cœur ou mes pistes personnelles. Parfois, j’irai aussi à la manière d’un billet d’humeur.

Je n’essaierai pas de vous expliquer en mots les danses et les spectacles car, s’il est une chose essentielle qu’il faut affirmer encore une fois, c’est que la danse est une expérience sensible/émotive/artistique qu’il vaut mieux faire en direct, avec les artistes directement devant soi, c’est-à-dire en assistant aux spectacles, dans leurs lieux de diffusion.

Un spectacle de danse peut souvent avoir des effets magiques sur les spectateurs tout en dévoilant les intérêts esthétiques, artistiques, psychologiques ou sociologiques de ses créateurs et interprètes, mais il est avant tout expérience. Une expérience dont le spectateur peut ressortir étonné, changé, enrichi, …
Sortir de chez soi pour assister à un spectacle de danse contemporaine, avec toute l’organisation et l’investissement que cela implique, peut devenir ardu. J’espère, avec mes billets, pouvoir vous tendre des perches efficaces, vous donner des ports d’accès accessibles pour les différents spectacles de cette saison, qui s’annonce riche en découvertes tous azimuts.

J’espère vous donner le goût de venir rencontrer des gens passionnés qui ont choisi un mode d’expression allant bien au-delà des mots.

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Mario Veillette – Auteur des Chroniques du regard

Mario Veillette est enseignant, chorégraphe et danseur. Il possède une formation universitaire en psychologie, en danse et en éducation. Sa pratique professionnelle métisse l’improvisation dansée, la danse butô et différentes méthodes d’éducation somatique. Il enseigne à L’École de danse de Québec depuis 1994 et terminait en 2003 une maîtrise en danse à l’UQAM. Ses billets seront publiés tout au long de la saison 2011-2012.