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Junkyard / Paradis – QUELQUES MOTS SUR CEUX QUE J’AIME…

Junkyard / Paradis – QUELQUES MOTS SUR CEUX QUE J’AIME…

03 mars 2011

Voici un article paru dans le blog de Catherine Viau, Le danseur ne pèse pas lourd dans la balance, le 31 janvier 2011.

Brianna, Angie, Jacques et Nicolas

QUELQUES MOTS SUR CEUX QUE J’AIME…

Junkyard / Paradis - Angie Cheng et Nicolas PatryNicolas Patry est un être inquiet. On sent parfois sa réticence à prendre le plancher. Pourtant, son corps lui oblige une magnifique prestance avec laquelle il doit composer. Il est en constante bataille avec lui-même. Ça fait de lui un danseur aux aguets! Persuadé qu’il est, que le vrai combat est à l’intérieur.

J’aime le voir se déployer de tout son long. Quand il se cabre, c’est un saule qui pleure. D’ailleurs, il y a toujours une petite tristesse dans l’œil qui persiste. Suis-je la seule à la déceler ? C’est dans cette faille que souvent je m’immisce. J’y puise quelque chose qui ressemble à une colère, un manque, une brisure ou une perte. Ça se révèle parfois dans le mouvement, souvent dans le silence. Ces choses-là ne se matent pas. Elles existent et se magnifient sous les lumières de la scène. C’est ça qui est merveilleux avec la danse de Nicolas.


Angie Cheng
est une artiste fascinante. Secrète. Discrète. Silencieuse. Mystérieuse. D’une intelligence redoutable, étrange, singulière qui ne cherche pas l’approbation. Elle se donne comme une offrande le dimanche. Quand son rire éclate, il est prompt, surprenant, aiguisé, sans détour… Comme une gifle au cinéma !

Sa présence impose tranquillement. Sa tranquillité s’impose densément. Il n’y a pas de flafla, pas de froufrou. Elle est. Un point c’est tout.

Quand son corps s’emporte, c’est l’air autour d’elle qui s’incline, se courbe et fléchit. Certaines personnes commandent ce respect-là. Angie est une d’entre elles.

Junkyard / Paradis - Brianna Lombardo et Jacques Poulin-DenisBrianna Lombardo est une force de la nature. Beauté sans équivoque. Femme sans peurs. Courage au cœur. Regard bienveillant, perçant, perforant. Voix de tragédienne. Répartie du stand-up comic. Centre enraciné. Élan ailé. Elle aborde chaque répétition comme un soir de gala. Comme si tout pouvait arriver.

Il y a un mélange de sacré et de païen dans son geste. Comme si chaque mouvement avait l’éclat d’un gallon de peinture rouge qu’on aurait lancé sur un mur blanc.

Sa danse est déchirante. Mortelle, dans le bon sens du terme.

Son humilité l’honore. Elle ne sait pas combien elle impressionne. Ce qui lui donne encore plus de valeur, celle de la modestie. L’étoffe des grands !

Jacques Poulin-Denis est un indocile. Un vrai rebelle qui refuse les conventions. Avec lui, tout s’invente et se réinvente, toujours et tout le temps. Tout se bouscule. Les idées, les images, les concepts, les symboles… Chez lui, tout est en constante évolution ! Ça peine à rester en place. Ce n’est pas un danseur ordinaire. Son esprit s’époumone autant que son corps.

S’il n’est pas un homme de compromis, il a plutôt l’intelligence de l’alternative. Toujours un autre chemin à emprunter. Toujours une autre voie à essayer. Je sais que c’est un complice car je n’ai jamais peur de me perdre quand je suis en sa compagnie.

Il est drôle. Touchant. Grave. Et tragique parfois. Quand il danse, on ne peut que s’incliner devant la beauté de son geste et l’intelligence de son corps.

Mélanie Demers