Running Wild

Pour Noam Gagnon et Dana Gingras, le corps demeure le lieu sacré où s’impriment à tout jamais des expériences puissantes qui y laissent des marques ineffaçables, telles des tatouages. Leur danse peu commune s’est fait connaître à travers le monde par un travail excessivement exigeant explorant les limites de l’endurance humaine : mouvements rapides et répétitifs remplis à ras bord d’une présence électrisante, rythme infernal évoquant l’expiation, charge épuisante aboutissant à une sorte de transe. En 1997, our brief eternity produisait un puissant impact sur le public de La Rotonde, à Québec. En 2001, avec Circa, une œuvre moins extrême quoique très intense, The Holy Body Tattoo envoûtait à nouveau le public québécois dans une ambiance de tango.

Voici maintenant Running Wild, une toute nouvelle création, encore plus intime que Circa peut-être, et qui explore, à travers trois duos et deux solos, l’espace doux-amer dans lequel évoluent les relations humaines. Quatre danseurs sur scène. L’accent ici est mis sur le mouvement, la danse comme telle. L’aspect multimédia est momentanément mis de côté. Voyageant dans les replis des souvenirs, s’attardant aux couches sombres de la mémoire, les chorégraphes traquent ici les traces enfouies du désir. Contradictoire désir, bercé par la langueur, troublé par l’égarement, aiguisé par la résistance, finalement soumis à l’abandon. Chacune des pièces, solo ou duo, fouille les pouvoirs contraires de libération ou de désintégration de la personne sous l’emprise du rapport amoureux. On y retrouve, dans les dédales de l’environnement étrange dans lequel baignent les œuvres, la poursuite de l’intégrité chère à The Holy body Tattoo et l’ardent désir de prendre racine dans une force intérieure.