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Chroniques du regard 2019-2020 | 02 – De la glorieuse fragilité

De la glorieuse fragilité de Karine Ledoyen (Danse K par K)

Karine Ledoyen, chorégraphe de Québec, présente De la glorieuse fragilité son plus récent spectacle intégrant quatre danseurs, deux hommes et deux femmes, ainsi qu’une artiste vidéaste captant et traitant des images en direct. Cette nouvelle œuvre multidisciplinaire, ludique et accessible est basée sur les témoignages de danseurs professionnels ayant terminé leur carrière d’interprète et quitté la scène. Leurs paroles inspirent les thèmes abordés : le deuil, la célébration, l’échec et la réussite. De la glorieuse fragilité sera diffusé trois fois à la salle Multi de Méduse.

02 - De la glorieuse fragilité - crédit David Cannon

 

De la glorieuse fragilité, c’est pour vous si vous aimez les spectacles basés sur les réalités humaines.

De la glorieuse fragilité, c’est pour vous si vous aimez la danse accessible.

De la glorieuse fragilité, c’est pour vous si vous voulez célébrer la danse et ses interprètes.

 

02 - De la glorieuse fragilité - crédit David Cannon

Le spectacle

Le spectacle commence, dès l’entrée du public, par le ramassage d’une fête à laquelle nous n’avons pas assisté. Nous y aurons accès par certaines images projetées sur un écran en fond de scène. Écran qui, tout au long de la performance, donnera aux spectateurs toutes sortes d’informations. Les confettis, chapeaux de fête et décorations sont remisés afin de laisser l’espace vierge.

Au fil du spectacle, nous aurons accès, sur l’écran ou dans une bande sonore, à des extraits d’entrevues faites auprès d’une vingtaine de danseurs ayant quitté leur carrière d’interprète. En recevant à notre tour les témoignages recueillis par la chorégraphe, nous pourrons conclure que cette fête en était une d’adieu. Adieu à une carrière de danseur, adieu à une activité totalement prenante pour qui la pratique professionnellement et, surtout, changement d’attitude face un art qui marque les individus même s’ils en cessent la pratique quotidienne.

Les entrevues recueillies témoignent de l’amour de la danse et deviennent une trame narrative coexistant avec la danse scénique. Cette relation marquante entre l’art de la danse et ceux qui ont quitté la scène (sans que la danse ne les quitte) peut permettre de réfléchir sur d’autres aspects de la vie impliquant fragilité, imprévu, imperfection, équilibre, justesse, ajustement, dépassement, possibilités et victoires.

Parallèlement aux témoignages et en écho aux différentes danses effectuées devant public, l’écran sert à soumettre quelques questions ou à lancer des pistes de lecture concernant les mouvements et enchaînements sur scène. L’écran est aussi utilisé pour projeter en direct les images tournées par la vidéaste qui gère la vidéo en temps réel. Celle-ci quitte d’ailleurs parfois le côté de scène pour aller filmer de près certains détails : « Si elle restera la plupart du temps discrète, la vidéaste entrera elle aussi sur scène pour filmer directement les danseurs en plans rapprochés. Loin d’être invasive, cette intervention à quelques centimètres des corps permet de partager de manière intime la proximité indissociable à la danse… Loin d’écarter l’attention du public des danseurs, cette approche interactive la concentre et joue un rôle crucial, donnant à De la glorieuse fragilité, la dimension humaine qui fait sa réussite. » Source : Céline Stoquart, Sors-tu.ca

Fidèle à une méthode de création qu’elle continue à développer au fil de ses défis chorégraphiques, Karine Ledoyen propose, dans De la glorieuse fragilité, une structure impliquant des jeux et permettant la mise en place d’un spectacle pouvant être modulé à chaque présentation. Pour les danseurs, les règles sont strictes mais permettent toutefois une ouverture du champ des possibles, tout en restant connectés à leur fragilité humaine. « Les danseurs sont formés pour cacher les failles, mais ce qui me touche le plus dans leur travail, c’est au contraire quand il y a des petites choses qui ne marchent pas et qu’ils doivent s’adapter et se réorganiser pour faire face à l’imprévu, affirme la chorégraphe. Au début de chaque projet, j’essaie donc de trouver une nouvelle façon d’amener la fragilité sur scène. » Source : Mélanie Carpentier, Le Devoir

D’une part, pendant le spectacle, les relations entre interprètes peuvent contenir des interactions verbales. D’autre part, l’interprète peut décider en temps réel du temps alloué à sa routine. Il peut aussi jouer de sa vitesse d’exécution, de son déplacement dans l’espace scénique et autres variables. Les objectifs de mouvements imposés par la chorégraphe sont périlleux et les danseurs peuvent ne pas les atteindre pleinement ou faillir à la tâche en tombant, en manquant d’équilibre ou en n’ayant pas la possibilité d’effectuer une tâche au complet.

De plus, chaque participant a droit de regard sur le jugement de sa propre performance et peut réclamer du temps pour reprendre l’action qu’il vient de faire, s’il la juge insuffisante ou ne répondant pas à ses attentes. Ce qui se passe sur scène est réel et influence le cours du spectacle. Le jeu du dépassement des limites est stimulant pour les interprètes, mais toujours fait avec confiance et bienveillance envers les partenaires.

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La chorégraphe

Bien connue dans la Capitale comme étant une créatrice prolifique et investie dans la communauté, Karine Ledoyen propose ici un pas de plus dans une démarche artistique basée sur la fragilité de l’existence, l’art et les relations humaines. En plus de son travail artistique, elle est présentement en étude de maîtrise à l’Université Laval.

Formée à L’École de danse de Québec, Karine Ledoyen a débuté sa carrière professionnelle en France. Revenue au Québec après quelques années, elle a dansé pour la compagnie Le fils d’Adrien danse jusqu’en 2006 avant de fonder Danse K par K, une compagnie de recherche, de médiation culturelle et de production de spectacles de danse contemporaine qui célèbrera en 2020 ses 15 années d’existence. Portées par les rencontres d’artistes et de disciplines variés, les œuvres de la compagnie se veulent des rencontres de métissage réjouissantes, comme le prouve Osez!, un projet marquant pour la danse et les danseurs de la ville de Québec depuis 2002. Les autres spectacles de Danse K par K vus dans les saisons de La Rotonde sont Danse de nuit (2016), Trois paysages (2013), Danse de garçons (2013) et Cibler (2008). La chorégraphie De la glorieuse fragilité a été vue à Montréal en novembre 2018. Elle a été présentée à Toronto en août 2019 et sera prochainement en tournée dans quelques villes du Québec. 

Depuis 2017, Danse K par K est compagnie résidente de la Maison pour la danse de Québec.

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Les interprètes

Elinor Fueter est diplômée des Ateliers de danse moderne de Montréal en 1998. Depuis une dizaine d’années, elle fait partie de l’équipe de la compagnie Montréal Danse. Dernièrement, elle a été vue sur scène dans les spectacles de Caroline Laurin-Beaucage, de Benoît Lachambre et de George Stamos.

Andrée-Anne Giguère est artiste interdisciplinaire : comédienne, performeuse, conceptrice vidéo pour la scène ainsi que metteure en scène. Présentement étudiante au doctorat à l’Université Laval, ses recherches portent sur l’intégration sensible et performative de la technologie sur la scène.  Pour ce spectacle, elle est à la conception, manipulation et traitement performatif de la vidéo sur scène.

Jason Martin a été formé à l’École de danse contemporaine de Montréal. Il a travaillé pour les compagnies de Marie Chouinard, Daniel Léveillé, Danielle Desnoyers, Sylvain Émard, Virginie Brunelle, Dave St-Pierre, Louise Bédard et Dana Gingras. En 2015, il a fondé sa compagnie ENTITEY/Jason Martin.

Simon Renaud est un artiste basé à Montréal qui a dansé pour le Toronto Dance Theatre, Dancemakers, Ottawa Dance Directive, Daniel Léveillé ainsi que plusieurs chorégraphes indépendants, canadiens et internationaux. Il est également chorégraphe. Son travail a été vu à Toronto, Ottawa et Terre-Neuve.

Ariane Voineau a été formée à Nantes, Angers et Genève. Elle habite Québec depuis 2008. Chorégraphe, elle a créé Sous la feuille (2019) et co-réalisé deux courts-métrage de danse. Elle a été co-directrice artistique de la programmation de L’Artère, développement et perfectionnement en danse contemporaine.

 

Les collaborateurs

Aux conseils artistiques et aux répétitions: Ginelle Chagnon
À la conception sonore: Mathieu Doyon
À la recherche sonore: Patrick Saint-Denis
À la dramaturgie: Katya Montaignac
À la conception des lumières: Martin Sirois
À la conception et confection des costumes: Jennifer Pocobene
À la direction technique et régie du spectacle: Cassandra Duguay

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Les critiques

« Les duos […] contiennent des portés d’une tendresse, d’une douceur étonnante, malgré des manipulations corsées. Ces portés poussent les danseurs aux frontières de l’équilibre, de la souplesse, du vertige et de l’imbrication des corps. » Caroline Louisseize, Spirale

« Les danseurs multiplient portées, équilibres, chutes surprenantes, assumées, pleines, lâcher-prises seul ou à plusieurs, pour se rattraper in extremis, pour se raccrocher toujours à l’autre, pour mieux respirer un instant ensemble et repartir. Avec une constante douceur et avec force. » Ludovic Fouquet, JEU Revue de théâtre

« L’aspect relationnel du travail des danseurs brille dans des duos où les corps s’enchevêtrent, prennent appui les uns sur les autres et vacillent ensemble dans des déséquilibres fragiles, parfois périlleux. La confiance en l’autre et la bienveillance dans ces jeux où chacun cherche à dépasser ses propres limites sont mises en lumière. […] Une des grandes réussites de Karine Ledoyen est de faire en sorte qu’une tendresse salutaire vienne étayer les efforts des danseurs poussés avec authenticité jusqu’au point de faille, au tremblement et à l’épuisement. Un état vulnérable qu’ils atteignent dans un esprit ludique, sans avoir l’air d’en souffrir et sans donner l’impression d’être livré en pâture. »  Mélanie Carpentier, Le Devoir

« De la glorieuse fragilité est une réussite. Les 4 danseurs-interprètes sont éblouissants, partageant amitié, rires, complicité mais aussi doutes et épuisement. Psychologique, cette pièce de Karine Ledoyen traite, avec simplicité et poésie, de la danse dans toute son humanité. » Céline Stoquart, Sors-tu.ca

 

Photos : David Cannon

Chroniques du Regard 2019-2020 | 01 – Singeries

Singeries de Priscilla Guy et Catherine Lavoie-Marcus

Les artistes pluridisciplinaires Priscilla Guy et Catherine Lavoie-Marcus amorcent la nouvelle saison de La Rotonde avec leur création Singeries, un spectacle d’environ une heure présenté quatre soirs dans l’espace intime du Studio Desjardins de la Maison pour la danse. Agissant conjointement en tant qu’idéatrices du projet, les deux danseuses-performeuses se sont rapidement associées au musicien Michel F. Côté et au vidéaste Antoine Quirion Couture. Les quatre créateurs se retrouvent, sur scène ou en régie, pour créer et interpréter un événement “humain et spectaculaire” à la tonalité légèrement différente à chaque représentation.

01 - Singeries - crédit Svetla Atanasova

 

Singeries, c’est pour vous si vous aimez les spectacles multimédias et performatifs.

Singeries, c’est pour vous si vous appréciez voir sur scène des interprètes sensibles en relation avec un environnement mouvant et interactif.

Singeries, c’est pour vous si vous aimez les spectacles qui font réagir et stimulent la discussion.

 

01 - Singeries - crédit Svetla Atanasova

Le spectacle

Deux femmes sur scène. Vêtues de blanc, elles s’activent dans un environnement jonché de multiples objets, blancs aussi.  La scène est ouverte et sans coulisses. L’oeil du spectateur est libre. Il peut, dès le départ, fabriquer sa propre histoire. Celle-ci sera nourrie par des projections vidéos sur de multiples écrans et supports.

Empruntant librement à l’esthétique des films muets ou de la nouvelle vague française ainsi qu’à une certaine esthétique du slapstick, des films sont projetés en alternance avec les actions réelles des performeuses. Une foule d’informations provenant des traitements du son, de l’image et des mouvements s’accumulent en un produit très dense, rempli de fausses pistes et de décalages poétiques de la réalité.

Les femmes sur scène sont-elles des personnes ou des personnages? Leurs réalités sont présentées avec de multiples contradictions. Les tensions présentes entre les différentes versions d’elles-mêmes et les niveaux de lecture possibles forcent une multitude de façons individuelles de suivre leurs périples et de comprendre comment se relient les composantes du spectacle.

C’est au spectateur à gérer cette saturation dans la masse d’informations. Informations fragmentées, tant aux niveaux sonores, visuels et dansés. Selon les créatrices: “ La technologie joue ici le rôle d’un dispositif d’inquiétude qui démultiplie nos corps dans le temps et l’espace. Par ses pouvoirs naïvement illusionnistes, une fresque vidéo nous expose à travers d’étranges singeries. Elle est un panoptique qui nous surveille et promet l’infinie reproduction de nos comportements.

S’il accepte le jeu, le spectateur n’a qu’à se laisser porter par le “flow” en attendant que tout revienne au simple, au propre, au blanc apaisant, à la présence dans l’inaction. Cette (sur)saturation du spectateur est voulue. Elle témoigne de la volonté des créatrices à vouloir montrer en simultané leurs aventures vécues devant nous et les correspondances passées ou même futures de celles-ci (car les deux performeuses semblent sans cesse en retard ou en avance sur elles-mêmes). On retrouve aussi en filigrane dans le spectacle les traces d’inspirations venues d’autres femmes artistes et créatrices : Marguerite Duras, Chantal Akerman, Martha Rosler, Amy Greenfield, Maya Deren, Lygia Clark.

Lors des représentations, dans une triangulation de réponses immédiates aux impulsions visuelles, sonores et dansées, les quatre partenaires piliers à la création (Lavoie-Marcus, Guy, Côté et Quirion-Couture)  modulent leurs actions en temps réel. Ensemble, tout au long du processus de recherche et création, ils ont organisé l’ordre et le désordre : les correspondances écrites, les sampling sonores et visuels, les citations et les chansons trouvées et retrouvées. Chaque soir, devant le public, ils ajustent de manière sensible leurs interactions et les réponses aux impulsions de leurs partenaires et complices.

01 - Singeries - crédit Svetla Atanasova

Les chorégraphes-interprètes

Informations tirées du dossier de presse

Priscilla Guy est une artiste multidisciplinaire basée à Montréal, formée en arts visuels et en danse contemporaine. Directrice artistique de Mandoline Hybride, compagnie qu’elle fonde en 2007, elle cumule un répertoire éclectique allant de la vidéodanse à l’infiltration d’espaces publics ; de l’installation multimédia à des chorégraphies pour la scène. Son travail chorégraphique est présenté au Canada et en Europe, ainsi que dans de nombreux festivals de films internationaux. Elle collabore au développement de la vidéodanse et elle signe plusieurs publications internationales, notamment pour The Oxford Handbook of Screendance Studies, The International Journal of Screendance, La creacoin hibrida en videodanza, The Dance Current et Regards Hybrides, dont elle est cofondatrice. Elle poursuit actuellement des études doctorales en cinéma à l’Université de Lille 3 en France.

Catherine Lavoie-Marcus est chorégraphe, performeuse et chercheure en arts vivants. Elle diffuse ses créations sur les scènes montréalaises, dont Acéphales (2012) et Schizes sur le sundae (2013) à Tangente, Laboratoire de mouvements contemporains. Elle publie des réflexions sur la danse contemporaine pour des ouvrages collectifs aux Presses du réel, Dance collection Danse et pour les magazines Spirale et JEU. Elle est nouvellement chroniqueuse à la revue esse arts + opinions, en collaboration avec Michel F. Côté et poursuit des recherches doctorales à l’UQAM.

Fondée en 2007 par Priscilla Guy, la compagnie Mandoline Hybride explore le corps en mouvement à travers différents médias : vidéodanses, chorégraphies in situ, installations vidéo, performances scéniques multidisciplinaires. La quotidienneté, le travail du geste et le montage chorégraphique sont au cœur de la démarche de création de la compagnie. La directrice générale et artistique Priscilla Guy collabore avec des artistes de divers horizons sur des productions indépendantes qui préconisent l’intermédialité. Mandoline Hybride a présenté son travail dans plus de 15 villes au Québec et au Canada, ainsi qu’aux États-Unis, en France, en Espagne et aux Pays-Bas.

01 - Singeries - crédit Svetla Atanasova

Les collaborateurs

À la direction artistique, aux chorégraphies, performances, textes et vidéos : Catherine Lavoie-Marcus et Priscilla Guy
À la conception sonore et aide à la dramaturgie:  Michel F. Côté
Aux projections, mapping et effets vidéo:  Antoine Quirion Couture
Aux lumières: Paul Chambers
À la scénographie: Julie Vallée-Léger
Aux costumes: Marie-Christine Quenneville
À la direction technique: Samuel Thériault
Au regard extérieur: Marie-Claire Forté

 

Les critiques

« D’une grande intelligence, la pièce est truffée de trouvailles. Il faudrait la voir plusieurs fois pour les débusquer toutes. » Nayla Naoufal, Le Devoir

« Une pièce qui épate et qui dérange. […] Sautant de l’art vivant au multimédia, de la scène à l’écran, elles jouent sans cesse avec nos perceptions de l’espace-temps. » Audray Julien, DFDanse 

« Cette équipe a su composer une proposition agréable rappelant une esthétique de film muet, tout en exécutant un travail du son et de l’image fort intéressant. […] Elles répètent leur suite de mouvements plus rapidement, avec plus de conviction et des effets de bruitage viennent accentuer leurs gestes, créent l’effet de percevoir les textures. La séquence est une belle trouvaille et l’effet est très convainquant. […] Le spectacle propose de passer un beau moment dans l’intimité de ces deux amies et permet surtout de goûter aux ambiances, compositions et effets sonores de Michel F. Côté. »  Laurane Van Branteghem, Artichaut magazine

01 - Singeries - crédit Svetla Atanasova

Les liens externes

On retrouve des informations supplémentaires à propos de Mandoline Hybride sur leur site web et leur page Vimeo.

Ici, un long entretien (39:29) à propos du spectacle à l’émission Danscussion, Radio CHOQ . Ici (02:30), le résultat d’une visite en studio lors de la création en 2016.

La bande-annonce du film Singeries est ici et les vidéos de promotion sont ici et ici.

Finalement, des extraits du spectacle Singeriessont ici (02:43)

En prime, ici des extraits (16:22) du spectacle déambulatoire Les Installations Mouvantes présenté à Paris en 2014.

 

Photos : Svetla Atanasova

Chroniques du Regard 2018-2019 | 12 – Sous la feuille

Sous la feuille d’Ariane Voineau et Josué Beaucage

Pour une courte série de spectacles, en coprésentation avec le Théâtre jeunesse Les Gros Becs, La Rotonde diffuse Sous la feuille à la Maison pour la danse. Duo incluant danse, théâtre et musique en direct, le spectacle de 40 minutes vise le public de la petite enfance. Dans une approche directe et engageante, toute en douceur et en poésie, les artistes amènent les enfants dans une aventure questionnant le rapport au monde des tout-petits : les enfants sont-ils grands, sont-ils petits?

Photo : Stéphane Bourgeois

 

Sous la feuille, c’est pour vous si vous aimez les spectacles pour enfants.

Sous la feuille, c’est pour vous si vous voulez assister à la magie du spectacle et au pouvoir des enchantements scéniques.

Sous la feuille, c’est pour vous si vous voulez assister à une production locale qui a déjà des ailes pour une diffusion à l’internationale.

 

Photo : Stéphane Bourgeois

Le spectacle

Créé par une équipe d’artistes de Québec, mettant en scène la danseuse Ariane Voineau et le musicien-compositeur-comédien Josué Beaucage, le spectacle Sous la feuille amène le public dans une aventure poétique. Les enfants, assis confortablement sur des fourrures couvrant le sol et protégés par des tentes ouvertes vers l’espace scénique, y sont amenés dans un voyage imaginaire. Guidés par les mouvements de danse, par les paroles et musiques, autant que par les ombres chinoises, les petits pourront se projeter dans des univers à différentes échelles : petits sous l’arbre immense dont on ne voit que le tronc, géants lorsque retrouvés face à leur représentation en miniature sur scène.

Avec tendresse et tout en délicatesse, les deux artistes alternent sur scène sans jamais vraiment se rencontrer. Les enfants assistent avec attention aux périples des personnages vivant dans un monde peuplé d’éléments réels, bricolés et manipulés devant eux, mais aussi habité par des images projetées d’extensions du monde réel (feuilles virevoltantes, animaux, etc.). Le procédé scénique invite les enfants à une certaine complicité dans le déroulement de l’histoire et les accroche facilement à partir de leur vécu et de leurs expériences.

L’univers artistique dans lequel prend naissance Sous la feuille est confortable et rassurant pour le public des tout-petits. Il est composé d’un univers de jeux et de découvertes créant de « petites bulles » dansées ou musicales. Les thèmes sont facilement accessibles : la curiosité dans la recherche de l’autre, la gravité qui agit sur les objets ainsi que les éléments naturels telle la lumière (et sa magie). Les enfants se connectent par empathie aux actions scéniques présentées dans un langage chorégraphique qui ne cherche pas à imiter l’enfant, qui est plutôt livré dans une interprétation sans compromis, tout en s’appuyant sur des thèmes qui rejoignent l’enfant et lui font voir la réalité d’une manière nouvelle.

Note : Ce spectacle de danse pour jeune public s’inscrit dans un créneau peu fréquenté mais de plus en plus important : la danse dédiée aux jeunes publics. Ce sujet était d’ailleurs le thème d’un colloque organisé à Montréal en 2014 afin d’affirmer sa contribution à l’écologie du milieu de la danse professionnelle au Québec. Un dossier complet à ce sujet (66 pages) préparé et rédigé en 2015 par Fabienne Cabado, est disponible ici ou sur le site du RQD.

Photo : Stéphane Bourgeois

Les artistes sur scène

La danseuse Ariane Voineau est installée à Québec depuis une douzaine d’années. Originaire de Bretagne, formée en France et ayant débuté sa carrière en Suisse, elle est très active dans la communauté artistique de la capitale. Régulièrement vue sur les différentes scènes, on la retrouve dans ses projets multidisciplinaires personnels (collectif LAS), dans les spectacles dansés (Danse K par K, la compagnie de Karine Ledoyen, ou Le fils d’Adrien danse, la compagnie d’Harold Rhéaume) autant que dans divers projets de théâtre ou de cirque.

Elle a co-réalisé deux courts métrages de danse dans lesquels elle était également interprète : Territoire (2015) et Cécile (2018). De plus, elle a été, pendant six ans, codirectrice artistique de l’organisme L’Artère. Son déménagement au Québec lui a aussi permis de rencontrer une personne devenue partenaire artistique autant que partenaire de vie : Josué Beaucage.

Le musicien multi-instrumentiste, compositeur et réalisateur Josué Beaucage est actif professionnellement depuis plus de quinze ans. Membre du groupe Who are you, il a travaillé dans de nombreux projets interdisciplinaires ainsi que sur des films et des vidéoclips. Réalisateur et interprète de nombreuses trames sonores, ses compositions et interventions musicales se sont retrouvées dans une multitude de productions : vidéo de la compagnie Ubisoft, productions circassiennes (Féria de FlipFabriQue), spectacles de danse et de nombreuses et diverses productions théâtrales présentées, entre autres, sur chacune des scènes de la ville de Québec (Le Trident, La Bordée, Le Périscope, Les Gros becs et Premier Acte).

Josué a reçu trois fois le prix Bernard-Bonnier (Gala de l’excellence culturelle de Québec). Il a co-réalisé le court métrage Territoire. Il était aussi interprète et compositeur pour le spectacle destiné à la petite enfance Flots, tout ce qui brille voit de Véronique Côté pour le Théâtre des Confettis.

Photo : Stéphane Bourgeois

Les collaborateurs

À la mise en scène : Olivier Normand.

À la scénographie, aux costumes et aux accessoires : Julie Levesque.

Au regard extérieur et à la consultation artistique : Jean-François Duke.

Aux éclairage : Keven Dubois.

 

Les liens externes

Une présentation du spectacle par Jean-Philippe Joubert, directeur général et délégué artistique du Théâtre jeunesse Les Gros Becs est ici.

Différents extraits dansés d’Ariane Voineau, interprète et créatrice, sont ici (09:29)

Un aperçu du film Territoire est ici.

Des images du spectacle Ondes (2018) du collectif LAS sont ici (12:39)

Pour en savoir plus sur Josué Beaucage, c’est ici, ici et ici.

Pour un reportage sur Flots (2012), spectacle pour la petite enfance, c’est ici (04:05)

Pour en savoir plus sur Olivier Normand, metteur en scène de Sous la feuille, c’est ici et ici.

 

Photos : Stéphane Bourgeois

Photo : Stéphane Bourgeois

Chroniques du Regard 2018-2019 | 11 – Lifeguard

Lifeguard de Benoît Lachambre

Pour trois soirs, à la Maison pour la danse, le chorégraphe et danseur Benoît Lachambre propose aux spectateurs une expérience immersive tout à fait ludique. En solo parmi le public, l’interprète offre son corps et son intériorité aux suggestions des participants. Les spectateurs-participants, répartis librement dans l’espace, peuvent influencer la performance par leurs gestes, leurs placements dans l’espace et même par leurs manipulations physiques du danseur. Celui-ci intègre dans son expérience ces impulsions venues de l’externe et les accorde à son cheminement pour en faire une danse tout au long de la performance. Une expérience artistique et humaine incontournable.

BenoitLachambre_Lifeguard_Par B.L.eux©Fabbrica Europa2018_2

 

Lifeguard, c’est pour vous si vous aimez les expériences inédites.

Lifeguard, c’est pour vous si vous aimez les spectacles participatifs.

Lifeguard, c’est pour vous si avez aimé Infinity Doughnut présenté par La Rotonde en 2018 et Prismes, présenté en 2015.

 

Lifeguard:BenoitLachambre_Lifeguard_Par B.L.eux©Fabbrica Europa2018

Le spectacle

D’une durée de deux heures, le spectacle-performance est une expérience humaine hors-normes sur le contact, la résonance et le ressenti. En dialogue avec le public, le danseur travaille en ouverture et en pleine confiance envers les gens qui l’entourent. Dans « un rituel contemporain où le performeur se met à l’écoute du monde » (source :  Véronique Hudon, Esse), il invite les gens à participer activement à l’événement unique créé par cette microsociété.

Plaçant le public tout autour de lui, dans une lumière franche de laquelle ils ne peuvent se sauver, il se met à la merci de l’ambiance et de l’expérience collective. « Ce qui l’intéresse est d’être chorégraphié par notre simple présence dans l’espace, de s’imprégner de l’énergie que nous ferons circuler dans le studio et, ultimement, être activé par nos touchers volontaires et bienveillants. » Source :  Mélanie Carpentier, Le Devoir

Dans un espace aménagé, Benoît Lachambre accueille les spectateurs par petits groupes. L’entrée du public se fait en trois vagues. Progressivement, le chorégraphe met en place le processus de création en jeu pour Lifeguard. Les paramètres sont simples mais inhabituels dans les spectacles de danse : le public restera à vue tout au long de la performance; il n’y a pas de place désignée pour chacun et les impulsons du public sont bienvenues et même encouragées.

Sur le site de la compagnie, on dit que Lachambre crée autour de lui « une architecture sensorielle, faite d’ondes vivantes, immuables et vibrantes. » Différente à chaque fois et mouvante pendant la performance, cette architecture dépasse le rationnel. Ses éléments résonnent dans le corps du danseur et dans l’organisation spatiale des membres du public.

Cette dynamique relationnelle basée sur l’authenticité et la vulnérabilité est l’essence même de la chorégraphie. Tous y participent et en permettent l’évolution. Ouvert et généreux, le performeur reste empathique au vécu du public. L’expérience est du domaine du ressenti, de l’intuitif. Le mouvement devient danse et se dirige vers un abandon progressif de la volonté, vers une transe subtile. Toujours selon le site de la compagnie : « Lifeguard questionne notre instinct et place le spectateur dans une situation de résonnance dans laquelle la représentation de l’immuable et du spectaculaire est revisitée. »

Créé à Paris en 2016, Lifeguard a ensuite été présenté au Festival ImPulsTanz (Vienne) et au Brésil. En 2017, il était présenté au FTA (Montréal) et à la Biennale de Venise. Une tournée en Europe (2018) a précédé les représentations actuelles au Québec.

Il est à noter que le spectacle Lifeguard a une certaine parenté avec Infinity Doughnut de Katie Ward, présenté par La Rotonde l’an dernier. Parenté par le placement des spectateurs au même niveau que les interprètes, par la liberté de déplacement offerte au public et par l’éclairage aussi présent sur les spectateurs que sur les danseurs.

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Le chorégraphe-interprète

Benoît Lachambre, chorégraphe, interprète, performeur et enseignant, n’est pas inconnu aux spectateurs de Québec. Il entre autres chorégraphié Prismes, une pièce ayant reçu du CALQ le prix de la meilleure œuvre chorégraphique et présentée ici en 2015. De plus, plusieurs interprètes de Québec ont pu profiter de son enseignement dans des stage offerts par l’Artère, organisme local de soutien, développement et perfectionnement en danse contemporaine. Les ateliers de formation qu’il offre ici comme à l’internationale font de lui un enseignant reconnu et apprécié.

Actif sur scène depuis les années 1970 (il débute chez Les Ballets Jazz de Montréal et Toronto Dance Theatre), on le voit ensuite dans toutes sortes de projets incluant la compagnie Marie Chouinard, une chorégraphie pour Louise Lecavalier et de nombreuses collaborations avec des artistes de la danse ou du monde de la performance. Récipiendaire de nombreux prix (Bessie en 2006, Grand Prix de la danse de Montréal en 2013, Prix CALQ de la meilleure œuvre chorégraphique 2014), il est un habitué des grands festivals internationaux.

BenoitLachambre_Lifeguard_IlMaggiore_CrossFestival2018_©RosySinicropi

La compagnie

La compagnie fondée par Benoît Lachambre en 1996 est nommée Par B.L.eux (nom formé de ses initiales et du mot « eux », pour les artistes créateurs avec lesquels il s’associe). Elle est une compagnie de création contemporaine qui cherche à redéfinir les notions et définitions de la danse, misant sur de nombreuses collaborations artistiques et échanges interdisciplinaires.

Dans ce lieu de recherches et d’applications philosophiques sur l’authenticité du geste, sur le mouvement, la danse et la performance, Benoît Lachambre fait une belle part aux différentes pratiques somatique, un courant de pensée reliant de manière intrinsèque et insécable le corps et l’esprit, tel qu’expliqué dans une courte entrevue retrouvée sur le site de Circuit Est.

Depuis 1996, on retrouve au corpus de Par B.L.eux 18 créations qui ont été présentée en Amérique, en Asie et surtout en Europe, pour un total de plus de 500 représentations. On retrouve aussi au moins 25 commandes chorégraphiques et plus de de 150 ateliers offerts à l’international dans de nombreux cadres. Sa dernière création, Fluid Grounds, est présentement en diffusion internationale.

©Karolina Miernik003

Les collaborateurs

Regard extérieur : Anouk Thériault, George Stamos, Valérie Lanciaux

Direction technique : Samuel Thériault, Olivier Chopinet

Costumes : Benoît Lachambre, Valérie Lanciaux, Alexandra Bertaut

Création musicale : Tomas Furey

 

Les critiques

« Benoît Lachambre propose aux spectateurs une expérience forte et sensible. Lifeguard n’est pas un spectacle, mais un rituel contemporain où le performeur se met à l’écoute du monde. » Véronique Hudon, Esse.

« Le performeur, reconnu pour une approche de la danse profondément nourrie par des processus somatiques, nous encourage à le toucher. Pression attentionnée mais insistante ou caresse furtive, exercée la paume ouverte ou du bout des doigts, chaque contact ouvre des chemins à parcourir ensemble – chemins pour aller vers l’autre, faire tomber les barrières, quitter sa position distanciée, chemins aussi à l’intérieur du corps à fleur de peau, qui se met à résonner et amplifie l’intention de chaque toucher. » Smaranda Olcèse-Trifan, À bras le corps.

« C’est une soirée chargée en émotions que nous propose Benoît Lachambre avec son solo, Lifeguard. Soudainement coupés de notre réalité, la performance nous plonge dans un espace-temps hypersensoriel : à explorer, à apprivoiser et à vivre dans la bonne humeur et le lâcher prise… De plus, toutes les explorations sont assez longues pour absorber pleinement le spectateur et lui permettre de s’oublier dans ses sensations. Si on ne résiste pas, l’expérience peut être, bien qu’intimidante pour certains, un vrai moment d’abandon et de découverte. Un temps dans lequel il est agréable de se laisser porter, loin de l’effervescence du quotidien qui enferme nos esprits et nos sensations dans une routine individualiste et opprimante.   » Melanie Boisliveau, dfdanse.

« Ce solo s’impose comme une vraie curiosité dans la culture des arts performatifs… Vis à vis de ses enjeux, le concept est époustouflant de réussite. » Margot Baffet,  www.maculture.fr.

©Alicia Sudre001

Les liens externes

Un extrait vidéo de Lifeguard (02:50).

L’approche chorégraphique de Benoît Lachambre (04:04)

En aparté avec Benoît Lachambre (04:45), par Circuit-Est centre chorégraphique. Extraits de la discussion avec Benoît Lachambre, son parcours professionnel et son approche pédagogique en danse contemporaine.

Deux sites de photos de Lifeguard : ici prises à Paris et ici à la Biennale de Venise.

La compagnie est sur Facebook, Instagram et Vimeo.  La page Wikipedia est ici.

 

Photos : Fabbrica Europa 2018,Rosy Sinicropi, Karolina Miernik (Festival ImPulsTanz 2016), Alicia Sudre.

Chroniques du Regard 2018-2019 | 10 – Threshold

Threshold d’Alexandre Hamel, Pascale Jodoin, Samory Ba, Jasmin Boivin et Taylor Dilley.

Le Patin Libre est composé de cinq athlètes fervents de « la glisse » qui innovent depuis plusieurs années dans la création d’une nouvelle forme d’art du spectacle : le patinage contemporain. De retour à Québec après la présentation de Vertical Influences  en 2017, la compagnie montréalaise sera à nouveau à l’Aréna des Deux Glaces de Val-Bélair pour sa plus récente production intitulée Threshold (Seuil). Pour cette expérience, le public confortablement installé sur la glace de l’aréna assistera à près d’une heure de mouvements sur lame intégrant les possibilités de glisse et de vitesse aux caractéristiques plus typiques de la danse contemporaine. Le spectacle est une coprésentation de La Rotonde et du Grand Théâtre de Québec.

Patin-5847 V2-©rollineLaporte

 

Threshold, c’est pour vous si vous aimez les expériences inédites.

Threshold, c’est pour vous si vous êtes attiré et intrigué par la création d’une nouvelle forme de spectacle métissant sport et art.

Threshold, c’est pour vous si vous avez apprécié leur spectacle précédent : Vertical Influences.

 

LPL 63 © Romain Guilbault. Interprète - Taylor Dilley

Le spectacle

La compagnie montréalaise est une pionnière dans son genre. Délaissant plusieurs aspects caractéristiques du patinage de compétition, qu’il soit artistique ou de vitesse, les cinq artistes de la compagnie visent la création d’une nouvelle forme de spectacle. Misant sur la simplicité et la magie du corps en déplacement dans l’espace tout en étant immobile (par la glisse des lames sur la surface glacée), les artistes créateurs ont évacué certains stéréotypes et lieux communs qui leur semblaient superflus : survalorisation de l’athlétisme, systèmes de pointage, costumes flamboyants, histoires et personnages. En ce sens, le titre anglais de la production (Threshold, qui se traduit par « seuil ») fait référence à la cassure, au point de rupture rencontré lors de l’abandon de ces points.

En accompagnement de la bande-annonce, on peut lire : « « Threshold » ou « Seuil », est né d’une réflexion sur le changement. Ce seuil qui sépare l’avant de l’après. Cette ligne de fracture, zone souvent brumeuse mais nécessaire qui accompagne le changement. « Threshold » commence en intensité, à grande vitesse, à l’endroit même où avait terminé « Vertical Influences » avant d’atteindre le seuil… »

Depuis la création de Vertical Influences, dépouillés des caractéristiques du patinage de compétition ou du style spectacle sur glace, les membres de la compagnie se retrouvent portés par le seul plaisir de la glisse. Remis « au neutre » et profitant d’une nouvelle liberté, ils cherchent sans cesse dans leurs nouvelles productions à faire s’épanouir les possibilités scéniques et chorégraphique d’une nouvelle discipline :  le « patinage contemporain ».

En entrevue, Alexandre Hamel déclare : « Ce que nous faisons, c’est voyager dans l’espace. Tout [le] corps se déplace dans l’espace. Cela ressemble à de la danse, mais je pense que plus le patinage sur glace évolue, plus il sera différent de la danse. Plus nous menons des recherches, plus nous trouvons notre propre truc. Nous créons lentement notre propre style, notre propre médium, notre propre forme. » Source : DanceHeartBeat (traduction de l’auteur).

En concentrant la construction de Threshold sur l’essence de leurs recherches fondamentales et sur le mouvement authentique du patinage, la dramaturge britannique Ruth Little a aidé l’équipe à mettre l’accent sur le tourbillon des lignes et sur les structures dynamiques inhérentes aux déplacements sur lame. Tel que souligné dans un article de Jim Burke (montrealgazette.com), en les incitant à « laisser simplement la physique de la chose devenir visible », elle faisait un lien avec les processus de création retrouvés en danse moderne qui mettent l’accent sur les forces gravitationnelles et sur les efforts nécessaires pour les surmonter. Il est à noter que la chorégraphe québécoise Anne Plamondon a aussi collaboré au spectacle.

Pendant les représentations, les spectateurs sont répartis aux deux extrémités de l’ovale de la patinoire, au niveau de la glace, et les patineurs profitent d’un espace scénique inhabituel par sa profondeur. Dans le spectacle, on retrouve donc, vus de près ou de loin, des entrelacements de patineurs dans des regroupements mobiles ensorcelants, un peu comme dans une volée d’oiseaux. On retrouve aussi quelques courts soli ou duos mais c’est surtout dans les mouvements d’ensemble que la magie opère. Les spectateurs sont souvent fascinés par les changements de rythme ou par l’illusion de voir « flotter » le groupe sans élan des bras. Comme le décrit Victor Swoboda : « Si la danse est, en partie, une exploration du temps et de l’espace, Threshold [est] un voyage constant de découverte. »

LPL 72 © Romain Guilbault. Interprètes - Taylor Dilley, Alexandre Hamel

La compagnie

Fondée en 2005 par Alexandre Hamel, la compagnie est active dans la recherche, la création et la diffusion de spectacles de patinage contemporain, une nouvelle discipline pratiquée dans les arénas ou sur glace naturelle. Considérant aussi le patin comme loisir, les membres de la compagnie créent également de nombreux événements populaires et inclusifs où ils officient en tant qu’animateurs et où ils partagent leur passion et leur longue expérience. Quand la glace n’est pas disponible, ils offrent aussi des activités sur roulettes.

Durant la saison 2018-2019, ils auront présenté Threshold à Montréal, Québec, Minneapolis, Ottawa et, finalement, ils seront en représentations à Paris en juin. La tournée se poursuivra lors de la saison suivante. La compagnie sera aussi bientôt en création pour un nouveau spectacle avec un plus grand nombre de patineurs.

 

Les chorégraphes-interprètes

Les cinq membres actuels de la compagnie sont impliqués dans la recherche, la création et l’interprétation des différents spectacles et autres événements organisés par Le Patin Libre.

Leurs notes biographiques sont en hyperliens:  Alexandre Hamel, Pascale Jodoin, Samory Ba, Jasmin Boivin, Taylor Dilley.

 

Les collaborateurs

Musique originale : Jasmin Boivin.
Dramaturgie : Ruth Little.
Lumières : Lucy Carter et Sean Gleason.
Costumes : Pascale Jodoin.
Direction technique et sonorisation : David Babin.

Patin-5562-©rollineLaporte

Les critiques

« Minutieusement ficelée, Threshold (Seuil) est une oeuvre abstraite faisant la part belle à la cohésion de groupe…  Empruntant au vocabulaire contemporain un certain relâchement et une fluidité dans le port de bras et le haut du corps, la gestuelle des patineurs donne à voir des formes inédites. S’autorisant une fluctuation des rythmes et des énergies — dont des slow-motion, silences et moments d’inertie —, le Patin Libre signe là une oeuvre de maturité.  » Mélanie Carpentier, Le Devoir

« … le Patin Libre sort des ornières du divertissement pour affirmer son style; les corps, se déplaçant parfois au sol, se frôlent et s’entrecroisent en jonglant avec les forces centripète et centrifuge. Dans la deuxième partie, lors de duos et trios, les séquences en contact donnent lieu à des figures originales, voire des moments touchants. » Françoise Boudreault, Revue JEU 

« «Threshold (Seuil)» n’est pas dans la prouesse ou la démonstration, mais plutôt dans l’esthétisme d’un langage chorégraphique sur glace, qui va à l’opposé de celui auquel les compétitions du genre nous ont habituées. » Samuel Pradier, TVA Nouvelles

« Les cinq artistes maîtrisent bien leur art si novateur. À la fois danseurs et patineurs, ils transmettent une émotion tout en glissant de façon très technique. Le groupe nous offre une fluidité et une élégance très bien dosées. Les lames caressent la glace. Les artistes semblent contrôler le temps par des arrêts nets et des suspensions très dansées, très flottantes. Ils savent aussi nous saisir par des courses fougueuses et des tours virtuoses où la musicalité effrénée des lames joue tel un tourne-disque. Les cinq interprètes dessinent sur la glace des trajectoires aux possibilités infinies et à la précision vertigineuse. » Léa Villalba, Les méconnus

 

Les liens externes

Le site de la compagnie est ici.

Une bande annonce (01:44) de Threshold

Un reportage en français (04:08) sur la création de Threshold.

Un reportage en anglais avec sous-titres français. (06:50) sur l’arrière-scène de Vertical Influences,

Le film VERTICAL (19:40) est ici.

La bande sonore du spectacle Vertical Influences, une composition de Jasmin Boivin, est ici.

Le vidéoclip (03:13) de la violoniste Angèle Dubeau & La Pietà pour Dona Nobis Pacem 2 de Max Richter est ici.

Ici, quelques images (02:28) d’une fête dansante sur glace (2013) animée par Le Patin Libre.

La troupe est très active sur les réseaux sociaux : FacebookTwitterInstagramYoutube.

La page Wikipedia consacrée au Patin Libre est ici.

 

Note : Un service de navette est organisé pour le transport vers l’Aréna des Deux Glaces. Informations ici.

Chroniques du Regard 2018-2019 | 09 – Dialogue

Dialogue de Wen Wei Wang

Wen Wei Wang, chorégraphe établi à Vancouver, vient présenter Dialogue, un spectacle interprété par un groupe de cinq hommes. Cette danse, créée en collaboration avec les interprètes, se veut une étude sur l’expérience collective de communications tenant compte des nombreux facteurs d’influence et de connexions: culture, codes de conduite, langue parlée, nationalité et orientation sexuelle, entre autres. Cette chorégraphie de 65 minutes sera présentée à la salle Multi de Méduse pour trois soirs.

DSC_1796_by Chris Randle - Alex Tam, Nicholas P. Lydiate

 

Dialogue, c’est pour vous si vous êtes intéressé à la danse comme reflet de la société.

Dialogue, c’est pour vous si vous aimez les danses théâtrales utilisant parfois le texte.

Dialogue, c’est pour vous si vous avez aimé le spectacle Cock-Pit présenté par la même compagnie dans la saison 2009-2010 de La Rotonde.

 

DSC_1822_by Chris Randle - Alex Tam, Arash Khakpour, Andrew Haydock, Ralph Escamillan, Tyler Layton-Olson

Le spectacle

Le chorégraphe canadien d’origine chinoise Wen Wei Wang a créé le spectacle Dialogue pour sa compagnie en 2017. Profitant d’une équipe composée de six danseurs d’origines et de parcours différents (ils seront cinq lors de la représentation à Québec), ils ont pu explorer en collégialité un thème cher au chorégraphe : la communication humaine.

À même cette petite équipe se trouvait déjà un échantillon représentatif des rapports interpersonnels retrouvés à plus grande échelle dans une société. Les six danseurs, nés dans des pays différents, ayant des langues maternelles différentes et des cultures diverses ont ainsi pu incorporer dans leurs danses les efforts de compréhension transculturelle nécessaires aux communications efficaces et enrichissantes pour chacun. Ce qui se retrouve sur scène est donc le reflet de la démarche de création.

La danse est narrative. Elle est sérieuse. D’une part, on retrouve en filigrane du spectacle une empreinte des difficultés d’intégration du chorégraphe lors de son arrivée (en 1991) de la Chine au Canada anglais, dont il ne connaissait ni la langue ni les codes sociaux. D’autre part, les expériences personnelles des interprètes ont aussi été mises à contribution dans la période de recherche et création du spectacle. Dans cette optique, les mouvements et gestes présentés sur scène sont signifiants et chargés, même dans certaines sections qui sont un peu plus ludiques. On retrouve dans chacune des sections les mêmes désirs d’être compris et accepté par l’autre, l’urgence de communiquer et le désir de sortir de sa solitude. La solitude, une réalité sociale produite par l’incapacité de communiquer, d’échanger ou de créer des liens, faute de langage commun.

DSC_2455_by Chris Randle - Arash Khakpour, Ralph Escamillan, Alex Tam

Le chorégraphe

Wen Wei Wang est natif de Chine. Il y dansé dans sa jeunesse avant d’immigrer au Canada en 1991. Il a alors dansé à Vancouver dans la compagnie de Judith Marcuse et du Ballet BC avant de fonder sa propre compagnie en 2003. Il a été récipiendaire de prix pour ses œuvres chorégraphiques (prix Clifford E. Lee en 2000 et prix Isadora en 2006). Pour la saison 2018-2019, il a aussi été directeur artistique et chorégraphe en chef du Edmonton Ballet.

Les œuvres de Wen Wei Wang traitent de la diversité et font état de la richesse potentielle des expériences sociales. L’évolution de son identité en tant que personne et en tant que danseur transparaît dans ses chorégraphies. Ses créations touchent au domaine du social, du culturel et du développement personnel. Chacune de ses pièces utilise la musique et l’art visuel avec précision et sensibilité.

Il est aujourd’hui reconnu comme un artiste de la danse des plus imaginatifs. Dans ses œuvres, il métisse différentes techniques, allant du ballet classique aux danses urbaines en passant par l’opéra chinois.

La compagnie

Dans le corpus de la Wen Wei Dance, on retrouve plusieurs œuvres présentées à travers le Canada et en Amérique du sud, dont Made in China, 7th Sense, Cock-Pit, Three Sixty Five, One Man’s et Tao. Les chorégraphies Unbound (prix Isadora 2006) et Under the Skin (2010) ont récemment été présentées à Shanghai et Beijing ainsi qu’à la Biennale de Venise.

Visant chaque fois à rejoindre un vaste public afin de permettre aux spectateurs d’élargir leurs horizons et leur appréciation de la danse contemporaine, les œuvres de la compagnie veulent inscrire leurs travaux dans une réflexion psychologique, sociologique et culturelle de la danse, tout en présentant des performances de haut niveau.

Les interprètes

Chacun des cinq interprètes de la production a une origine différente (des Philippines à l’Iran, en passant par l’Italie et le Canada) et ils sont tous installés à Vancouver. La plupart sont de fidèles collaborateurs depuis plusieurs années : Justin Calvadores, Dario Dinuzzi, Ralph Escamillan, Andrew Haydock et Arash Khakpour.

DSC_1791_ by Chris Randle - Alex Tam, Arash Khakpour, Andrew Haydock, Ralph Escamillan, Tyler Layton-Olson, Nicholas P. Lydiate

Les collaborateurs

À la conception sonore : Stefan Seslija

À la mise en scène : Daniel O’Shea

Aux éclairages : James Proudfoot

Aux costumes : Linda Chow

Les liens externes

Le site de la compagnie et sa page Facebook.

La bande-annonce de Dialogue (02:51) et un extrait vidéo (04: 39).

Une brève introduction de l’oeuvre par le chorégraphe (01:39).

 

Photos : Chris Randle

Chroniques du Regard 2018-2019 | 08 – Threesixnine

Threesixnine d’Emmanuelle Lê Phan & Elon Höglund  

La compagnie montréalaise Tentacle Tribe est présentement en tournée québécoise avec son spectacle Threesixnine. Très appréciés du public et reconnus pour la qualité de leurs duos précédents, les deux fondateurs (chorégraphes, danseurs et interprètes) sont accompagnés ici de quatre autres danseurs de haut calibre. Dans une mise en scène sobre misant sur la danse, les six danseurs se regroupent pendant une heure dans des formations en constante évolution, mixant et renouvelant les vocabulaires des danses urbaines, des arts martiaux et de la danse contemporaine. Le spectacle sera présenté cinq fois à la salle Multi de Méduse, incluant trois représentations pour public scolaire.

Threesixnine nouvelle image - Alexandre Gilbert

 

Threesixnine, c’est pour vous si vous voulez voir le spectacle sacré meilleure œuvre chorégraphique de la saison 2017-2018 par le Conseil des arts et des lettres du Québec.

Threesixnine, c’est pour vous si vous aimez les danseurs virtuoses et les spectacles accessibles.

Threesixnine, c’est pour vous si vous avez aimé les œuvres de Compagnie destins croisés, de Rubberbanddance, de Out Innerspace Dance Theatre et de 605 collective présentées par La Rotonde lors de saisons précédentes.

 

IMG_7433 par Alexandre Gilbert

Le spectacle

Puisant à plusieurs sources d’inspiration, le sextet Threesixnine présente, avec originalité et cohérence, un mélange organique de styles de mouvements merveilleusement porté par un effort collectif. Misant sur l’action et les possibilités de jeux, autant au niveau de l’utilisation du rythme, des isolations corporelles et des vagues de répercussions qui passent d’un corps à un autre, les six danseurs occupent l’espace scénique dans des groupes souvent serrés qui peuvent donner l’image d’un animal à plusieurs tentacules.

S’ils ne sont pas inclus dans une forme mobile à six participants, les danseurs se retrouvent associés en duos ou en trios, rarement en solo. L’effort de trouver une danse communautaire et cohésive est présent même quand les danseurs, immobiles sur scène, prennent position de témoin d‘une danse dans laquelle ils ne sont pas directement impliqués.

Les éclairages sont efficaces et dirigent aisément le regard du spectateur en délimitant certaines zones mettant en vedette l’une ou l’autre des courtes variations n’impliquant pas tous les danseurs. Les musiques variées supportent la danse en entrainant l’imaginaire vers des lieux évocateurs permettant une certaine rêverie. Les costumes colorés portés par les interprètes contribuent aussi à la légèreté de l’ensemble.

Dans leur « interprétation dynamique du concept du cercle de la vie », les artistes de Tentacle Tribe réussissent aisément une aventure esthétique métissant danses de rue et autres formes de mouvement incluant, en plus de la danse, certains effets purement mécaniques ou même tirés des techniques de pliage de l’origami.

Dans le communiqué du CALQ lui décernant le Prix de la danse, on déclare : « La chorégraphie alterne avec intelligence entre chaos et synchronicité, donnant lieu à une danse chargée, évocatrice et résolument physique. À la fois organique et mécanique, cette danse semble aussi évoquer la vie cosmopolite et reflète notre société grâce à l’expressivité et au grand talent des interprètes de Tentacle Tribe dont la virtuosité se doit d’être soulignée.

tentacletribe36574 par Alexandre Gilbert

Les deux chorégraphes-interprètes

Emmanuelle Lê Phan et Elon Höglund ont fondé ensemble, en 2012, Tentacle Tribe, une compagnie de danse contemporaine basée à Montréal. Les deux artistes sont très actifs sur les scènes internationales. Ils se sont connus dans des activités du Cirque du Soleil en 2005 (The Beatles Love à Las Vegas et le spectacle sous les viaducs de Québec) pour ensuite continuer ensemble au Cirque Éloize et dans la compagnie Rubberbandance, avant de partir en grande tournée internationale (2014-2016) avec leur duo Nobody Likes a Pixelated Squid.

Originaire d’Ottawa, Emmanuelle Lê Phan a obtenu son baccalauréat en danse contemporaine à l’Université Concordia en 2003 avant de cofonder Solid State Breakdance Collective. Elle a ensuite dansé avec Rubberbandance dans la production Gravity of Center, ainsi qu’avec les compagnies canadiennes Bboyizm et Out Innerspace Dance Theatre.

Originaire de Stokholm en Suède, Elon Höglund chorégraphie depuis 2001. À Montréal, il collabore avec les chorégraphes Dave St-Pierre, Daniel Ezralow, Mourad Merzouki et Victor Quijada. Il est aussi membre actif de l’ensemble de breakdance Concrete Kingz de Stockholm.

Selon le site de la compagnie, la vision artistique du duo vise la création d’œuvres de danse « inusitées et contemporaines » misant sur « une musicalité raffinée et des chorégraphies très physiques à haute dose d’énergie », intégrant leurs passés « de B-boy et B-girl du milieu Street Dance ».

Les danses du duo peuvent aussi être vus dans différents court-métrages de danse, dont :  Elon & Emmanuelle par Natalie Galazka, ainsi que Vanishing Points et Crack the Cypher réalisés par Marites Carino. Un court-métrage d’Origami Mami est présentement en production.

IMG_7497 par Alexandre Gilbert
Les interprètes

L’œuvre est interprétée par les deux chorégraphes ainsi que les danseurs Victoria Mackenzie, Rahime Gay-Labbé, Stacey Désilier et Mecdy Jean-Pierre.

 

Les collaborateurs

Les musiques sont de Samuel Nadai « SungProd”, Michael BrobbeyAndres Vial et Keiko Devaux.

Les éclairages sont de Benoit Larivière.

Les costumes sont de Rosalie Lemay

La directrice de répétitions est Helen Simard.

 

Quelques liens externes

Vidéo-danse (05:06) ELON ET EMMANUELLE

Vidéo-danse (06:02) VANISHING POINTS

Bande annonce (01:38) de THREESIXNINE

Bande annonce (00:54) de GHOST (2018)

Bande annonce (01:45) de FRACTALS OF YOU (2016)

Des critiques du spectacle Fractal of You sont ici, ici. Aussi ici (en anglais).

Extrait-spectacle (02:39) de ORIGAMI MAMI (2017)

Extrait-spectacle (10:33) de WHEN THEY FALL (2014)

Extrait-spectacle (02:17) NOBODY LIKES A PIXALATED SQUID (2014)

La compagnie est sur Facebook et Instagram.

 

Photos : Alexandre Gilbert

Chroniques du Regard 2018-2019 | 07 – Pour

Pour de Daina Ashbee

La Maison pour la danse accueillera, pour quatre soirs, le spectacle Pour de la chorégraphe montréalaise Daina Ashbee, un solo d’une heure interprété par Paige Culley. Auréolé de prix autant pour la chorégraphe que pour la chorégraphie et l’interprète, Pour arrive à Québec après avoir tourné dans de nombreux pays depuis 2016.

2Pour_Photo Daina Ashbee_Interprète Paige Culley.

 

Pour, c’est pour vous si vous aimez les œuvres contemporaines radicales à la lisière de la danse et de la performance.

Pour, c’est pour vous si vous voulez entrer en contact avec l’œuvre d’une jeune chorégraphe reconnue par plusieurs comme « une jeune étoile montante de la scène internationale de la danse ».

Pour, c’est pour vous si vous voulez voir une œuvre récipiendaire de nombreux prix et reconnaissances.

 

1Pour_Photo Daina Ashbee_Interprète Paige Culley

Le spectacle

Depuis ses premières présentations à Montréal en 2016 (Théâtre La Chapelle) et 2017 (Festival TransAmériques), Pour a tourné en France, en Espagne, dans les pays scandinaves ainsi qu’en République tchèque et en Belgique. Avant une nouvelle série de représentations à Montréal en 2019 (Agora de la danse), le spectacle aura aussi été présenté à Toronto et à Vancouver.

Pour est le titre anglais du spectacle. D’une part, le verbe anglais « to pour » peut se traduire littéralement par « verser ». Il fait aussi référence, pour la chorégraphe, à d’autres actions dont celles de renverser et de contrôler ainsi qu’à certaines formes plastiques du liquide, dont les gouttes et les éclaboussures. Dans Pour, Daina Ashbee cherchait à en connaître plus sur le phénomène de la transformation par la répétition et de la répétition vers la transe. Cette recherche portait également sur la vulnérabilité dans la chorégraphie.

Pour est une œuvre radicale et performative abordant des thèmes intimes et personnels. Dans cette proposition, la présence scénique d’un corps nu qui s’affiche sans retenues ni artifices dans une lumière crue pourra confronter certains spectateurs. La chorégraphe en explique d’ailleurs les intentions dans une entrevue pour le site Podium: «  Je pense que le corps a beaucoup de choses à exprimer et j’ai le sentiment que la musique, les lumières et les costumes ne sont là que pour mettre en valeur ce que le corps cherche à exprimer. […] D’une certaine manière, [la nudité] encourage l’expression du langage du corps. On voit un corps pur sans être influencé par des couches de costumes ou d’accessoires. »

Présenté simplement, le mouvement, la présence scénique et l’état de corps sont au cœur de l’œuvre. Profondément incarnés par une interprète qui s’abandonne complètement à sa danse, ces aspects veulent toucher le public au plus profond de leur expérience. Par l’authenticité de la démarche, les différentes couches d’inspiration ayant mené au spectacle s’amalgament en une performance puissante dont la force d’évocation a été unanimement reconnue.

Différents types de douleurs ont porté la création du spectacle : douleurs physiques associées au cycle menstruel, douleurs psychologiques d’un corps qui ne satisfait pas les exigences mentales reliées à un trouble alimentaire, douleurs sociétales reliées à la condition féminine et, enfin, douleurs historiques et symbolique reliées à la survie des nations autochtones. D’ailleurs, une autre chorégraphie de Daina Ashbee, Unrelated (2011), traite directement de la violence faite aux femmes autochtones.

Tout au long du spectacle, les différents types de douleurs abordés pour la création chorégraphique sont présentés de manière non littérale. Ce sont des actions concrètes et percussives du corps de l’interprète sur le sol qui invoquent l’idée de cycles et de répétitions. Les mouvements de reptations et de contorsions évoquent une présence animale qui relie Pour aux œuvres précédentes de la chorégraphe, qui n’a pas peur d’explorer sans pudeur ses colères autant que sa tristesse et ses traumatismes.

« Son décor synthétique imite le paysage naturel et son utilisation de la répétition évoque une transformation qui laisse entrevoir de nombreuses possibilités de résolution, tout en maintenant une intense vulnérabilité entre l’interprète et le public. La performance courageuse de Paige Culley traverse des états de libération, de contrôle, de douleur, de beauté et de catharsis dans un cadre vivant et intime. » Source : www.ladansesurlesroutes.com

« Paige Culley, interprète d’une grande expressivité, successivement absente à elle-même, stoïque et défiante, dégageant autant de force que de vulnérabilité, se transforme tour à tour en pur objet sculptural, en corps animal et sensuel, ou en être blessé, traversé par la violence – celle qu’il s’inflige, celle à laquelle on le renvoie. Ici, le corps se tend et tremble, appelle et se replie, se contracte et se retrouve en posture difficile, crie et gémit, est pris de spasmes, cogne le sol de plus en plus vite, de plus en plus fort, devenant un instrument percussif, se débat comme un poisson hors de l’eau avant de reprendre enfin pied. » Source : Seine-Saint-Denis Le Magazine

4Pour_Photo Daina Ashbee

La chorégraphe

Déjà reconnue au Québec comme une jeune chorégraphe à surveiller (Prix du CALQ et Prix de la danse de Montréal en 2016), Daina Ashbee est aussi reconnue à l’international. Elle a même été identifiée en 2017 par le TANZ magazine (Allemagne) comme l’une des chorégraphes les plus prometteuse du moment et, en 2018, elle était dans la courte liste du Dance Magazine (USA) comme une des « 25 artistes à suivre».

Originaire de Colombie-Britannique, elle aménage à Montréal en 2013. D’origines mixtes, métis Cree et hollandaise, elle a reçu une partie de sa formation au Modus Operandi, centre de formation professionnelle dirigé par David Raymond et Tiffany Tregarthen de la compagnie Out/Inner/Space Dance Theatre.

Elle a été exposée à l’art visuel dès son jeune âge par son père artiste et, à Vancouver, à l’aube de sa vingtaine, elle a fait partie de la compagnie de danse contemporaine Raven Spirit Dance Society, un groupe composé de femmes autochtones. Dans la même ville, elle a aussi dansé avec Kokoro, un groupe de danse butô.

Daina Ashbee est artiste résidente de l’Agora de la danse de Montréal et artiste associée au Centre de Création O Vertigo. Elle a récemment été invitée à présenter son travail aux Biennales de la danse de Venise et de Munich. De plus, elle créera cet hiver une chorégraphie originale pour le spectacle des finissantes du programme de formation supérieure en danse contemporaine de l’École de danse de Québec qui sera présenté en mai.

« À la lisière de la danse et de la performance, ses créations, souvent radicales, abordent des sujets complexes ou tabous comme la sexualité féminine, l’identité métisse et les changements climatiques. Formée à l’écart des grandes institutions de la danse contemporaine, elle développe un travail qui englobe sa relation au corps, à ses ancêtres, à l’univers et au cosmos tout entier. » Source : G. Bechet

L’interprète

Paige Culley, également originaire de Colombie-Britannique, a été formée à l’École du Toronto Dance Theatre. Son premier emploi professionnel a été pour la compagnie Dancemakers en 2010. Déménagée à Montréal, elle a ensuite a dansé entre autres pour Danielle Desnoyers (compagnie Le Carré des Lombes, 2011) et a été membre de la compagnie Marie Chouinard (2011-2016) tout en profitant de stages internationaux tels que le Festival ImPulsTanz (Vienne, 2012). Elle collabore avec Daina Ashbee depuis 2016.

Paige Culley a reçu en 2017 le Prix de la danse de Montréal (catégorie Découverte) pour son interprétation de Pour. Elle y était reconnue pour son expressivité et son implication émotive dans la danse, pour son courage dans la présentation d’un rituel aux tourments répétitifs et pour son habileté à le faire tout en conservant un côté empreint de vulnérabilité.

3Pour_Photo Daina Ashbee

Les collaborateurs

Création, chorégraphie, et décors : Daina Ashbee
Interprète : Paige Culley
Interprète stagiaire : Emilie Morin
Conception sonore : Jean-François Blouin
Conception lumières : Hugo Dalphond
Direction technique : Karine Gauthier
Direction de tournée : Catherine Wilson
Regards Extérieurs : Andrew Tay  et Angélique Willkie
Danseuses en répétition (2015-2016) : Paige Culley, Stéphanie Fromentin, Clara Furey, Esther Gaudette et Emilie Morin
Producteur délégué : CCOV

Les critiques

« Pendant une heure que dure la performance, on assiste au spectacle de ce corps éblouissant de beauté qui se tord et se retourne dans des convulsions au ralenti. Pas de larmoiement ou de grimacement maladroits et inutiles. Dans sa nudité et avec une grande sobriété, seules la beauté et l’émotion se font voir et entendre. » Huffingtonpost.ca

« Les deux artistes ont néanmoins réussi à nous transmettre de véritables expériences. Nous prenons autant conscience de cette vulnérabilité féminine que de la force qui en découle. Même si aux premiers abords on penserait qu’il ne se passe rien, bien au contraire, c’est dans la lenteur et la répétition que nous découvrons multiples nuances de sensations et de mouvements. » dfdanse

« Les images invoquées par Ashbee sont frappantes, travaillées pour évoquer, trouver une résonnance dans celui qui reçoit la pièce… Le défi que représente ce solo a été brillamment relevé, avec une force qui sied bien au propos. » Nevros’arts

Daina Ashbee, a Montreal choreographer by way of British Columbia, has risen fast since moving here. Certain circles seem to think she could be the next big thing.’  The Gazette

‘Nudity in performance can be a challenge or a provocation. Here, skin is empowering… This bold and exceptional new work enlivens sensations and provides a moment to recognize one another’s humanity.’  The Dance Current

Les liens externes

Une bande annonce de Pour (02:54).

Le site internet de Daina Ashbee.

Une entrevue avec Daina Ashbee.

Une entrevue (en anglais) avec Paige Culley.

 

Photos : Daina Ashbee