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Chroniques du regard 2017-18 No 13 – Le cri des méduses – Alan Lake Factori(e)

Chroniques du regard 2017-18 No 13 – Le cri des méduses – Alan Lake Factori(e)

Présenté deux soirs au Grand Théâtre, le nouveau spectacle chorégraphique d’Alan Lake tire une partie de son inspiration du célèbre tableau Le radeau de la Méduse. Mettant en vedette neuf danseurs faisant carrière à Québec ou à Montréal, les différentes scènes du spectacle de 90 minutes font apparaître des personnages à la dérive, combattant parfois pour leur survie. Fidèle à sa manière, le chorégraphe n’hésite pas à lancer les interprètes dans des danses charnelles et sensuelles. Leurs quêtes symboliques sont présentées dans une scénographie évolutive et le chorégraphe présente ce spectacle comme une œuvre de (sur)vie.

 

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Crédit : Antoine Caron

 

« Le cri des méduses » c’est pour vous si vous voulez voir le spectacle de danse le plus attendu de la saison

 

« Le cri des méduses » c’est pour vous si vous aimez les spectacles métissant danse et arts visuels.

 

« Le cri des méduses » c’est pour vous si vous aimez les spectacles qui traitent de la vie à la manière d’un rituel dramatique et païen.

 

 

 

Crédit : Daniel Richard

Crédit : Daniel Richard

 

Le spectacle

Durant près d’une heure trente, le chorégraphe et artiste visuel Alan Lake amène les spectateurs dans un voyage onirique prenant source dans la célèbre peinture de Géricault Le radeau de la Méduse, peinte en 1918-19. De cette histoire réelle et tragique arrivée cent ans plus tôt que la réalisation de la peinture, Alan Lake tire des leçons de courage et de résilience vécues à travers une espèce de rituel païen.

Illustrées de manières qui peuvent parfois être dérangeantes, différentes scènes sont proposées. Mises en place grâce à des éléments scénographiques simples, efficaces et mobiles, manipulés par les artistes sur scène, les différentes sections du spectacle s’enfilent sans liens formels rigides. Certaines d’entre elles se rapprochant plus de l’hallucination ou du cauchemar que d’un rêve idyllique « de ciel bleu et de rivages accueillants » pour les naufragés survivants du terrible voyage.

Aussi intitulée « scène de naufrage », la peinture de Géricault est transmutée sur scène dans un lieu indéfini, sans cesse réinventé et construit/déconstruit tout au long du spectacle. Les structures murales se déplacent et leurs surfaces passent du transparent à l’opaque. Les corps eux-mêmes sont parfois recouverts de substances diverses lorsqu’ils ne sont pas habillés de vêtements salis et en loques ou simplement nus.

Profitant d’une distribution de neuf danseurs, le spectacle propose une variété d’assemblages et de regroupements. Porteurs d’espoir ou abandonnés au désespoir, les mouvements sont toujours profondément incarnés, que le danseur soit support d’un autre corps ou dans un rôle de « manipulé ». Pour tous, la danse est à fleur de peau et chacun semble porté par un état d’urgence, cherchant à sauvegarder son humanité à la dérive.

L’étude de la chute et des roulades, intégrée comme thème gestuel général du spectacle, est présente autant dans un amas de corps abandonnés qui déferlent les uns sur les autres (empilés sur un véhicule mobile non identifié) que dans des portés très originaux ou dans une série de duos où l’ un des partenaires est retenu en déséquilibre par une ceinture à la taille. Les mouvements de groupe forment des fresques picturales et sculpturales contenant parfois d’impressionnantes pyramides, destinées à l’effondrement inévitable.

 

 

Le chorégraphe

Depuis qu’il a terminé ses études à L’École de danse de Québec en 2007, le chorégraphe, artiste visuel et réalisateur, est en progression constante comme artiste incontournable de la danse actuelle au Québec. En tant qu’interprète, il a été vu dans les œuvres scéniques d’Harold Rhéaume et de Danièle Desnoyers. Il a participé au Grand Continental de Sylvain Émard et au vidéoclip Sprawl II (Mountains Beyond Mountains) d’Arcade Fire, chorégraphié par Dana Gingras. En tant que chorégraphe, il a collaboré avec différentes écoles de formation en danse et avec différents groupes ou collectifs. Les films réalisés par Alan Lake, présentés autour ou à l’intérieur des différents spectacles de sa compagnie, ont aussi eu des vies autonomes de vidéodanse dont le film Ravage, gagnant du Prix de la meilleure réalisation au San Francisco Dance Film Festival 2016 et gagnant du Prix du jury au Festival Plein(s) écran(s) de Montréal.

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Crédit: Antoine Caron

 

La compagnie

Alan Lake Factori(e), compagnie pluridisciplinaire de danse contemporaine a été fondée en 2007, et a produit récemment les spectacles Chaudières, déplacements et paysages (2009), Là-bas, le lointain (2012), Ravages (2014) et Les caveaux (2016).

Pour la création du Cri des méduses, Alan Lake a travaillé les danses avec la complicité des interprètes, dont Esther Rousseau-Morin et David Rancourt, complices de longue date. Dans une série de résidences effectuées à la Maison pour la danse de Québec et au Centre de Création O Vertigo de Montréal, les danses ont été mises au monde conjointement avec la création et l’exploration, par les interprètes, des possibilités des éléments scénographiques. Ce qui a permis de définir des « lieux » précis de danse en utilisant, par exemple : panneaux de bois pouvant devenir charrette, radeau ou murs; murs pouvant être tournés, retournés et sectionnés; panneaux transparents et mobiles pouvant délimiter l’espace. Comme dans ses spectacles précédents et toujours intéressé par les jeux avec la matière, le chorégraphe va encore plus loin dans ses recherches sur les liquides et sur les corps « salis ».

1 - Le cri des méduses - Photo Daniel Richard

Crédit : Daniel Richard

 

Les interprètes

Les interprètes sont tous danseurs professionnels ayant des carrières variées. Plusieurs ont souvent foulé les planches des scènes de Québec et leurs biographies sont en hyperliens. La distribution compète est composée de : Kimberley de Jong,  Jean-Benoit Labrecque, Louis-Elyan MartinFabien PichéDavid RancourtGeneviève RobitailleEsther Rousseau-MorinJosiane Bernier et Odile-Amélie Peters.

 

Les collaborateurs

Musique : Antoine Berthiaume

Lumières : Karine Gauthier 

Répétition : Annie Gagnon

Scénographie : Marilène Bastien et Alan Lake

Une production d’Alan Lake Factori(e) en coproduction avec Danse Danse, La Rotonde et Le Grand théâtre de Québec, le Centre de Création O Vertigo – CCOV (Producteur délégué).

 

Les liens externes

La véritable histoire (horrible) du radeau de la Méduse est racontée ici.

Des informations détaillées sur la peinture Le radeau de la Méduse de Géricault sont disponibles sur France-culture  et sur le site du Louvre.