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Anne Plamondon nous parle de son spectacle Les mêmes yeux que toi!

Écoutez Anne Plamondon nous livrer les secrets de son incroyable solo présenté à La Rotonde les 6, 7 et 8 mars 2014.

 » Je suis très contente qu’ensemble – avec Marie Brassard, dramaturge – on ait réussi à créer un bel équilibre entre la danse très physique, très intense, très athlétique ( j’aime bouger avec beaucoup d’intensité et de force) mais aussi avec de la poésie, une subtilité, une justesse dans le temps qu’on prend pour faire les choses ». Anne Plamondon

Marquer la danse 2013-2014 | Dévoilement de la gagnante

Projet Vain - Anne-Frédérique MarcouxLes 8 et 9 février 2014 fut une extraordinaire fin de semaine de réécriture de Marquer la danse. Cette affirmation fait sans aucun doute l’unanimité parmi les participants.

Quels sont les ingrédients d’une telle réussite?

D’abord les personnes présentes:
– 3 élèves finalistes motivées et créatives : Anne-Frédérique Marcoux, Gabriella Caron-Racine, Justine Babineau-Therrien, toutes issues du collège de Champigny à Québec. Des chorégraphes en herbe à la pensée claire et aux discours inspirants.
Caroline Paré, enseignante des 3 élèves finalistes, à l’origine du projet Marquer la danse.
– 3 interprètes professionnels de talents: Maryse Damecour, Charles-Alexis Desgagnés, Isabelle Gagnon. Ils ont su être à l’écoute des élèves et leur montrer toutes les possibilités qu’offraient leurs corps et leurs expériences.
– un musicien, Steve Hamel, sans cesse à l’écoute pour accompagner les apprenties-chorégraphes dans la création de l’environnement musical de leur danse et leur offrir les plus belles couleurs musicales et les plus belles textures sonores pour leur projet.
– un mentor-répétiteur Mario Veillette, qui toujours guide les élèves vers une meilleure direction artistique des interprètes et leur pose les questions les plus judicieuses.
Nicole Turcotte et Ariane Dessaulles du département de danse de l’UQAM, qui nous offrent leur regard expert sur les qualités pédagogiques de ce projet générant des passerelles entre le  milieu scolaire et le milieu professionnel.
– Une équipe de vidéaste des Productions A4. Jimmy Voyer et Maxime Wehinger travaillent pour capter les moments forts du processus de Marquer la danse, ce qui nous offrira l’opportunité de vous montrer un magnifique teaser vidéo dans quelques temps.

Tout au long de la fin de semaine de réécriture, les apprenties-chorégraphes ont expliqué leur projet et leurs volontés chorégraphiques aux danseurs. Elles ont appris à les diriger, à s’exprimer de manière efficiente pour que les gestes et le verbe nourrissent et répondent à la danse qu’elles avaient imaginées. Le dimanche matin a été consacré à la création de l’univers musical des 3 pièces finalistes.

Anne-Frédérique Marcoux

Anne-Frédérique Marcoux, gagnante du concours Marquer la danse 2013-2014

Le dimanche à 13h30, nous avions le grand plaisir d’accueillir le public pour dévoiler le résultat des travaux de la fin de semaine. Famille, amis, amateurs de danse et professionnels de notre communauté ont assisté à la présentation publique dans le grand studio de La Rotonde. Salle comble, plus une chaise de libre: un beau succès!  Une discussion des plus enrichissantes a suivi avec les jeunes chorégraphes et les interprètes, l’occasion d’expliquer la démarche du projet et la dynamique de travail de la fin de semaine. Pendant ce temps, le jury composé d’Annie Gagnon, Geneviève Duong et Jean-François Duke se réunissait afin de déterminer la gagnante selon la grille de critères pré-établis. Un difficile exercice tant les projets avaient chacun des qualités remarquables. Après de vifs débats à huis clos, ils sont parvenus à définir la gagnante du concours.

Nous sommes heureux d’annoncer que la gagnante est Anne-Frédérique Marcoux avec son projet Vain. Elle remporte un prix de 200$. À l’issue de 10h de répétitions supplémentaires avec les interprètes et le répétiteur, Vain sera présenté en lever de rideau des matinées scolaires de Trois Paysages, œuvre de la chorégraphe de Québec Karine Ledoyen, interprétée par la compagnie K par K.

Afin de souligner l’engagement des élèves et pour les encourager à poursuivre leur intérêt pour la danse sous toutes ses formes, La Rotonde a également remis aux 3 finalistes un prix d’un montant de 100$.

Équipe fin de semaine de réécriture - MLD1314

Sur la photo gauche à droite puis de haut en bas: Luc Vallée, Nicole Turcotte, Steve Hamel, Gabriella Caron-Racine, Justine Babineau-Therrien, Anne-Frédérique Marcoux, Geneviève Duong, Charles-Alexis Desgagnés, Mario Veillette, Jean-François Duke, Steve Huot, Sandrine Lambert, Annie Gagnon, Caroline Paré, Isabelle Gagnon, Maryse Damecour, Nadia Bellefeuille.

Nous tenons à remercier toutes les personnes impliquées dans l’aventure Marquer la danse. Merci d’avoir fait de cette fin de semaine un moment exceptionnel de convivialité et de création, une passerelle riche d’enseignements entre amateurs et professionnels!

La Rotonde remercie Telus et l’Entente de développement culturel MCC – Ville de Québec pour leur soutien à Marquer la danse.

Logo TELUS FR-153      logo_entente_noir MCC-153

 

Marquer la danse – Fin de semaine de réécriture

 

Danse_pincneau_02Les trois finalistes du concours d’écriture chorégraphique se retrouveront les 8 et 9 février à La Rotonde pour la fin de semaine de réécriture.

Accompagnées par  le chorégraphe et pédagogue Mario Veillette, du musicien Steve Hamel et de leur enseignante, Caroline Paré, elles dirigeront les interprètes Maryse Damecour, Isabelle Gagnon et Charles-Alexis Desgagnés.

Le public est convié à assister à la présentation des trois courtes pièces qui aura lieu ce dimanche 9 février à 13h30 au Grand Studio de La Rotonde. Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles. Réservation par courriel.

Le projet gagnant sera présenté en lever de rideau de matinées scolaires de Trois Paysages, en mars prochain.

Un tournage aura lieu aussi pendant la fin de semaine de réécriture de Marquer la danse. Nos complices? Productions A4! Ils ont déjà un commis ce magnifique teaser vidéo pour nos amis de  L’École de danse de Québec. On vous en dira plus bientôt…

 

Québec branchée sur la danse

Article de Marie-Ève Lord, publié sur MAtv Québec le 31 janvier 2014

Me So You So Me - Out Innerspace Dance Theatre - David Raymond et Tiffany Tregarthen sur la photo de Wendy D.

 

La semaine dernière, j’ai vécu l’un de ces moments magiques, qui vous touche droit au cœur. Vous savez, ces moments qui, l’espace d’un instant, vous transportent dans un autre univers, vous font sourire et vous rappellent que l’humain et la vie sont beaux avec leurs imperfections. Un de ces moments, qui vous «émotionnent le rationnel» et qui sauraient illuminer n’importe quelle journée de grisaille.

La semaine dernière, j’ai vécu l’expérience de Out Innerspace Dance Theatre et de leur spectacle Me So You So Me, présenté par La Rotonde à la salle Multi de la Coopérative Méduse. Un seul mot: wow!

Cela dit, mon intention n’est pas de vous faire un résumé ou une critique de l’œuvre (d’autres comme Francis Desharnais, Catherine Genest, Robert Boisclair, Josianne Desloges et Olivier Arteau-Gauthier savent le faire beaucoup mieux que moi), ni de vous vendre le spectacle (pauvre vous, la dernière représentation avait lieu le 25 janvier).

Je souhaite plutôt vous parler de La Rotonde, cet authentique (et précieux) organisme dédié à la diffusion, au développement et à la promotion de la danse contemporaine dans la région de Québec.

Berceau et tremplin

À ma grande surprise, j’ai appris que La Rotonde est le seul diffuseur québécois spécialisé en danse à être situé hors de Montréal. C’est donc LE berceau et LE tremplin de la danse contemporaine professionnelle dans la région de Québec. Cela en fait également un parfait allié pour les diffuseurs pluridisciplinaires du Québec, ainsi qu’une fierté pour la région!

Bien qu’elle fasse danser et rêver les publics depuis bientôt 20 ans, La Rotonde demeure en pleine évolution, tout comme le milieu de la danse à Québec. C’est ce que m’a confié son sympathique et volubile directeur général et artistique, Steve Huot. (Volubile dans le sens d’intéressant, pertinent et articulé. Juste pour préciser!)

Selon M. Huot, depuis quelques années, on remarque une croissance du nombre de chorégraphes dans la région. Ce phénomène serait dû aux efforts de L’École de danse de Québec et au fait que certains expatriés décident de revenir pratiquer leur métier dans la région.

En fait, le nombre d’artistes de la danse à Québec est maintenant plus grand que le nombre de studios de danse disponibles et adaptés à la création. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles M. Huot souhaite mettre sur pied la Maison pour la danse de Québec.

Ainsi, depuis 2008, La Rotonde est en évolution non seulement en termes de projets (il semble qu’un projet de festival multidisciplinaire et audacieux soit dans l’air!), mais également au niveau de sa programmation (nombre de représentations, abonnements et assistance). Le secret de Steve Huot? Une programmation variée et intelligente, une expérience unique – qui ne se vit qu’en salle – des communications claires, transparentes et attrayantes, et, surtout, le fait de savoir attirer les bonnes personnes aux bons spectacles. Selon lui, «la danse n’a pas de deuxième chance». En général, un spectateur qui n’aime pas un spectacle est un spectateur qui ne revient pas.

Trois paysages - Danse K par K - Sara harton sur la photo de David Cannon
L’interprète Sara Harton dans Trois paysages, présenté les 20 et 21 mars.

Une programmation variée et intelligente

La programmation de La Rotonde se veut fortement engagée dans la création, fervente ambassadrice des artistes de la région de Québec, et se trouve toujours assaisonnée des coups de cœur de son directeur artistique. Selon M. Huot: «La difficulté n’est pas de trouver des spectacles, c’est de les choisir parmi tous ceux qui nous sont proposés.»

Que signifie une programmation engagée dans la création? Il faut comprendre qu’une œuvre chorégraphique n’existe pas sans diffuseur. Ainsi, La Rotonde accepte souvent de s’engager envers une œuvre avant même que celle-ci ne soit terminée afin d’aider l’artiste dans la mise sur pied de sa création. La Rotonde n’est pas le seul diffuseur en danse à encourager la création en devenir. Cependant, je crois qu’il est intéressant de souligner que la moitié de la programmation de La Rotonde est dédiée à ces œuvres spécifiquement.

La programmation comporte aussi un volet jeunesse (pour les ados, la famille et les enfants), qui offre différents spectacles, ateliers et expériences.

La Rotonde propose également des activités originales comme le concept Corps Accord, qui consiste en un jeu d’associations entre la danse et le vin. À découvrir!

Les mêmes yeux que toi - Anne Plamondon - photo de Michael Slobodian
L’interprète et chorégraphe Anne Plamondon dans Les mêmes yeux que toi, présenté du 6 au 8 mars.

Un public éclectique

Le public de La Rotonde n’est pas celui que l’on pense. Certains pourraient croire qu’il est majoritairement composé d’artistes, de créateurs, danseurs et d’étudiants en danse. Mais, non! Les abonnés de La Rotonde sont des gens de tout âge et de tous les secteurs d’activités. Bref, le public de La Rotonde, c’est monsieur et madame Tout-le-monde. Et ça, Steve Huot en est très fier.

Sur ce, je vous invite à intégrer ce public éclectique en faisant l’expérience de La Rotonde, du 6 au 8 mars prochain, en compagnie de l’artiste Anne Plamondon et de son œuvre Les mêmes yeux que toi (un coup de cœur du directeur artistique!). Vous pouvez acheter vos billets en ligne, directement sur le site de La Rotonde.

Un p’tit truc: en sélectionnant trois spectacles ou plus, vous devenez automatiquement abonnés de La Rotonde vous devenez automatiquement abonnés de La Rotonde et pourrez bénéficier de rabais sur le prix des billets.

Fait intéressant, tous les vendredis soirs, le spectacle est suivi d’une rencontre avec les artistes.

Au plaisir de vous y voir!

L’auteure de cet article, Marie-Ève Lord, est blogueuse pour MAtv Québec.

Où suis-je?
Twitter: @marievelord
LinkedIn: www.linkedin.com/in/marievelord
Facebook: www.facebook.com/marievelord
Mon blogue: evoelume.com

Source: MAtv Québec, Marie-Ève Lord

Prototype singulier | Critique d’Olivier Arteau-Gauthier

Photo: Wendy D. Photography

Photo: Wendy D. Photography

Nous retrouvons ici la critique d’un spectateur au regard et à la plume affûtés: Olivier Arteau-Gauthier.

Si le théâtre et la danse font bon ménage dans les créations contemporaines, il n’en demeure pas moins que l’on questionne constamment la question du genre artistique. Out Innerspace Dance Theatre, quand à eux, nous prouve que l’indéfinissable a meilleur goût et que s’il existe un genre, il ne se définit qu’à eux deux!

C’est dans un noir complet que la pièce s’ouvre. Un abat jour et un point lumineux suffisent à nous introduire dans un univers ludique qui intrigue par son étrangeté. Une lampe, à l’allure de PIXAR, scrute l’univers vide dans lequel elle est inscrite en plus de nous introduire peu à peu au deuxième protagoniste. Peut-il y exister danse sans corps? Oui. Ici, la danse s’inscrit dans le mouvement ; celui d’une lumière. On découvre alors à quel point le mouvement est sensible, qu’il peut à la fois, surprendre et inquiéter. Il ne s’agit pas ici de prouesses, mais de rythmes et d’accélérations dans l’espace. Un faisceau lumineux semble alors suffisant afin d’évoquer, chez le spectateur, des rires et des souffles suspendus.

Par la suite, les danseurs nous invitent dans leur intimité, dans ce qu’ils semblent partager au quotidien ; sarcasme, compassion, humour débridé. C’est par une gestuelle dynamique voire acrobatique qu’ils proposent leur univers. La chorégraphie saccadée, quasi graphique, crée une distance émotionnelle avec le spectateur. Étant donné qu’ils calquent leur gestuelle très précisément sur la musique, la part de liberté devient presque absente. Le flux énergique est parfois freiné lorsque nous en avons faim. Aussi, on assiste à des portées nouveau genre, une utilisation des technologies originale et une belle mise en espace par la lumière. Bref, la composition des éléments du spectacle sont en harmonie avec l’ambiance que les deux interprètes nous imposent.

On ne peut passer sous silence l’écoute du couple de danseurs et c’est là que la magie  opère. Ils sont deux. Ils sont là pour l’un et l’autre. Ils s’amourachent, s’extirpent et se confondent. La musique utilisée durant le spectacle rappelle des sonorités orientales contemporaines. L’opposition entre l’ambiance sonore très froide et la complicité des interprètes crée un effet saisissant. La couleur des mots donne alors vie à ce qu’on utilise rarement en danse contemporaine : la voix. Même s’ils ne parlent pas, les chants japonais accentuent le dialogue singulier qui s’opère entre eux.

Débridé, parfois décousu, mais fidèle à ce que sont les interpètes serait la meilleure façon de décrire ce spectacle qui, assurément, ne laisse pas indifférent. Qu’on aime ou pas, on doit applaudir leur audace et leur honnêteté de livrer non seulement ce qu’ils apprécient, mais ce qu’ils dévorent. Sans aucun doute… le buffet est servi!

Auteur : Olivier Arteau-Gauthier

La musique, une vérité indiscutable | Tiffany Tregarthen et David Raymond à propos de Me So You So Me

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Photo: Wendy D. Photography

Article de Tiffany Tregarthen et David Raymond, traduit de l’anglais au français par Marie-Hélène, paru sur le site du Voir le 16 janvier 2014

En 2006, lorsque nous avons découvert le travail du musicien Asa Chang, nous vivions à Anvers et étions affairés à jeter les bases de cette collaboration qui allait devenir Out Innerspace Dance Theatre. Asa Chang, percussionniste japonais, a fondé le Tokyo Ska Paradise Orchestra et s’est joint, un peu plus tard, au programmeur et  guitariste Hidehiko Urayama ainsi qu’au joueur de tabla indienne U-zhaan, ce qui a donné le jour à une musique qui défie les genres déjà existants qu’ils diffusent  à l’aide d’un système de son portatif de type Jun-Ray Tronics. Les rythmes percussifs des langues japonaise et anglaise, alliés à ceux de la tabla et d’éléments de production sonore électronique, vont au-delà des frontières connues et permettent de nouvelles manières de raconter et accueillir des histoires à travers la musique. Les genres féminin et masculin, dans les textes liés à la musique, partagent une rythmique particulièrement riche, composée d’infimes détails qui nous ont tout simplement séduits. Nous nous sommes alors mis à rechercher et conserver précieusement toutes les pièces d’Asa Chang sur lesquelles nous parvenions à mettre la main. Nous venions de trouver en musique ce que nous souhaitions accomplir grâce à notre médium, la danse. Il nous fallait également demeurer à l’affût, car nous envisagions que ce travail nécessiterait une nouvelle approche de la musique de notre part en tant qu’interprètes afin que le processus fonctionne.

La pièce Me So You So Me est tirée de notre vie quotidienne en tant que couple, réimaginée à travers des influences culturelles, esthétiques, populaires et personnelles. Nous avons colligé une panoplie de références à partir du chien de la famille jusqu’au personnage principal de Léon: Le professionnel (film de Luc Besson), en passant par Popeye, Astro Boy, Araki Nobuyoshi, Mortal Kombat et même des cowboys, pour servir d’ADN aux personnages auxquels nous voulions donner vie et à la danse que nous souhaitions créer. Nous avons regardé une tonne de dessins animés pour observer la violence qui y est acceptée de manière intrinsèque, la psychose animée que l’on voit souvent chez les personnages qui nous sont présentés et ce que nous n’avons pas peur de qualifier de récit extrême d’histoires! Puis, à tous les jours nous fermions nos yeux en écoutant la musique d’Asa tout en se décrivant, l’un à l’autre, ce que nous ressentions et ce que nous voyions. Des alter-egos en sont nés et sont venus teinter notre vie quotidienne. Par exemple, nous nous sommes retrouvés à considérer le fait de brosser nos dents et de nous quereller comme de véritables actions de recherche en danse!

Lorsque nous avons investi le studio, nous nous sommes immédiatement concentrés sur la musique comme si elle constituait un dogme, avec l’espoir que cela provoquerait l’émergence d’un nouveau vocabulaire dansé, issu de la densité, de la richesse et du caractère imprévisible des compositions musicales d’Asa Chang. Nous étions complètement dédiés à la musique et ce processus devenait, par moments, épuisant. Mais simultanément, il nous demandait de profondément mettre l’accent sur les endroits et les manières dont nous trouvions notre inspiration, les méthodes dont nous usions pour transformer inspiration en création, puis la façon dont nous exprimions et incarnions le résultat. Nous nous en remettions à nos voix contrastantes et à notre rigueur habituelle pour élargir nos perceptions et les bases qui font de nous qui nous sommes, et y engagions toute notre imagination. Il était primordial de toujours considérer le corps comme une ressource disponible pour la musique et nos idées, comme des concepts physiques et non psychologiques.

Nous avons pensé qu’Asa et ses collaborateurs avaient certainement dû remettre en question leur processus créatif, leurs instruments, et jusqu’à eux-mêmes en tant qu’individus pour arriver à créer une musique aussi indéfinissable et offrir à tous les auditeurs qui la rencontreraient ce quelque chose qu’ils ne savaient pas encore qu’ils souhaitaient ardemment! La musique nous a tracé une carte virtuelle qui nous a guidés vers ce qui nous est apparu comme une créature sauvage dominant une planète aride, rencontrant une jeune femme avec des élastiques de caoutchouc, dotée de l’ADN d’un félin apparemment issu de la mythologie romaine, ayant perdu de vue sa trajectoire. Ce qui est extra, c’est qu’on y décèle aussi de notre histoire d’amour de tous les jours!

Nous avons repoussé nos limites dans le travail en exploitant la relation qui existe entre nous à travers des personnages mortels et attachants : nos monstres intérieurs frisant la caricature, des enfants, des animaux, afin de montrer combien nous pouvons être différents et semblables à la fois. Nous nous demandions : “Comment me vois-tu?, Qu’est-ce que je veux être à tes yeux? Avec toi? Pour toi?” Puis, le titre de la pièce nous est venu… Me So You So Me. Nous étions si engagés dans cette nouvelle méthode de travail à partir de la musique qui nous menait sur un territoire totalement nouveau et inventif qu’il a complètement changé la manière dont nous poursuivons notre création en danse. Nous n’utiliserons probablement pas toujours cette méthode dans le futur, toutefois, à ce moment-ci, elle nous pousse à développer d’autres processus de recherche ensemble, à deux, ainsi qu’à continuer d’explorer les langages qu’elle a fait émerger de et en nous.

par Tiffany Tregarthen et David Raymond

Out Innerspace Dance Theatre

Traduction de l’anglais au français : Marie-Hélène Julien

 Source: Blogue de La Rotonde sur le site du Voir