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Chroniques du regard 2015-2016 – Vital Few par Company 605 Rita Taylor

Chroniques du regard 2015-2016 – Vital Few par Company 605

Le spectacle de danse contemporaine Vital Few créé par la Company 605 (auparavant connue comme étant le 605 Collective) de Vancouver vient clore la présente saison de danse. Créé en collectivité, ce spectacle est une excellente occasion pour apprivoiser la danse contemporaine, jeune et actuelle. Portés par la passion, six jeunes interprètes maîtrisent à fond une technique impeccable dans un travail de groupe engageant, mouvant, vivant.

Company 605, The Banff Centre, Dance, 2016

Company 605, The Banff Centre, 2016. Photo: Rita Taylor.

Vital Few, c’est pour vous si vous aimez les spectacles basés sur la passion du mouvement.

Vital Few, c’est pour vous si vous aimez l’énergie de la jeunesse.

Vital Few, c’est pour vous si vous avez apprécié trois spectacles récents The Tempest Replica (mai 2014) et Quotient empirique (mai 2015), dont vous retrouverez certaines techniques, telles les utilisations du groupe qui se meut comme porté par les vagues, les vents et les tensions internes avant de s’arrêter dans des poses très sculpturales ; et le spectacle (ENTRE) (février 2016) pour retrouver l’idée d’un spectacle permettant aux spectateurs de s’immerger complètement dans un univers restreint dans l’espace mais tout à fait complet en lui-même.

Le spectacle, d’un peu plus d’une heure, présente un groupe en mouvance. Certaines échappées permettent de voir en action quelques danseurs en solo ou en duo mais l’accent est surtout mis sur les actions du groupe en quête, ou en occupation, de son territoire. Les mouvements se répercutent d’une personne à l’autre. Les efforts de l’un trouvent leurs réponses dans les gestes de l’autre. Les mouvements cohésifs de groupe permettent l’émergence de créatures comportant plusieurs têtes et une multitude de bras et de jambes répondant aux mêmes impulsions organiques. Les danseurs y sont en en constante codépendance et leurs interrelations font preuve d’une grande sensibilité.

Les relations entre danseurs sont complexes et illustrent bien une recherche de mouvements, typique de la compagnie, qui permet d’accueillir en pleine conscience certaines tensions et certains risques physiques, impliquant ainsi une réponse sensible, immédiate et totalement honnête aux multiples impulsions reçues.

Tout au long du spectacle, les ambiances et les accompagnements musicaux varient. L’éclairage de Rob Sondergaard, tout en subtilité, appuie magnifiquement le travail chorégraphique. Le plaisir de bouger est évident et la technique des danseurs est impeccable. Deux exemples du travail en répétition ou en période de création sont visibles en vidéo ici et .

Les chorégraphes

Company 605, de Vancouver, est codirigée par Lisa Gelley et Josh Martin. Ils créent leurs danses en utilisant des mélanges de danses urbaines et contemporaines. Leurs techniques et méthodes de création sont exigeantes et misent sur l’innovation. Dans leurs récentes créations, ils valorisent de plus en plus l’apport individuel du danseur dans un groupe, plutôt que l’obtention d’un mouvement commun effectué sous forme d’ensemble.

Lisa Gelley est originaire de Vancouver et a été entraînée, entre autres, à Ottawa et dans quelques pays d’Europe, ainsi qu’en Israël avec la technique GAGA. Elle est interprète et enseignante et a reçu en 2015 le prix Vancouver International Dance Festival Choreographic Award. Josh Martin est originaire de l’Alberta et son développement artistique l’a amené à travers l’Amérique du Nord et en Europe. Interprète très actif, il a reçu le Vancouver’s 2013 Mayor’s Arts Award – Emerging Dance Category ainsi qu’un premier prix lors du International SoloTanz Festival in Stuttgart.

Les interprètes

Les interprètes de Vital Few ont été impliqués activement dans tout le processus de création. Ils ont été confrontés en mouvements aux idées de leadership, de solidarité, de hiérarchies cachées et de démocraties à travers des déplacements de groupe incluant nécessairement compromis et laisser aller, voire abandon des danseurs dans le flux et le reflux d’impulsions diverses. À travers toute la chorégraphie, il leur est demandé de faire preuve d’autonomie et de responsabilisation dans le groupe afin de construire un ensemble plus grand que la somme de ses individus. Un court reportage les montre ici en phase finale de création chorégraphique. Les interprètes sont: Hayden Fong, Lisa Gelley, Josh Martin, Renee Sigouin, Jessica Wilkie, Sophia Wolfe.

Les liens externes

1.- Les spectateurs de Vital Few en matinées scolaires verront en levée de rideau le produit final de la chorégraphie gagnante du concours d’écriture chorégraphique pour adolescents Marquer la danse version 2015-2016, créée cette année par Marianne Fortier.

2.- Les danses urbaines ont d’abord été connues sous les noms de Breakdance et Hip-Hop. Pour une première explication très générale du phénomène, je vous envoie sur le site de Radio-Canada, aux notes de la défunte émission Le match des étoiles ainsi qu’aux courts reportages audio suivants sur l’origine du breakdance à Montréal. Des reportages qui datent des années 1980, avec ce que cela comporte d’informations partielles et rudimentaires: (1/5) Le breakdance fait son apparition dans les rues de Montréal. (2/5) Les racines africaines du breakdance. (3/5) Le breakdance, une danse de garçons. (4/5) Danser le breakdance pour s’amuser et se détendre. (5/5) Breakdance, des précautions à prendre.

3.- La danse contemporaine, hip-hop et urbaine est accessible partout, vous pensez ? Eh bien, non. Sa pratique est encore interdite, voire punie par la loi dans certains pays, comme en Iran où « depuis la révolution islamiste de 1979 et le démantèlement du Ballet National d’Iran, ce genre de spectacles et l’enseignement de cette discipline ont été décrétés contraires à la morale ». Source: France-Inter. Tel qu’illustré dans le film de Richard Raymond Desert dancer, qui raconte l’histoire du danseur iranien Afshin Ghaffarian maintenant installé en France et directeur de la compagnie Réformances (et dont on peut entendre l’histoire ici). On peut aussi lire, sur le même sujet: En Iran, toutes les excuses sont bonnes pour danser le hip-hop malgré l’interdiction