La Rotonde
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Archive for octobre 9th, 2012

Chroniques du regard 12.13, no. 1 – Complexe des genres

Première à nous présenter son œuvre cette année, Virginie Brunelle est une chorégraphe talentueuse qui, avec sa compagnie, entreprend cette année une première tournée québécoise. Comme beaucoup de ses jeunes collègues, elle fait partie d’une relève qui a fait ses classes à l’université. Elle ne fait donc pas partie d’une génération spontanée de créateurs, comme le public semble généralement le croire, mais découle plutôt des travaux de ses prédécesseurs. Elle reconnait spontanément l’influence de plusieurs chorégraphes montréalais actuels, Dave Saint-Pierre et Daniel Léveillé entre autres. Pour ma part, j’irais plus loin, la reliant jusqu’au Paul-André Fortier des années 1980 et aux bouillonnements effervescents du groupe Nouvelle-Aire des années 1970.

Ses spectacles sont très dansés, athlétiques et énergiques. Ils se situent dans un courant montréalais assez proche de la danse-théâtre «apparue au milieu du XXe siècle, en Allemagne avec l’expressionnisme allemand (…) sous le nom de Tanztheater. C’est Pina Bausch et sa compagnie le Tanztheater Wuppertal, qui en furent dès 1974 les grands promoteurs en Europe. Dans les années 1980, la nouvelle danse française a oscillé entre danse-théâtre et théâtre dansé, mettant l’accent tantôt sur une discipline, tantôt sur l’autre.» (Extrait de Wikipedia, projet d’encyclopédie collective établie sur Internet.)

Suivant cette lignée, les chorégraphies très actuelles de Virginie Brunelle permettent l’existence et l’expression de personnages dans des situations «dramatiques». Dans Complexe des genres, selon les différents tableaux, Brunelle essaie de mixer l’approche concise, crue et clinique de Daniel Léveillé avec la narrativité de Pina Bausch (voir les liens vidéos). La scénographie y est dépouillée. On retrouve sur scène des personnages qui se débattent principalement pour établir des relations de couple.

Les rapports à l’autre y sont souvent présentés de manière archétypale. L’autre, dans ce cas-ci, c’est le membre du sexe opposé, celui qui pourra devenir partenaire. Les tensions et les ambiguïtés des rapports sont dansées à travers des mouvements à caractère cru et émotif. Les très nombreux portés semblent souvent périlleux. Ils présentent la femme toujours prête à s’abandonner, à se mettre en danger et à la merci des hommes. Les partenaires sont souvent interchangeables. Les histoires de l’un peuvent être continuées avec un nouveau partenaire, ou par un autre duo qui vient prendre la place du premier.

Un spectacle à voir et à discuter avec vos partenaires potentiels ou actuel(s)!

Liens Internet
Attention : Scènes de nudité

Entrevue Virginie Brunelle à l’émission «Mange ta ville» à propos du spectacle Les cuisses à l’écart du coeur

Extrait de la chorégraphie « Complexe des genres »

Un exemple du travail de Daniel Léveillé

Bande annonce du film de Wim Wenders « Pina »

Intégrale du nouveau spectacle sans titre de Dave St-Pierre

Pour le plaisir, un duo plus classique de William Forsythe

À lire: «Danse contemporaine et théâtralité» (1995) de Michèle Febvre.

 

Voir la page du spectacle Complexe des genres

Chroniques du regard de La Rotonde, ma deuxième saison

Cette année encore, pour ma deuxième série de chroniques du regard, je partagerai avec vous une passion. Une fois de plus, avant la présentation de chaque spectacle, j’aurai le privilège de m’arrêter à ceux-ci pour y extraire certains éléments de base qui supporteront une réflexion élargie sur un univers très complexe et très simple à la fois: celui de la danse contemporaine.

Chaque spectacle, chaque créateur présenté lors la saison 2012-2013 pourra déclencher en moi ces réflexions et j’en partagerai les résultats avec vous. Les thèmes des spectacles, les façons d’aborder un sujet et les méthodes de création seront mes sujets de prédilection et cet automne, de manière plus spécifique, je parlerai de filiation des genres, de l’émergence en art, de la danse dans un contexte socio-politique, de mentorat et de l’écologie du milieu de la danse.

L’univers de la danse contemporaine en est un de mouvements. Il peut s’exprimer dans une panoplie de genres et de styles. La danse peut prendre une multitude de formes et les spectacles, un assortiment de formats. Les représentations de danse demandent parfois un abandon total de la part du spectateur ou, à l’opposé, gagnent à être accompagnées d’un effort de compréhension intellectuelle. Une variété de regard peuvent être posés sur la danse: parfois historiques, parfois critiques, contenant parfois des notions d’esthétique et de philosophie…

 

Pour ma part, au-delà des sautes d’humeur ou des mouvements instinctifs que peuvent provoquer chez moi certains spectacles, au-delà des courants qui teintent toute une série de productions, je tenterai encore cette année de réfléchir pour trouver différentes manières d’accompagner consciencieusement les spectateurs. Accompagner tout autant les personnes qui entreront pour la première fois dans une salle de spectacles pour assister à une présentation de danse contemporaine que les spectateurs fidélisés qui pourront suivre dans leur évolution certains chorégraphes et danseurs aperçus lors des saisons précédentes de La Rotonde.

Tout au long de la saison, les chroniques seront forgées de ma subjectivité, nourries et aiguisées par mes expériences de créateur, d’enseignant et de spectateur aguerri. Mon regard, je l’espère, sera toujours aimant.

 

 

Lire la chronique à propos de Complexe des genres