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Archive for avril 10th, 2018

Chroniques du regard 2017-18 No 15 – Solitudes duo – Daniel Léveillé danse

Solitudes duo de la compagnie Daniel Léveillé Danse sera présenté deux soirs à la Salle Multi de Méduse. Le spectacle pour 7 danseurs, créé en 2015, est en fin de tournée internationale, après avoir été présenté dans différents pays européens et dans plusieurs salles québécoises et canadiennes. Le spectacle est composé d’une série de 6 duos mettant en scène des danseurs fabuleux (quatre hommes et trois femmes). Dans une danse extrêmement précise et exigeante, sont mises en lumière les possibilités expressives et athlétiques des différentes combinaisons possibles croisant les genres (Homme-homme, Homme-femme et Femme-femme). Ce spectacle fait partie du plus récent cycle de création du chorégraphe montréalais Daniel Léveillé, récipiendaire du Grand Prix de la danse de Montréal en 2017.

 

« Solitudes duo » c’est pour vous si vous avez aimé le spectacle Solitudes solo présenté par la Rotonde en 2016.

 

« Solitudes duo » c’est pour vous si vous aimez les danses athlétiques, simples et épurées.

 

« Solitudes duo » c’est pour vous si vous voulez continuer d’apprécier l’œuvre d’un chorégraphe québécois reconnu internationalement.

 

Daniel Léveillé Danse ( DLD ), Montréal,

Le spectacle

Pendant un peu plus d’une heure, s’enchaîne une série de duos d’une dizaine de minutes chacun. Les combinaisons genrées sont multiples et présentent les danseurs dans une esthétique typique du chorégraphe : des corps presque nus impliqués dans des actions réelles avec des difficultés d’exécution évidentes. Les mouvements sont ardus et les positions seraient hasardeuses pour des corps non-entraînés. Les efforts des danseurs restent apparents et les possibilités d’échecs sont multiples. Les interprètes sont toutefois devenus des experts à surmonter ces contraintes et arrivent souvent à transcender les instructions pour présenter une danse qui sublime les contraintes chorégraphiques.

Dans une présence simple et attentive, les interprètes doivent habiter avec précision l’organisation spatiale et architecturale de la chorégraphie, l’œil de Léveillé étant très sensible à ce type de mises en place. Le cadre visuel, délimité par le tapis de couleur pâle et les lumières clairement définies, cloisonne l’action pendant la durée des duos. L’espace ne sera ouvert que pour les changements de sections, lorsque l’un des deux danseurs se retrouvera dans une nouvelle combinaison de partenaires ou lorsqu’un duo sera remplacé par un nouveau couple de danseurs. Ces changements coïncident habituellement avec un changement de musique et d’ambiance.

Les duos présentés peuvent être perçus comme deux solos simultanés dans le même espace-temps (sans doute, le sont-ils) et être relationnels par défaut. Toutefois, les choix d’accompagnement musicaux donnent de bonnes pistes pour que chaque spectateur, s’il le désire, puisse se faire son histoire. Dans un entretien avec Nathalie Yokel, le chorégraphe indique : « Ce que l’on voit en premier, c’est la relation qui se crée entre deux personnes, et le public crée aussi son interprétation de la relation. C’est fascinant car ce n’est pas quelque chose que l’on maîtrise ! ». Les différents duos, accompagnés de musique baroque de J.S. Bach (1685-1750), de clavecin percussif et percutant de Pancrace Royer (1703-1755) ou de musique rock psychédélique des années 1970 (Doors et Beatles), oscillent entre la tendresse, la compétitivité, la recherche amoureuse et sexuelle, et chacun des duos comporte intrinsèquement une bonne dose d’érotisme, dans la signification classique où Éros = force de vie.

Comme dans la structure chorégraphique de Solitudes solo, les mouvements à la base des danses sont cumulatifs d’une section du spectacle à la suivante, par exemple : une giration du bassin présentée dans le premier duo évolue en amplitude d’un duo à l’autre et finit par devenir plus tard un grand tour incluant tout le torse; les portés utilisés dans tous les duos suivent aussi une gradation logique dans leurs constructions et leurs possibilités;  l’utilisation expressive des mains évolue aussi, parfois avec des références culturelles très précises. Cette évolution des gestes tient lieu de trame narrative : « Les corps se lovent, s’envolent dans d’acrobatiques et tendres portés, s’effondrent sous le poids du mépris. Les semblables se rencontrent en miroir. La nature du lien se lit dans les regards, les tensions de la chair, la qualité du contact. Pudeur, passion, indifférence, affection et gourmandise s’expriment … Force, grâce et émotion se conjuguent dans l’exploit technique d’une danse exigeante, pour notre plus grand bonheur. » Source : Fabienne Cabado

 

Le chorégraphe

Daniel Léveillé a signé sa première chorégraphie en 1977 au sein du Groupe Nouvelle Aire où il a été formé. Il a ensuite travaillé comme chorégraphe indépendant avant de fonder en 1991 la compagnie qui porte son nom. Il a enseigné la composition et la chorégraphie au département de danse de l’UQÀM de 1988 à 2012. En 2001, il entreprenait un nouveau cycle de création (cycle de l’imperfection, comprenant trois chorégraphies) qui lui a permis une reconnaissance internationale en imposant un style de danse fondé sur un regard clinique du mouvement, sans compromis dans la forme ni dans la présentation. Son style intègre le minimalisme et la répétition dans le mouvement, la nudité des danseurs et la radicalité du discours.

Il déclarait, lors de la remise du Grand prix de danse de Montréal en 2017 :   «J’ai beaucoup écrit avec le corps… Je lui ai demandé de sculpter l’espace, de le faire vivre, de s’arrêter sec, de sauter, plus haut encore si possible, d’accélérer, de ne plus respirer, de tourner, plus longtemps, encore plus longtemps, de s’étourdir, de s’épuiser, de m’émouvoir aux larmes, de m’étonner. Je lui ai demandé l’impossible, surtout l’impossible, jusqu’à atteindre l’imperfection. Parce que je crois que c’est là, dans cette imperfection, que se love son humanité.»

Au répertoire la compagnie, on retrouve : Le sacre du printemps (création en 1982 et reprise en 2017), Amour, acide et noix (2001), La pudeur des icebergs (2004), Crépuscule des océans (2007), Solitudes solo (2012) et Solitude duo (2015).

Aussi, depuis une dizaine d’années, la compagnie parraine et accompagne également la démarche de quelques artistes montréalais de la danse pour la production et diffusion de leurs œuvres, dont certains chorégraphes-danseurs déjà présentés lors des récentes saisons de La Rotonde : Catherine Gaudet, Fred Gravel et Manuel Roque.

 

DLD Crédit Denis Farley avec Emmanuel Proulx_Ellen Furey(3)

 

Les interprètes

Daniel Léveillé déclare en entrevue avec Elise Boileau, à propos des interprètes de Solitudes duo qui, pour la plupart, travaillent avec lui depuis une dizaine d’années :  « (ils) savent l’espace de liberté qu’ils ont pour amener cette matière gestuelle vers quelque chose de moins technique ou abstrait. En fait, ils apportent une chaleur humaine, une couleur à cette relation à deux. Cela fait partie de l’appropriation pour les danseurs, et ils le font très bien. »

Les interprètes  sont : Mathieu CampeauEllen FureyEsther GaudetteJustin GionetBrianna LombardoEmmanuel Proulx et Simon Renaud.

 

Les collaborateurs

Aux éclairages : Marc Parent.

Aux costumes : Geneviève Lizotte.

À la direction des répétitions : Sophie Corriveau

 

Les critiques

« La beauté se trouve dans les mouvements qui semblent la suite de plusieurs sculptures, dans les veines gonflées par l’effort, dans les pulsations du ventre, dans les côtes qui dessinent leur profil sur les torses tendus au maximum, dans les muscles qui s’agglutinent, dans la respiration qui s’accélère, dans les étreintes qui deviennent coït et lutte, acceptation et refus, hostilité et solidarité, tout et son contraire. Il suffit de savoir la regarder avec les yeux du poète, et elle se fait voir, cette beauté. »
La Nuova, Ferrara, lundi 30 novembre 2015

Léveillé challenges his dancers to go to their limits, to do things that are physically perhaps just at the edge of their capabilities. Then again, stripped to their undergarments, there is nowhere to hide. The dancers are fully on display in all their vulnerability. The audience, too, has nothing to hide behind either… Léveillé has created another masterful work with his signature style. The dancers do an outstanding job bringing life and movement to Léveillé’s ideas and deliver powerful emotions to all. Stripped dance back to its essence, removing all artifice, Léveillé creates a piece of great beauty that celebrates the human condition.”
Source: Rachel Levine

« Avec une maîtrise admirable, Daniel Léveillé signe ici une chorégraphie volontairement dépouillée, mais jamais simpliste, qui s’articule autour d’un vocabulaire immédiatement intelligible. Enroulements, déhanchements, déséquilibres contrôlés, sauts groupés, gestes reproduits à l’unisson, corps tendus dans un prolongement commun deviennent motifs d’une partition aux rhétoriques aussi limpides que celles des pièces musicales choisies. »
Lucie Renaud, Revue Jeu (Canada)

« Ce que propose Léveillé est sexy en diable sans jamais être vulgaire ni voyeur. Ces ballets à deux ne sont effectivement que des solitudes qui se séparent toujours sans se regarder à peine. Il y a ici une compréhension très juste des rapports humains. Une pièce intense, puissante, qui questionnera votre rapport au jeu de séduction. »
Toutelaculture.com (France)

« Ici, six tableaux d’une douzaine de minutes chacun, explorant plusieurs configurations de couples. Pas de concession au suave et au liquide : on est en présence de corps massifs, de mouvements bruts, de séquences successivement bouclées et discontinues. Les corps s’aimantent plus qu’ils ne s’unissent, et l’on assiste davantage à une sorte de lutte gréco-romaine entre deux forces contradictoires qui s’avouent, tour à tour, vaincues ou victorieuses… »
Source :  Mathias Daval 

 

Daniel Léveillé Danse ( DLD ), Montréal,

Photos : Denis Farley

Corps Accords : Infinity Doughnut

Notre coordonnatrice à la programmation, Marie-Hélène, vous propose une sélection de deux vins – un blanc, un rouge – pour accompagner les représentations de Infinity Doughnut de la Compagnie Katie Ward. Les vins seront disponibles sur place avant et après les représentations !

Yalumba “The Y Series” Viognier, Australie du Sud

Vin blanc issu de la fermentation du cépage viognier, 2017, 13,5 degrés d’alcool, 750 ml.

Le viognier a fait son entrée chez Yalumba après un voyage de son vigneron en chef dans la vallée du Rhône et sur le territoire de prédilection du cépage, dans les appellations Condrieu et Côte Rôtie, au début des années 1970. Complètement captivé par le caractère insaisissable du viognier, avec un côté voluptueux évident, le vigneron est revenu au vignoble avec des idées qui allaient inévitablement influencer la manière de la Maison de vinifier en blanc.

En 1980, la Maison a planté 1,2 hectares de vigne du cépage viognier au vignoble Vaughan, juste à côté des terres vénérables de Yalumba. Ce vignoble, localisé sur un versant montagneux de la vallée Eden, constituait la toute première plantation commerciale de viognier en Australie. Maintenant, près de 40 ans plus tard, le viognier représente 70% de la surface plantée en blanc en Australie et Yalumba garde, au sein de sa gamme régulière, 6 vins distincts issus de viognier.

Le viognier donne un vin blanc d’une très grande finesse. Très parfumé, le vin est  extraordinairement gras et souple. Il est particulièrement riche en arômes floraux et fruités : chèvrefeuille, jasmin, rose, violette, tilleul, puis lime, abricot, pêche, mangue, accompagnés d’une touche de gingembre, de citronnelle, de musc, et un délicat caractère minéral.

 

J’ai choisi ce vin car…

  • Le cépage viognier est unique en son genre, comme l’est le travail de Katie Ward;
  • Il offre plus que du plaisir à le boire, il offre une expérience en soi. Un expérience sensorielle complexe, riche en saveurs et tout en nuances. Et c’est exactement ce que propose le spectacle de Katie Ward. Une expérience généreuse, immersive, qui fait appel à tous les sens;
  • La danse dont les corps s’animeront ce soir est réactive et vigoureuse; c’est ce que vous devriez ressentir en bouche à la première gorgée de Viognier Yalumba;
  • Enfin, l’artiste vous invite à céder à la spontanéité pour apprécier le changement généré par les différentes interconnexions à son œuvre, et le vin vous invite à en faire tout autant. Allez-y, voyez par vous-mêmes!

 

Organic Red Wine, Craft & Origin (Home of Origin Wine), Afrique du Sud

Vin rouge, assemblage de syrah, et de cabernet-sauvignon, 2016,12,5 degrés d’alcool, 500 ml.

Le Organic Red Wine de Craft & Origin est un assemblage de syrah et de cabernet-sauvignon produit en Afrique du Sud aux caractéristiques typiques des vins de cette région : souple, rond, gorgé de fruits (cerise, framboise, prune) et de soleil, ce qui lui confère une présence vivifiante en bouche.

 

J’ai choisi ce vin car…

  • Son apparence parfaitement inattendue et inhabituelle crée en elle seule une expérience unique: le vin est présenté dans une bouteille de bière en verre brun, fermée avec une capsule, dotée d’une étiquette au design résolument contemporain, tout cela suscitant nombre de questions, tout comme la forme non traditionnelle du spectacle de la Compagnie Katie Ward;
  • Aussi, on peut lire, sur la contre-étiquette :
  • « En tournant la bouteille, tu t’attendais à trouver une explication sur les cépages, l’origine, les notes de dégustation et les accords mets/vins? Pas de ça ici! Mais on te félicite quand même, tu as fait le bon choix, ce vin est super bon! Maintenant, arrête de lire : la vie est trop courte pour tous ces blablas marketing. »
  • Voilà un commentaire qui a tout des formes et modalités de prestation nouvelles et singulières, dans la vie comme en art. Le travail de la chorégraphe Katie Ward n’est pas étranger à ce concept. Au contraire, il s’y colle totalement. De plus, Katie Ward privilégie une esthétique accessible par l’utilisation de l’humour, d’une sensibilité pop et d’une physicalité proche de la bande dessinée, et c’est exactement ce qui se présente à nous alors que nous tenons une bouteille d’Organic Red Wine de Craft & Origin entre nos mains.

 

Il est temps de choisir votre verre et de voyager au gré du spectacle et du vin!

Bonne soirée!