La Rotonde
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Danse – Les multiples tentacules de La Rotonde

Danse – Les multiples tentacules de La Rotonde

Article de Frédérique Doyon paru dans Le Devoir, le 3 décembre 2011

S - Flak - José Navas - photo Micheal SlobodianLe centre de la danse à Québec fête ses 15 ans

La Rotonde à Québec aurait bien pu s’appeler la pieuvre. Tout à la fois centre de création, diffuseur spécialisé, lieu de formation, d’entraînement pour les artistes, de soutien de la relève et de développement de public, ces nombreux tentacules assurent presque tous les besoins d’une communauté dansante en plein essor.

«Il y a peu d’organismes de danse à Québec», dit Steve Huot, directeur général et artistique de La Rotonde depuis 2007, dans les murs depuis 1998. Il cite notamment L’Artère, dédié à la formation des danseurs, d’ailleurs offerte dans les studios de La Rotonde. «On est probablement l’organisme le mieux structuré. De là le rôle de pieuvre qu’on joue dans notre communauté. On est un catalyseur de danse.»

Ses rôles multiples convergent toutefois vers une action «bicéphale», que le directeur entend bien consolider. Sa face la plus connue du public? Le diffuseur spécialisé, qui offre une série de spectacles dans divers théâtres de la capitale, de la salle Multi du complexe Méduse jusqu’au Grand Théâtre de Québec, en passant par La Bordée.

Des quatre à six productions annuelles présentées jusqu’à l’arrivée de M. Huot à la direction, La Rotonde est passée à neuf spectacles annuels. Cette année, pour fêter ses 15 ans en regardant l’avenir, l’organisme en a proposé 11.

«Il faudrait monter à 15», estime M. Huot, qui brandit un taux de fréquentation annuel moyen de plus 82 % depuis 2008. «On a fait nos preuves et il faut un nombre conséquent de spectacles pour montrer la diversité de la danse, présenter plus d’artistes montréalais et étrangers tout en continuant de soutenir les productions d’artistes locaux.»

Big bang

Cette effervescence palpable depuis le milieu de la décennie 2000 est due à un petit big bang dans le milieu: l’acquisition des locaux actuels de La Rotonde dans la rue du Roi, son association avec la compagnie Le Fils d’Hadrien Danse (Harold Rhéaume) qui s’y installe en résidence permanente, la détermination de certains jeunes chorégraphes (Karine Ledoyen, Alan Lake) à créer à Québec plutôt que de s’exiler à Montréal et la permanence d’autres artistes comme Lydia Wagerer, Daniel Bélanger, Mario Veillette.

«Johanne Dor [qui a dirigé l’organisme dès les premières années jusqu’à 2007] a eu la vision que, si on ne stimulait pas la création locale, on n’arriverait pas à jouer notre rôle comme diffuseur», note M. Huot.

Cette grande proximité avec le milieu est inscrite dans l’ADN de l’institution. Fondée par Luc Tremblay, de la défunte compagnie Danse Partout, elle est rapidement passée aux mains de Johanne Dor, danseuse, chorégraphe et enseignante de l’École de Québec. M. Tremblay a eu tout juste le temps d’imposer la vision du Groupe Danse Partout, entité corporative encore active: chapeauter à la fois une école, un centre chorégraphique et une compagnie de danse. Cette dernière a soufflé ses dernières chandelles sitôt La Rotonde créée, mais celle-ci et l’École de danse de Québec continuent de porter les deux autres missions.

Maison de la danse

La face plus cachée de La Rotonde? Le centre chorégraphique qu’elle incarne aussi: un lieu de création et de production. C’est l’autre cheval de bataille de M. Huot, qui souhaite une plus grande reconnaissance de cette dimension. Ses trois studios fonctionnent à pleine capacité (dont un installé dans des espaces loués dans le même édifice). Les résidences d’artistes se limitent pour l’instant à l’accueil d’artistes locaux.

C’est ici qu’entre en jeu le projet de Maison de la danse caressé depuis 2008, qui vise l’acquisition de tout le bâtiment actuel. «On aurait ainsi six studios, dont un pour la diffusion des productions émergentes, les laboratoires de création et événements spéciaux (en fin de résidence, par exemple)», explique M. Huot. Son organisme gère aussi le programme Première Ovation, dédié à la relève et financé par la Ville et le ministère de la Culture, qui stimule la demande de studios.

Pour le reste, l’organisme préfère encore squatter les autres salles de la capitale, avec leur public à moitié conquis… La Ville adhère au projet de Maison de la danse, l’a d’ailleurs inscrit au programme triennal d’immobilisations.

«On attend un accord de principe du cabinet» de la ministre de la Culture, indique le dynamique directeur. Ça ferait un sacré cadeau de 15e anniversaire…

Source : Le Devoir, Frédérique Doyon

 

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