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Chroniques du regard 2019-2020 | 06 – Vraiment doucement Marie-Noële Pilon

Chroniques du regard 2019-2020 | 06 – Vraiment doucement

03 février 2020

Vraiment doucement de Victor Quijada (compagnie RUBBERBBAND)

Suite à sa présentation de Quotient Empirique en 2015, le chorégraphe montréalais Victor Quijada revient à Québec avec sa compagnie RUBBERBAND. Sur la grande scène de la salle Louis-Fréchette, dix danseurs et deux musiciens participeront à Vraiment doucement, une chorégraphie de 70 minutes présentée un soir seulement, le 18 février. Fruit d’un long travail de recherche et de développement, ce nouvel opus concrétise la mise en action de la Méthode RUBBERBAND, une fusion des apports techniques et stylistiques des danses de rue, de la danse contemporaine et du ballet. Les danseurs-interprètes ont tous été formés à cette méthode créée et enseignée par le chorégraphe, un travail qu’il partage et diffuse à l’internationale, dans différents cadres, depuis plusieurs années.

06 - Vraiment doucement - crédit Marie-Noële Pilon

 

Vraiment doucement, c’est pour vous si vous aimez la danse actuelle métissant plusieurs influences.

Vraiment doucement, c’est pour vous si aimez les spectacles d’envergure présentés sur une grande scène.

Vraiment doucement, c’est pour vous si vous avez apprécié Quotient Empirique, le spectacle précédent de RUBBERBAND.

 

06 - Vraiment doucement - crédit Marie-Noële Pilon

Le spectacle

Créée en décembre 2018 à la Place des Arts de Montréal, Vraiment doucement est une chorégraphie qui met clairement en valeur la notion de groupe. Le spectacle inclut les inévitables notions d’harmonie de groupe dans une synchronicité de mouvements et de styles, mises en opposition au rejet d’un membre du groupe confronté à la difficulté de s’affirmer en tant qu’individu.

Mettant en valeur dix danseurs formés à la Méthode RUBBERBAND dans des mouvements athlétiques et énergiques, la danse est indubitablement rattachée à l’époque contemporaine par ses thèmes et ses recherches. Comment intégrer les influences du passé pour trouver sa place dans la société actuelle? Comment interagir avec les autres membres de sa communauté afin de faire fructifier celle-ci sans s’oublier? Dans la recherche gestuelle pour la création du spectacle, chaque interprète a eu la possibilité de plonger en lui-même pour personnaliser la Méthode RUBBERBAND, l’enrichir à travers des performances athlétiques, mais aussi la transcender en y intégrant des notions de souffle et de micromouvements. Ces notions ont pu mener à une certaine exploration de la souffrance, de la tristesse et du chaos, et même à une certaine violence, physique ou psychologique.

Cette mise en scène de l’énergie vitale retrouvée dans l’urgence et le chaos, dans la révolte et la fuite, présente le monde contemporain avec sa beauté et ses laideurs. On y reconnait les batailles incessantes contre le bombardement continu d’informations souvent polarisantes, nuisant au calme et à la résilience désirés par chacun. Accompagnés sur scène par deux musiciens jouant de la guitare électrique aux influences rock, de la batterie aux rythmes hip-hop, ainsi que du violon, du piano et de la guitare acoustique, les danseurs arrivent à faire évoluer la Méthode RUBBERBAND par leurs instincts et leurs expertises.

Dans un désir constant d’excellence et de reconnaissance internationale, la compagnie présente, avec Vraiment doucement, son premier spectacle pour grand plateau, un jalon important pour son développement stylistique et artistique. Créé en collaboration avec différents producteurs et diffuseurs internationaux à travers une série de résidences (Boston, New-York et Toronto; trois résidences au Québec, dont DanseDanse à Montréal, qui fut le premier diffuseur), le spectacle sera présenté durant la saison 2019-2020 dans plus de dix villes nord-américaines dont New-York, Vancouver, Boston, Seattle et Dallas.

06 - Vraiment doucement - crédit Marie-Noële Pilon

Le chorégraphe et la compagnie

Directeur artistique et chorégraphe prolifique de la compagnie RUBBERBAND, Victor Quijada est installé à Montréal depuis une vingtaine d’années. Il a travaillé à la fusion originale de trois styles-techniques-esthétiques qu’il avait appris à maîtriser, d’abord dans les rues et les clubs de Los Angeles, et ensuite au cours de sa carrière d’interprète dans des compagnies professionnelles reconnues, dont celle de Twyla Tharp et chez les Grands Ballets Canadiens.

Fondée en 2002, la compagnie RUBBERBAND lui permet alors un cadre de recherches et d’expérimentations chorégraphiques qu’il concrétise dans plusieurs spectacles de petites et moyennes formes, auxquels s’ajoutent plusieurs projets vidéographiques ou filmiques.

Ses œuvres, inséparables de la Méthode RUBBERBAND, sont toujours teintées de théâtralité et remplies d’une grande énergie kinesthésique mise en action sans perte de précision du geste. Elles ont été diffusées mondialement depuis plusieurs années : stages et ateliers dans de nombreuses universités, compagnies, institutions et événements de danse et de cirque. En 2015, j’écrivais dans ma Chronique du regard : « Le chorégraphe fait aussi, depuis peu, partie de l’équipe d’enseignement de la prestigieuse Glorya Kaufman School of Dance (University of Southern California) sous la supervision du conseiller artistique William Forsythe, une des figures de proue du renouvellement international du ballet contemporain et des principes de composition chorégraphique. »

Quijada a travaillé entre autres pour le Pacific Northwest Ballet, pour la compagnie Hubbard Street Dance Chicago et pour le Scottish Dance Theatre. Ses œuvres incluent aussi plusieurs films dont Hasta La Próxima (2004), finaliste aux American Choreography Awards, et Gravity of Center (2012), récipiendaire du Best Experimental Short au CFC Worldwide Short Film Festival. Quijada a aussi chorégraphié les clips Man I Used to Be de k-os, La garde d’Alexandre Désilets et Blue Wonderful d’Elton John.

Victor Quijada reçoit régulièrement la reconnaissance de ses pairs et des institutions de la danse : artiste en résidence à l’Usine C (2004) et à la Place des Arts (2007-2011); prix du Rayonnement international de l’Assemblée canadienne de la danse (2012); deux prix de la Princess Grace Foundation-USA (Choreography Fellowship, 2010; Work in Progress Residency, 2016). En décembre 2017, il recevait le Prix de la diversité culturelle des Prix de la danse de Montréal et, en 2019, était finaliste au 34e Grand Prix du Conseil des arts de Montréal. Selon le site des Prix de la danse de Montréal 2017 : « Victor Quijada a joué un rôle de précurseur en ouvrant la scène à la danse de rue, démocratisant ainsi une danse longtemps marginalisée et redonnant leurs lettres de noblesse aux artistes de la danse urbaine. Ce prix vient reconnaître sa contribution exceptionnelle au développement disciplinaire par la richesse des œuvres créées, l’originalité de sa démarche et son engagement indéfectible auprès de la communauté des danseurs urbains, et plus précisément, pour la professionnalisation des artistes de la relève. »

06 - Vraiment doucement - crédit Marie-Noële Pilon

Les interprètes

La chorégraphie de Victor Quijada a été créée en collaboration avec les interprètes.

La distribution de la tournée 2019-2020 comprend les dix jeunes danseurs : Amara Barner, Jean Bui, Daniela Jezerinac, Jontae McCrory, Sydney McManus, Jessica Muszynski, Brontë Poiré-Prest, Jerimy Rivera, Ryan Taylor et Paco Ziel.

Les collaborateurs

Les compositions originales et l’interprétation de la musique sur scène sont de Jasper Gahunia et William Lamoureux.
À la dramaturgie : Mathieu Leroux
À la direction musicale : Jasper Gahunia
À la conception des éclairages : Yan Lee Chan
À la création des costumes : Cloé Alain-Gendreau
À la direction de production : Florence Cardinal
À la direction technique : Simon Cloutier

06 - Vraiment doucement - crédit Marie-Noële Pilon

Les critiques

« Une œuvre où le langage du coeur se joint à celui de la danse et de l’émotion, souvent en ramenant le geste au sol, plateforme de tous les possibles. » Élie Castiel, Séquence.

« Des images fortes ponctuent le dépouillement progressif des interprètes qui, tantôt prédateurs et bourreaux se dressent les uns contre les autres, tantôt compagnons de galère se ressoudent et se solidarisent ; des moments où s’illustre un magnifique travail de portées, virtuose et incarné. L’hybridation entre les codes des danses urbaines et de la danse contemporaine peaufinée par Victor Quijada depuis des années à travers la méthode Rubberband donne lieu à des enchaînements spectaculaires. […] Vraiment doucement impressionne par la cohérence que parvient à maintenir le groupe face aux nombreuses ruptures de ton qui lui sont imposées. » Mélanie Carpentier, Le Devoir.

Les liens externes

La bande-annonce de Vraiment doucement et une entrevue du chorégraphe sur le spectacle.

Une courte vidéo sur la Méthode RUBBERBAND.

Le site de la compagnie. Les liens vers leurs pages Facebook et Youtube.

La page Wikipédia de Victor Quijada.

Finalement, le court métrage Gravity of Center (2012, 14:17).

 

Photos : Marie-Noële Pilon