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Ohad Naharin
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Naharin

Chorégraphe israélien au style incisif, Ohad Naharin a modifié le paysage chorégraphique contemporain dans son pays et bousculé les idées préconçues sur la danse. « Repousser les limites » est la caractéristique essentielle de son travail, ouvert à tout ce qui est humain, à l’influence de toute culture, de tout art, de toutes les manières de bouger. Personnage rebelle et fantasque, il compte parmi les créateurs de danse les plus sollicités.

Né en 1952 dans le kibboutz de Mizra, Ohad Naharin commence sa formation en danse avec la Batsheva Dance Company en 1974. Au cours de sa première année avec la compagnie, il est remarqué par la chorégraphe new-yorkaise de passage, Martha Graham, qui l’invite à se joindre à sa compagnie. À New York, Naharin obtient une bourse qui lui permet de poursuivre sa formation à la School of American Ballet, puis à la Juilliard School. Il parfait enfin sa technique avec les maîtres Maggie Black et David Howard. Il se produit ensuite sur les scènes du monde avec la Bat-Dor Dance Company d’Israël et le Ballet du XXe siècle de Maurice Béjart, à Bruxelles.

Naharin retourne à New York en 1980, où il fait ses débuts comme chorégraphe avec le studio Kazuko Hirabayshi. La même année, il fonde la Ohad Naharin Dance Company avec sa femme, Mari Kajiwara, décédée d’un cancer en 2001. De 1980 à 1990, sa compagnie se produit à New York et dans le monde avec un grand succès critique. À mesure que sa personnalité chorégraphique s’affirme, il reçoit des commandes de compagnies de renom, dont la Batsheva, la Kibbutz Contemporary Dance Company et le Nederlands Dans Theater.

Depuis 1990, Naharin œuvre en tant que directeur artistique de la Batsheva Dance Company, poste qu’il a volontairement quitté durant la saison 2003-2004, période où il a plutôt agi à titre de chorégraphe en résidence. Naharin a chorégraphié plus de 20 pièces pour la Batsheva et son pendant pour les jeunes danseurs, le Batsheva Ensemble. Il y a aussi remonté une dizaine de ses chorégraphies et réarrangé des morceaux de son répertoire pour créer Deca Dance, une pièce en constante évolution.

Ayant reçu une formation musicale dans sa jeunesse, Naharin utilise souvent ses talents musicaux pour accentuer l’impact de son travail chorégraphique. Il a collaboré avec plusieurs musiciens remarquables à la création des bandes sonores de ses pièces, dont le groupe rock israélien The Tractor’s Revenge (pour Kyr, 1990), Avi Belleli et Dan Makov (pour Anaphaza, 1993) et Ivri Lider (pour Z/na, 1995). Sous le pseudonyme de Maxim Waratt, Naharin a composé la musique de MAX (2007), et monté et mixé les bandes sonores de Mamootot (2003) et de Hora (2009). Il a amalgamé ses deux talents dans la conception et l’interprétation du solo Playback (2004).

En plus de son travail pour la scène, Naharin a élaboré une méthode originale, Gaga, une forme de pratique corporelle qui explore la sensation et un état de disponibilité au cœur du mouvement, et qui est devenue la technique de base de l’entraînement des danseurs de la Batsheva. Gaga suscite un grand intérêt parmi les danseurs partout dans le monde, de même que chez le grand public, en Israël, notamment, où se tiennent régulièrement des classes libres à Tel-Aviv et dans d’autres municipalités.

L’irrésistible talent chorégraphique de Naharin de même que l’inventivité et la richesse de son vocabulaire gestuel en ont fait l’un des chorégraphes les plus recherchés par les compagnies de danse du monde entier. Ses œuvres ont été produites par les compagnies les plus réputées, dont le Nederlands Dans Theater, le Ballet Frankfurt, le Ballet de l’Opéra de Lyon, la Compañía Nacional de Danza (Espagne), le Cullberg Ballet (Suède), le Finnish National Ballet, le Ballet de l’Opéra de Paris, le Balé da Cidade de São Paulo, le Cedar Lake Contemporary Ballet (New York), le Hubbard Street Dance Chicago et Les Grands Ballets Canadiens de Montréal. Par ailleurs, son travail durant les répétitions avec le Cedar Lake Contemporary Ballet pour une nouvelle version de Deca Dance a fait l’objet du documentaire Out of Focus (2007), de Tomer Heymann.

La vaste contribution de Naharin au domaine de la danse lui a valu de nombreux prix et honneurs. En Israël, il a reçu des doctorats honorifiques du Weizmann Institute of Science (2004) et de la Hebrew University (2008), ainsi que le prestigieux prix Israël pour la danse (2005), un prix pour l’ensemble de sa contribution à la culture juive de la Foundation for Jewish Culture (2008) et le prix EMET dans la catégorie Arts et Culture (2009). Naharin a également été fait Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres par le gouvernement français (1998). Il a aussi remporté deux New York Dance and Performance (Bessie) Awards (pour Virus à la Brooklyn Academy of Music en 2002 et pour Anaphaza au Lincoln Center Festival en 2003), le Samuel H. Scripps American Dance Festival Award pour l’ensemble de son œuvre (2009) et le Dance Magazine Award (2009).

Mise à jour de la biographie : 8 décembre 2016
Photo : Courtoisie de la Batsheva Dance Company