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Prototype singulier | Critique d’Olivier Arteau-Gauthier

Prototype singulier | Critique d’Olivier Arteau-Gauthier

29 janvier 2014
Photo: Wendy D. Photography

Photo: Wendy D. Photography

Nous retrouvons ici la critique d’un spectateur au regard et à la plume affûtés: Olivier Arteau-Gauthier.

Si le théâtre et la danse font bon ménage dans les créations contemporaines, il n’en demeure pas moins que l’on questionne constamment la question du genre artistique. Out Innerspace Dance Theatre, quand à eux, nous prouve que l’indéfinissable a meilleur goût et que s’il existe un genre, il ne se définit qu’à eux deux!

C’est dans un noir complet que la pièce s’ouvre. Un abat jour et un point lumineux suffisent à nous introduire dans un univers ludique qui intrigue par son étrangeté. Une lampe, à l’allure de PIXAR, scrute l’univers vide dans lequel elle est inscrite en plus de nous introduire peu à peu au deuxième protagoniste. Peut-il y exister danse sans corps? Oui. Ici, la danse s’inscrit dans le mouvement ; celui d’une lumière. On découvre alors à quel point le mouvement est sensible, qu’il peut à la fois, surprendre et inquiéter. Il ne s’agit pas ici de prouesses, mais de rythmes et d’accélérations dans l’espace. Un faisceau lumineux semble alors suffisant afin d’évoquer, chez le spectateur, des rires et des souffles suspendus.

Par la suite, les danseurs nous invitent dans leur intimité, dans ce qu’ils semblent partager au quotidien ; sarcasme, compassion, humour débridé. C’est par une gestuelle dynamique voire acrobatique qu’ils proposent leur univers. La chorégraphie saccadée, quasi graphique, crée une distance émotionnelle avec le spectateur. Étant donné qu’ils calquent leur gestuelle très précisément sur la musique, la part de liberté devient presque absente. Le flux énergique est parfois freiné lorsque nous en avons faim. Aussi, on assiste à des portées nouveau genre, une utilisation des technologies originale et une belle mise en espace par la lumière. Bref, la composition des éléments du spectacle sont en harmonie avec l’ambiance que les deux interprètes nous imposent.

On ne peut passer sous silence l’écoute du couple de danseurs et c’est là que la magie  opère. Ils sont deux. Ils sont là pour l’un et l’autre. Ils s’amourachent, s’extirpent et se confondent. La musique utilisée durant le spectacle rappelle des sonorités orientales contemporaines. L’opposition entre l’ambiance sonore très froide et la complicité des interprètes crée un effet saisissant. La couleur des mots donne alors vie à ce qu’on utilise rarement en danse contemporaine : la voix. Même s’ils ne parlent pas, les chants japonais accentuent le dialogue singulier qui s’opère entre eux.

Débridé, parfois décousu, mais fidèle à ce que sont les interpètes serait la meilleure façon de décrire ce spectacle qui, assurément, ne laisse pas indifférent. Qu’on aime ou pas, on doit applaudir leur audace et leur honnêteté de livrer non seulement ce qu’ils apprécient, mais ce qu’ils dévorent. Sans aucun doute… le buffet est servi!

Auteur : Olivier Arteau-Gauthier