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Chroniques du regard 2020-2021 | Élégie

Élégie, de la compagnie D’Eux (Annie Gagnon)

Élégie est un long métrage de danse réalisé par Annie Gagnon, de Québec. En webdiffusion du 29 avril au 5 mai, le film tourné en 2021 est d’une durée d’environ 60 minutes. Il présente trois univers dans lesquels se rencontrent chaque fois une danseuse et un.e musicien.ne de l’orchestre de chambre Les Violons du Roy. Portée par la poésie du geste et une musique originale, l’œuvre filmique continue une démarche chorégraphique déjà amorcée dans une série de spectacles présentés par la Rotonde depuis 2011.

Élégie - D'Eux

 

Élégie, c’est pour vous si vous voulez découvrir la plus récente production chorégraphique d’Annie Gagnon.

Élégie, c’est pour vous si vous avez la curiosité de voir comment les artistes de danse apprivoisent leur métier et leur art à travers le médium filmique.

Élégie, c’est pour vous si vous aimez la danse contemporaine qui présente des êtres humains riches et complexes.

 

Élégie - D'Eux

Après quelques années d’absence sur les scènes de danse de la Capitale, Annie Gagnon effectue un retour à la création chorégraphique. Suite à un détour incluant une formation en horticulture et des obligations familiales, l’artiste, diplômée en 2009 de l’École de danse de Québec, continue une relation amorcée avec La Rotonde depuis les présentations du programme double Cocoon et Les larmes d’Anna K. (2011) et des spectacles 2.__ (2012) et Noire (2014).

Par une série de hasards et un alignement de conditions provoqués par la crise COVID, l’occasion de plonger dans le projet inédit de créer un film de danse contemporaine, plutôt qu’une présentation sur scène, s’est transformée en défi pour l’artiste ayant également une formation en anthropologie.

Un projet intitulé Blanche et déjà mis en chantier lors de courtes résidences de recherche a donc été remodelé, adapté, réinventé. Pour le projet devenu Élégie, Annie Gagnon a continué à travailler avec des collaboratrices faisant déjà partie de son environnement artistique, dans lequel on retrouve la compositrice Katia Makdissi-Warren, l’éclairagiste Caroline Ross et la directrice artistique de La Rotonde, Marie-Hélène Julien.

Élégie - D'Eux

Élégie se développe dans trois lieux différents permettant une évolution dramatique du personnage féminin présenté en trois incarnations. Trois femmes en relation avec une autre présence. Les duos entre danseuse et musicien.ne portent des charges émotives concordant au milieu dans lesquels ils sont filmés : extérieur d’hiver, salle vide ou en désordre.

Ce premier long métrage d’Annie Gagnon plonge le spectateur dans trois univers filmés magnifiquement par le directeur photo Felippe Martín. Dans un premier tableau, la danseuse Marie-Chantale Béland partage l’écran avec l’altiste Jean-Louis Blouin. Soutenue à distance par le musicien, la danseuse devient un personnage hésitant qui, par une nuit hivernale, sort d’un immense cocon ouaté (un élément scénique entrevu quelques secondes à la fin d’un spectacle de 2011).

Ensuite, dans le deuxième tableau, la danseuse Geneviève Duong entretient avec le violoncelliste Raphaël Dubé une relation plus complexe, colorée par les souvenirs de pertes et de ruptures. Dans un environnement désordonné de décombres, sur un plancher jonché de différents objets et accompagné d’une ambiance musicale plus lourde, le duo cherche sans succès à s’approcher, se connecter et se toucher.

Enfin, dans la dernière partie, la danseuse Léa Ratycz-Légaré trouve chez la violoniste Michelle Seto une complicité active lui permettant une danse beaucoup plus dynamique. Cette dernière incarnation du personnage de la femme retrouve ici le goût de poursuivre une vie pleine d’espoirs, belle et lumineuse.

Dans ce projet filmique, l’œuvre d’Annie Gagnon est influencée par une ère incertaine ainsi que par les divers bouleversements climatiques et mondiaux. Utilisant les langages du corps, de l’image et de la musique, la chorégraphe devenue cinéaste revient à la création toujours en quête de l’essentiel. Le médium du cinéma, nouveau pour elle, lui permet de renouveler sa passion créatrice tout en conservant intact son désir incessant d’apporter au monde un peu de douceur et de beauté. Son intérêt pour le genre humain est toujours présent. Il continue de la faire se questionner en cherchant des réponses à travers les médiums artistiques.

Élégie - D'Eux

C’est qui

Produit par la compagnie D’Eux et coproduit par La Rotonde et les Violons du Roy, Élégie est une réalisation d’Annie Gagnon.

Le film présente à l’écran les danseuses Marie-Chantale BélandGeneviève Duong et Léa Ratycz-Légaré ainsi que les musiciens et musiciennes des Violons du Roy Jean-Louis Blouin (altiste), Raphaël Dubé (violoncelliste) et Michelle Seto (violoniste).

 

Les collaborateurs et collaboratrices

À la direction de la photographie : Felippe Martín.
À la conception des éclairages : Caroline Ross.
À la création de la musique originale : Katia Makdissi-Warren.
Aide à la scénographie et aux costumes : Guylaine Petitclerc.

 

Les liens externes

Pour suivre les Violons du Roy, voir leur page Facebook.
Pour suivre Felippe Martín, voir sa page Vimeo.

Chroniques du Regard 2020-2021 | LES DIX COMMANDEMENTS

LES DIX COMMANDEMENTS d’Harold Rhéaume (Le fils d’Adrien danse), volet cinématographique.

Josiane Bernier ©Daphné Lehoux Traversy

 

LES DIX COMMANDEMENTS – volet cinématographique, c’est pour vous si vous voulez découvrir la plus récente production chorégraphique d’Harold Rhéaume et de la compagnie Le fils d’Adrien.

 

LES DIX COMMANDEMENTS – volet cinématographique, c’est pour vous si vous aimez la danse contemporaine qui présente des êtres humains riches et complexes.

 

LES DIX COMMANDEMENTS – volet cinématographique, c’est pour vous si vous voulez constater (avec ravissement) ce qui arrive à être fait par les artistes “malgré” le contexte de pandémie et de confinement COVID.

 

Jean-François Duke ©Daphné Lehoux Traversy


C’est quoi?

LES DIX COMMANDEMENTS, c’est l’adaptation cinématographique du spectacle du même nom, une chorégraphie d’Harold Rhéaume pour dix interprètes. Le film, d’une durée de 80 minutes, présente l’intégrale du spectacle avec, en prime, des plans rapprochés et des mises en isolation de certains soli (ce que le médium cinématographique permet aisément). Ainsi, le spectateur a un accès privilégié aux interprètes impliqués dans une danse effectuée avec une sensibilité à fleur de peau.

Le projet LES DIX COMMANDEMENTS est inscrit dans un triptyque de diffusion : La version chorégraphique sera présentée sur scène à l’automne 2021, avec la musique originale de Josué Beaucage et la conception d’éclairage de Bruno Matte. Le volet cinématographique, l’adaptation cinématographique de la production scénique par le réalisateur et directeur photo Loup-William Théberge, assisté à la caméra par Felippe Martín, sera présenté en webdiffusion par La Rotonde du 30 mars au 5 avril 2021. La version in situ se fera dans un parcours déambulatoire à l’intérieur du Monastère des Augustines au printemps 2021.

 

XC Tournage au Domaine Forget

C’est qui?

Harold Rhéaume est une figure incontournable et un pilier du milieu de la danse de Québec. Fondateur de la compagnie Le fils d’Adrien danse, qui célèbre cette année son vingtième anniversaire, le chorégraphe a su dynamiser son milieu en proposant une foule de projets fédérateurs qui ont été réalisés autant en salle de spectacle que dans les musées ou sur différents sites de la ville. On peut penser aux spectacles P.ARTITION B.LANCHEFluide et L’éveil, aux spectacles déambulatoires Le fil de l’histoire et Je me souviensainsi qu’aux spectacles d’ouverture des expositions Giacometti (2018) et Miro (2019) au Musée national des beaux arts du Québec.

Riche d’un corpus d’œuvres chorégraphiques sensibles, accessibles et appréciées du grand public, il a souhaité ramener sur sa planche de travail Les dix commandements, son premier projet pour grand groupe créé en 1998. Un spectacle qui n’aura été présenté que cinq soirs seulement à Montréal. Le chorégraphe qualifie lui-même cette œuvre de fondatrice et de porteuse du reste de sa carrière.

La chorégraphie est d’Harold Rhéaume, créée en collaboration avec les interprètes de la nouvelle mouture du spectacle : Nicholas Bellefleur, Josiane BernierAlexandre CarlosMiranda ChanCharles-Alexis DesgagnésJean-François DukeMisheel GanboldEtienne LambertEve Rousseau-Cyr et Ariane Voineau. Les apprenti(e)s interprètes étaient Léa Ratycz Légaré et Maxime Boutet.

Le film est de Loup-William Théberge, assisté par Felippe Martin.

XC Tournage au Domaine Forget

Démarche artistique

Avec la collaboration de dix interprètes choisis par audition, Harold a repris l’essentiel de la matière chorégraphique originale de 1998 tout en y injectant une part de la personnalité des nouveaux interprètes. Le chorégraphe a travaillé avec chacun et chacune à affiner la compréhension contemporaine du thème de départ : une suite de commandements intemporels et universels visant les relations aux autres (la communauté) ou avec Dieu (ou ce qui peut en tenir compte). Prenant en considération l’évolution et les changements naturels dans la perception ou dans la transmission de ces principes moraux, les clés de travail ont été transposées en un mot unique qui prend la place de l’admonestation. Par exemple : tel que discuté avec l’interprète Charles-Alexis Desgagnés dans le reportage télé nommé en fin d’article, la danse basée sur le commandement biblique “Tu ne convoiteras pas ce qui appartient à ton prochain” a plutôt été élaborée à partir de mot-clé Usurper. D’autres mots-clés qui ont servi de base au travail sont, en voici la liste :

1 • Illusion — Tu ne te feras pas d’idole.
2 • Interdépendance — Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi.
3 • Distorsion — Tu ne feras pas de faux témoignages.
4 • Acharnement — Tu honoreras le jour du Sabbat.
5 • Appartenance — Honore ton père et ta mère.
6 • Destruction — Tu ne tueras pas.
7 • Intrusion — Tu ne commettras pas d’adultère.
8 • Honte — Tu ne porteras pas de faux témoignages contre ton prochain.
9 • Convoiter — Tu ne voleras pas.
10 • Usurper — Tu ne convoiteras pas ce qui appartient à ton prochain.

Chaque solo a été créé de manière autonome, cherchant à développer une ambiance et un univers spécifiques concentrés sur le développement du thème et sur l’ajustement/adaptation du matériel chorégraphique basé sur l’œuvre de 1998. Les sessions de travail ont habituellement été de deux semaines intensives avec chaque interprète. Les rencontres en petite équipe incluaient uniquement le chorégraphe, l’interprète, le compositeur musical Josué Beaucage et l’artiste visuel Mathilde Bois.

XC Tournage au Domaine Forget

Toutefois, comme le souligne le chorégraphe, il est inutile de chercher à identifier chaque solo comme l’illustration au premier degré d’un commandement précis. Au lieu de relier directement chaque danse à un commandement, l’œuvre présente plutôt une porosité entre chaque solo, chacun d’eux influençant les autres à différents degrés. La mise en scène présente aussi les “non-solistes” comme étant membres d’un chorus participant à l’ambiance et à l’encadrement dudit solo. Le passage d’un solo à un autre s’y trouve partie prenante du déroulement organique du spectacle, qui se veut beaucoup plus qu’un catalogue alignant les soli numérotés de 1 à 10 suivant l’ordre des tables de la loi biblique.

La réalisation du film, par Loup-William Théberge assisté de Felippe Martin, visait une adaptation cinématographique de l’œuvre. Celle-ci devient beaucoup plus qu’une simple captation du spectacle. On y retrouve l’intégrale du spectacle scénique, mais, à travers l’image, le spectateur peut s’approcher des danseurs. Il se retrouve sur la scène avec eux. L’œil de la caméra bouge et se déplace avec les danseurs, mettant parfois en lumière des détails inaccessibles pour la personne qui verrait le spectacle assise dans un fauteuil de salle de théâtre. Le tournage a été réalisé au Domaine Forget de Charlevoix lors d’une résidence de création à l’automne 2020.

XC Tournage au Domaine Forget

Les collaborateurs et collaboratrices

Composition musicale : Josué Beaucage
Lumières : Bruno Matte
Costumes : Sébastien Dionne et Harold Rhéaume
Réalisation et direction photo : Loup-William Théberge
Assistance à la caméra : Felippe Martin
Assistance à la chorégraphie : Nelly Paquentin
Illustrations : Mathilde Bois
Remerciements aux interprètes de la version 1998 : Éric Bernier, Lucie Boissinot, Sophie Corriveau, Daniel Firth, Patrick Lamothe, Jacques Moisan, Natalie Plante, Maud Simoneau, Dave St-Pierre et Suzanne Trépanier.

Misheel Ganbold ©Daphné Lehoux Traversy

Les liens externes

Sur la médiathèque de la Fondation Jean-Pierre Perreault, vous trouverez des entrevues vidéos avec les anciens et les nouveaux interprètes des DIX COMMANDEMENTS.

Pour la rencontre entre Miranda Chan et Lucie Boissinot, c’est ici en intégrale (37 minutes) et ici pour un extrait de 5 minutes.

Pour une rencontre entre Harold Rhéaume et Charles-Alexis Desgagnés, l’intégrale est ici (30 minutes) et un extrait de 5 minutes est ici.

Pour en savoir plus sur la version 1998, c’est ici.

Le Domaine Forget a rédigé un article sur la « bulle artistique » que l’équipe de création a eue lors d’une résidence de création à l’automne 2020.

 

Photos : Daphné Lehoux Traversy / En ordre : L’interprète Josiane Bernier (image 1), l’interprète Jean-François Duke (image 2), photos prises lors du tournage au Domaine Forget de Charlevoix (images 3 à 6), l’interprète Misheel Ganbold (image 7).

Chroniques du regard 2020-2021 | Courts métrages par Les prés

Arielle Warnke St-Pierre, par Emmanuel Burriel

 

Le programme de courts métrages, c’est pour vous si vous avez la curiosité d’entrer dans un travail de recherche fondamentale en art vivant.

Le programme de courts métrages, c’est pour vous si vous voulez observer comment de jeunes artistes habitent différents milieux, naturels ou scénographiés.

Le programme de courts métrages, c’est pour vous si vous avez de l’intérêt pour la façon dont se tissent les relations, les liens et les réseaux tout en intégrant le concret et le virtuel.

 

David B. Ricard et Fabien Piché, par Emmanuel Burriel

Le programme de courts métrages

La présentation, diffusée du 23 au 29 mars 2021, consiste en quatre courts métrages de différentes durées totalisant environ une heure de projection. Les œuvres ont été créées par des artistes de Québec regroupés dans différents collectifs. Les titres incluent Intimarium, un vivarium de l’intime par Les hiérarchies horizontales, Dimanche dans le champ par Arielle et Sonia, Le chemin de la truite d’Arielle Warnke St-Pierre et Jeux flous de Fabien Piché.

Les deux premières vidéos témoignent de recherches fondamentales et d’expérimentations faites en groupe. Dans celles-ci, on retrouve des danseurs et danseuses en recherche d’authenticité effectuant des actions parfois quotidiennes et “ordinaires” mais dans des environnements inhabituels.

Ces deux projets ont été itinérants et se sont déroulés en plusieurs étapes. Dans les deux cas, les processus étaient ouverts au public et, parfois, les quelques personnes présentes pouvaient influencer le processus ou collaborer au travail. Les collaborateurs et collaboratrices impliqués dans les projets (musiciens, artistes visuels ou manipulateurs de caméra) participent autant à la danse que les interprètes et un volet important de ces projets consiste en la prise d’images photos et vidéo qui devenaient aussi, quelquefois, partie intégrante du projet.

Les deux dernières vidéos présentent une seule personne dans une quête personnelle : Arielle dans la nature d’un sous-bois et d’une rivière, Fabien dans un univers numérique décalé et éclaté.

 

Les Prés

Sous la désignation Les Prés se retrouvent cinq cellules artistiques réunissant plusieurs intervenants et tintervenantes du milieu artistique de Québec, principalement du monde de la danse contemporaine. La réflexion et la mise en œuvre d’actes artistiques en est la raison d’être. Les rencontres et les mises en commun de plusieurs jeunes artistes y favorisent les espaces d’échange et de discussion, permettant ainsi l’avancement et le fleurissement des démarches des artistes impliqués. Les prés regroupe et chapeaute les activités des collectifs Arielle et Sonia et Les Hiérarchies horizontales, ainsi que des projets personnels de Fabien Piché (BasHaut), d’Eve Rousseau-Cyr (Nous sommes tristes) et d’Arielle Warnke St-Pierre (Les rivières).

Selon les responsables du regroupement : « par la mise en commun de leurs sensibilités et de leurs réflexions, Les Prés amènent une multiplication des perspectives afin de nourrir leur fascination pour le potentiel transformateur de l’expérience de l’art sur l’être humain. »

Roger Cournoyer, par Emmanuel Burriel

Les collaborateurs et collaboratrices

Avec Les hiérarchies horizontales dans Intimarium, un vivarium de l’intime, nous retrouvons à la création et à l’interprétation : Arielle Warnke St-Pierre, Fabien Piché, Eve Rousseau-Cyr et Benoît Lachambre.La réalisation, la caméra et le montage vidéo sont d’Alexandre Berthier. À la musique : Jean-Michel Letendre Veilleux; à la scénographie : Sarah Thibault; à la mise en scène : Jocelyn Pelletier.

Dans Dimanche dans le champ, une création de Sonia Montminy, Eve Rousseau-Cyr et Arielle Warnke St-Pierre, nous retrouvons les dix interprètes-collaborateurs suivants : Angélique Amyot, David B. Ricard, Geneviève Duong, Etienne Lambert, Sonia Montminy, Fabien Piché, Arielle Warnke St-Pierre, Audrée Foucher, Léa Ratycz-Légaré et le musicien Roger Cournoyer. Le travail de réalisation, la caméra et le montage ont été faits par David B. Ricard. La scénographie et les costumes sont de Julie Lévesque. Edwige Morin, auteure, comédienne et metteuse en scène, était à la direction de production.

Pour Le chemin de la truite, Arielle Warnke St-Pierre (création et interprétation) et Franie Éléonore Bernier (création, réalisation, caméra, montage) se sont entourées de Jean-Michel Letendre Veilleux à la musique.

Pour Jeux flous, l’idéation est de Fabien Piché et Laura Bergeron (réalisation et montage) et la musique est de Jean-Michel Letendre Veilleux et Simon Provencher.

Geneviève Duong, par Emmanuel Burriel

Les démarches artistiques

Ce qui sous-tend les travaux et recherches pratiques des artistes impliqués dans les différents projets présentés ici est une curiosité et un intérêt profond pour les phénomènes humains. Phénomènes entourant les façons d’être et de communiquer avec soi, avec les autres et avec l’environnement. Puisque nous sommes à une époque où la révolution passe par l’ère numérique, ces nouvelles questions anthropologiques se doivent d’inclure l’apport de ces données dans la création et dans la diffusion d’œuvres artistiques.

Les questions artistiques intemporelles (qui suis-je? comment toucher l’autre?) tout comme les questions nouvelles (comment profiter des apports technologiques?) s’immiscent dans les travaux et s’inter-influencent. L’artiste actuel ne peut plus ignorer l’apport des nouvelles technologies et ne doit pas négliger les nouvelles possibilités de diffusion offertes par Internet et le monde virtuel.

Pour les expériences incluant un plus grand nombre de participants, nous assistons virtuellement à la création d’un groupe vivant une communauté d’expérience. Que ce soit dans un environnement déjà mis en place (salle d’exposition du Musée pour Arielle et Sonia) ou dans un environnement à (re)créer sur place selon le lieu (surtout pour Les hiérarchies horizontales dans leurs différents sites).

Chaque lieu sera modulé par la présence des objets et accessoires qui s’accumulent dans une mise en scène évolutive. Les expériences vécues par les participants transformeront ces lieux en des espaces expérientiels. Les différentes itérations des rencontres permettront un approfondissement de l’expérience vécue mais les questions resteront : Comment habiter ce lieu et cet espace? Comment toucher l’autre? Quelle est la nature sensible du lien qui nous relie les uns et les unes aux autres?

Les actions posées restent simples mais teintées d’un aspect rituel, voire chamanique. Ces tâches sans utilité pratique (ce qui est l’essence même de la danse) pourraient être faites par tous, mais sont ici expérimentées par des membres professionnels de la communauté de la danse de Québec. Complémentant une préparation préalable aux rencontres et une mise en situation de chaque journée de travail, l’utilisation du hasard et de la non-détermination dans l’action teinte les résultats obtenus et les ambiances créées.

Ces expériences sont vécues à travers un continuum d’activités structurées, incluant des tâches précises et prédéterminées permettant aux participants un “plongeon” transformatif, un abandon dans le rituel spontané, la recherche d’un corps animé par la concentration, l’intuition et l’influence du groupe dans un environnement sans cesse redécouvert.

Les deux expériences solo (Le chemin de la truite et Jeux flous) sont tout autant riches de sens et de (re)découvertes sensibles et intimes de l’environnement, mais vécues par un personnage seul dans sa quête.

 

Les liens externes

Pour en savoir plus sur le processus créatif Corps du dimanche d’Arielle Warnke St-Pierre, Sonia Montminy et Eve Rousseau-Cyr au Musée de la Civilisation, lire Après moi, le data, un texte de Vanessa Bell.

Pour visionner la vidéo produite par le Musée de la Civilisation “Corps du dimanche – Porté par la compagnie Arielle et Sonia” (08: 14).

Note : En parallèle à la webdiffusion, Les Prés présentent une exposition photo dans la vitrine extérieure de la Maison pour la danse du 23 au 29 mars 2021. Deux images grand format pourront être admirées de l’extérieur du 336, rue du Roi. Une action de plus pour se rapprocher de l’espace public, question de faire s’éloigner le public du numérique le temps d’une marche au centre-ville!

Arielle Warnke St-Pierre, par Emmanuel Burriel

Photos : Emmanuel Burriel

Chroniques du regard 2019-2020 | 07 – Résilience

Résilience de Amélie Gagnon et Julia-Maude Cloutier (collectif Le CRue) 

Le collectif Le CRue de Québec offre au public Résilience, un spectacle pour cinq interprètes qui sera présenté au LANTISS de l’Université Laval à cinq occasions, lors de représentations scolaires et grand public. Recherche chorégraphique ayant pour thème la vie sans cesse renouvelée et présentée dans des espaces de liberté en constante évolution, les danses hyper-dynamiques de quatre jeunes adultes en super-forme sont présentées en contrepartie avec celles beaucoup plus posées d’un danseur ayant atteint la soixantaine.

07 - Résilience - crédit Elias Djemil

 

Résilience, c’est pour vous si vous voulez voir sur scène des talents locaux fortement impliqués dans le milieu de la danse contemporaine.

Résilience, c’est pour vous si vous aimez les œuvres surprenantes et pleines de trouvailles, scénographiques autant que gestuelles.

Résilience, c’est pour vous si vous aimez les spectacles accessibles ayant une substance qui permet réflexion et discussion.

 

07 - Résilience - crédit Elias Djemil

Le spectacle

Suivant un concept original des deux membres du collectif Le CRue, le spectacle met en scène cinq interprètes en danse. Le spectacle, d’une durée d’environ 50 minutes, est la plus récente mouture du projet Résilience. Cette version 2020 clôt une longue recherche amorcée en 2015 lors d’une résidence au Musée de la civilisation (durant l’exposition sur la danse contemporaine Corps rebelles). Ensuite, au moins une fois l’an et pour des durées variables, la continuation de ces premières pistes a permis aux interprètes et aux collaborateurs de se rencontrer dans différents lieux afin de faire évoluer le concept et le travail chorégraphique.

Ces rencontres ont permis de bâtir une expertise scénographique et un répertoire de séquences chorégraphiques de styles variés sur lequel une « bonification » était appliquée à chaque nouvelle résidence de recherche-création. Durant ces rencontres, les interprètes devaient accepter l’abandon des « fantômes du passé » et des structures précédemment établies. Le mot d’ordre était de continuer le projet en se laissant inspirer par les traces et souvenirs du travail effectué, mais d’éliminer une rigidité qui empêcherait chaque fois de suivre, en toute liberté, l’inspiration et l’énergie du moment. Selon Amélie Gagnon, il faut : « suivre le Chi, ramener la vie plutôt que de suivre nos fantômes, faire état de ce qui est et créer des espaces de liberté! »

Cette recherche d’authenticité, de vulnérabilité et d’efforts visibles fait ressortir les éléments essentiels à la construction de la résilience, « l’art de naviguer entre les torrents », un concept social et psychologique qui met en lumière la capacité des humains à se transformer devant l’épreuve.

Malgré le sérieux du thème de Résilience, cette première œuvre en salle du collectif Le CRue reste ludique. Elle témoigne d’un plaisir évident à être en action, à la recherche d’un filon vital et vivifiant qui, à chaque instant, se dévoile pour ouvrir un nouvel éventail de possibilités et d’aventures. En 2018, les créatrices affirmaient : « L’objectif est de rendre tangible, par une danse empreinte de vulnérabilité et d’une rage de renaître, la force qui nous habite tous lorsque nous la laissons s’exprimer. »

07 - Résilience - crédit Elias Djemil

Le collectif Le CRue

Le CRue est un collectif en danse contemporaine fondé en 2014 par Julia-Maude Cloutier et Amélie Gagnon, toutes deux diplômées de L’École de danse de Québec. En plus de créer l’une pour l’autre, elles collaborent avec de nombreux artistes de différentes disciplines – arts visuels, art sonore, art numérique et cinématographique – tout en partageant une même vision de la création et des formes possibles de présentations de spectacles. Depuis sa création, Le CRue a surtout présenté des œuvres in situ dans des lieux atypiques (voir plus bas la rubrique Liens externes). Ces productions ont intégré de fortes influences de l’Art du déplacement (« Parkour ») et d’un art martial dansé d’origine brésilienne (la capoeira), deux formes d’expression mettant en valeur la résilience et l’affirmation des interactions collectives permettant de développer le citoyen, l’être humain.

Les deux fondatrices du collectif sont de grandes voyageuses et aventurières. Leurs collaborations avec les interprètes de Résilience sont parfois de natures réciproques : Julia-Maude Cloutier, interprète et créatrice en danse contemporaine, a participé en tant qu’interprète aux créations de la Compagnie WXWS, dirigée par Mikaël Xystra Montminy; Amélie Gagnon, interprète, chorégraphe et conseillère artistique, a été vue sur scène dans Bach, le mal nécessaire de Mario Veilllette, entre autres.

Les interprètes

Les cinq interprètes sont des danseurs fortement impliqués dans le milieu professionnel de la danse contemporaines de la ville de Québec. Ces danseurs-interprètes-chorégraphes-créateurs-enseignants-gestionnaires et responsables d’autres tâches connexes sont : Julia-Maude CloutierAnnie GagnonÉtienne LambertMikaël Xystra Montminy et Mario Veillette.

Les collaborateurs

Composition musicale : Olivier Leclerc
Lumières : Louis-Robert Bouchard
Direction des répétitions : Ève Rousseau-Cyr
Photos et vidéo : Elias Djemil
Soutien : Conseil des arts du Canada, Conseil des arts et des lettres du Québec, Première Ovation, Productions Recto-Verso.
Muse du projet : Jonathan St-Pierre

07 - Résilience - crédit Elias Djemil

Les liens externes

La bande-annonce de Résilience.

La page Facebook du collectif Le CRue.

Quelques images de la première résidence pour Résilience (Musée de la civilisation, 2015).

Quelques photos du projet Passage in situ (2017).

Un reportage sur le projet Ceux qui restent à la Promenade Samuel-de-Champlain (2019).

Témoignage d’Amélie Gagnon et Julia-Maude Cloutier du collectif Le CRue à propos de leur expérience avec Première Ovation.

 

Photos : Elias Djemil Matassov

Chroniques du regard 2019-2020 | 06 – Vraiment doucement

Vraiment doucement de Victor Quijada (compagnie RUBBERBBAND)

Suite à sa présentation de Quotient Empirique en 2015, le chorégraphe montréalais Victor Quijada revient à Québec avec sa compagnie RUBBERBAND. Sur la grande scène de la salle Louis-Fréchette, dix danseurs et deux musiciens participeront à Vraiment doucement, une chorégraphie de 70 minutes présentée un soir seulement, le 18 février. Fruit d’un long travail de recherche et de développement, ce nouvel opus concrétise la mise en action de la Méthode RUBBERBAND, une fusion des apports techniques et stylistiques des danses de rue, de la danse contemporaine et du ballet. Les danseurs-interprètes ont tous été formés à cette méthode créée et enseignée par le chorégraphe, un travail qu’il partage et diffuse à l’internationale, dans différents cadres, depuis plusieurs années.

06 - Vraiment doucement - crédit Marie-Noële Pilon

 

Vraiment doucement, c’est pour vous si vous aimez la danse actuelle métissant plusieurs influences.

Vraiment doucement, c’est pour vous si aimez les spectacles d’envergure présentés sur une grande scène.

Vraiment doucement, c’est pour vous si vous avez apprécié Quotient Empirique, le spectacle précédent de RUBBERBAND.

 

06 - Vraiment doucement - crédit Marie-Noële Pilon

Le spectacle

Créée en décembre 2018 à la Place des Arts de Montréal, Vraiment doucement est une chorégraphie qui met clairement en valeur la notion de groupe. Le spectacle inclut les inévitables notions d’harmonie de groupe dans une synchronicité de mouvements et de styles, mises en opposition au rejet d’un membre du groupe confronté à la difficulté de s’affirmer en tant qu’individu.

Mettant en valeur dix danseurs formés à la Méthode RUBBERBAND dans des mouvements athlétiques et énergiques, la danse est indubitablement rattachée à l’époque contemporaine par ses thèmes et ses recherches. Comment intégrer les influences du passé pour trouver sa place dans la société actuelle? Comment interagir avec les autres membres de sa communauté afin de faire fructifier celle-ci sans s’oublier? Dans la recherche gestuelle pour la création du spectacle, chaque interprète a eu la possibilité de plonger en lui-même pour personnaliser la Méthode RUBBERBAND, l’enrichir à travers des performances athlétiques, mais aussi la transcender en y intégrant des notions de souffle et de micromouvements. Ces notions ont pu mener à une certaine exploration de la souffrance, de la tristesse et du chaos, et même à une certaine violence, physique ou psychologique.

Cette mise en scène de l’énergie vitale retrouvée dans l’urgence et le chaos, dans la révolte et la fuite, présente le monde contemporain avec sa beauté et ses laideurs. On y reconnait les batailles incessantes contre le bombardement continu d’informations souvent polarisantes, nuisant au calme et à la résilience désirés par chacun. Accompagnés sur scène par deux musiciens jouant de la guitare électrique aux influences rock, de la batterie aux rythmes hip-hop, ainsi que du violon, du piano et de la guitare acoustique, les danseurs arrivent à faire évoluer la Méthode RUBBERBAND par leurs instincts et leurs expertises.

Dans un désir constant d’excellence et de reconnaissance internationale, la compagnie présente, avec Vraiment doucement, son premier spectacle pour grand plateau, un jalon important pour son développement stylistique et artistique. Créé en collaboration avec différents producteurs et diffuseurs internationaux à travers une série de résidences (Boston, New-York et Toronto; trois résidences au Québec, dont DanseDanse à Montréal, qui fut le premier diffuseur), le spectacle sera présenté durant la saison 2019-2020 dans plus de dix villes nord-américaines dont New-York, Vancouver, Boston, Seattle et Dallas.

06 - Vraiment doucement - crédit Marie-Noële Pilon

Le chorégraphe et la compagnie

Directeur artistique et chorégraphe prolifique de la compagnie RUBBERBAND, Victor Quijada est installé à Montréal depuis une vingtaine d’années. Il a travaillé à la fusion originale de trois styles-techniques-esthétiques qu’il avait appris à maîtriser, d’abord dans les rues et les clubs de Los Angeles, et ensuite au cours de sa carrière d’interprète dans des compagnies professionnelles reconnues, dont celle de Twyla Tharp et chez les Grands Ballets Canadiens.

Fondée en 2002, la compagnie RUBBERBAND lui permet alors un cadre de recherches et d’expérimentations chorégraphiques qu’il concrétise dans plusieurs spectacles de petites et moyennes formes, auxquels s’ajoutent plusieurs projets vidéographiques ou filmiques.

Ses œuvres, inséparables de la Méthode RUBBERBAND, sont toujours teintées de théâtralité et remplies d’une grande énergie kinesthésique mise en action sans perte de précision du geste. Elles ont été diffusées mondialement depuis plusieurs années : stages et ateliers dans de nombreuses universités, compagnies, institutions et événements de danse et de cirque. En 2015, j’écrivais dans ma Chronique du regard : « Le chorégraphe fait aussi, depuis peu, partie de l’équipe d’enseignement de la prestigieuse Glorya Kaufman School of Dance (University of Southern California) sous la supervision du conseiller artistique William Forsythe, une des figures de proue du renouvellement international du ballet contemporain et des principes de composition chorégraphique. »

Quijada a travaillé entre autres pour le Pacific Northwest Ballet, pour la compagnie Hubbard Street Dance Chicago et pour le Scottish Dance Theatre. Ses œuvres incluent aussi plusieurs films dont Hasta La Próxima (2004), finaliste aux American Choreography Awards, et Gravity of Center (2012), récipiendaire du Best Experimental Short au CFC Worldwide Short Film Festival. Quijada a aussi chorégraphié les clips Man I Used to Be de k-os, La garde d’Alexandre Désilets et Blue Wonderful d’Elton John.

Victor Quijada reçoit régulièrement la reconnaissance de ses pairs et des institutions de la danse : artiste en résidence à l’Usine C (2004) et à la Place des Arts (2007-2011); prix du Rayonnement international de l’Assemblée canadienne de la danse (2012); deux prix de la Princess Grace Foundation-USA (Choreography Fellowship, 2010; Work in Progress Residency, 2016). En décembre 2017, il recevait le Prix de la diversité culturelle des Prix de la danse de Montréal et, en 2019, était finaliste au 34e Grand Prix du Conseil des arts de Montréal. Selon le site des Prix de la danse de Montréal 2017 : « Victor Quijada a joué un rôle de précurseur en ouvrant la scène à la danse de rue, démocratisant ainsi une danse longtemps marginalisée et redonnant leurs lettres de noblesse aux artistes de la danse urbaine. Ce prix vient reconnaître sa contribution exceptionnelle au développement disciplinaire par la richesse des œuvres créées, l’originalité de sa démarche et son engagement indéfectible auprès de la communauté des danseurs urbains, et plus précisément, pour la professionnalisation des artistes de la relève. »

06 - Vraiment doucement - crédit Marie-Noële Pilon

Les interprètes

La chorégraphie de Victor Quijada a été créée en collaboration avec les interprètes.

La distribution de la tournée 2019-2020 comprend les dix jeunes danseurs : Amara Barner, Jean Bui, Daniela Jezerinac, Jontae McCrory, Sydney McManus, Jessica Muszynski, Brontë Poiré-Prest, Jerimy Rivera, Ryan Taylor et Paco Ziel.

Les collaborateurs

Les compositions originales et l’interprétation de la musique sur scène sont de Jasper Gahunia et William Lamoureux.
À la dramaturgie : Mathieu Leroux
À la direction musicale : Jasper Gahunia
À la conception des éclairages : Yan Lee Chan
À la création des costumes : Cloé Alain-Gendreau
À la direction de production : Florence Cardinal
À la direction technique : Simon Cloutier

06 - Vraiment doucement - crédit Marie-Noële Pilon

Les critiques

« Une œuvre où le langage du coeur se joint à celui de la danse et de l’émotion, souvent en ramenant le geste au sol, plateforme de tous les possibles. » Élie Castiel, Séquence.

« Des images fortes ponctuent le dépouillement progressif des interprètes qui, tantôt prédateurs et bourreaux se dressent les uns contre les autres, tantôt compagnons de galère se ressoudent et se solidarisent ; des moments où s’illustre un magnifique travail de portées, virtuose et incarné. L’hybridation entre les codes des danses urbaines et de la danse contemporaine peaufinée par Victor Quijada depuis des années à travers la méthode Rubberband donne lieu à des enchaînements spectaculaires. […] Vraiment doucement impressionne par la cohérence que parvient à maintenir le groupe face aux nombreuses ruptures de ton qui lui sont imposées. » Mélanie Carpentier, Le Devoir.

Les liens externes

La bande-annonce de Vraiment doucement et une entrevue du chorégraphe sur le spectacle.

Une courte vidéo sur la Méthode RUBBERBAND.

Le site de la compagnie. Les liens vers leurs pages Facebook et Youtube.

La page Wikipédia de Victor Quijada.

Finalement, le court métrage Gravity of Center (2012, 14:17).

 

Photos : Marie-Noële Pilon

Chroniques du regard 2019-2020 | 05 – SUITES PERMÉABLES

SUITES PERMÉABLES d’Emmanuel Jouthe (compagnie Danse Carpe Diem/Emmanuel Jouthe)

SUITES PERMÉABLES, de la compagnie montréalaise Danse Carpe Diem/Emmanuel Jouthe, est une création pour 6 danseurs qui promet une expérience sociale et artistique aux spectateurs. Dans une mise en place non conventionnelle du public, ceux-ci se retrouvent au cœur d’une danse qui s’effectue en grande proximité. Demandant une générosité et une implication à toute épreuve de la part des interprètes, ces interactions artiste-public questionnent les rapports physiques, la notion d’espace personnel et les dimensions cachées de la rencontre avec autrui. Dans le cadre intime du studio Desjardins de la Maison pour la danse, ce spectacle de presque une heure sera présenté deux soirs seulement, à raison de deux représentations par soir.

SUITES PERMÉABLES, par Mathieu Doyon

 

SUITES PERMÉABLES, c’est pour vous si vous aimez les spectacles intimes.

SUITES PERMÉABLES, c’est pour vous si vous aimez les expériences de proximité.

SUITES PERMÉABLES, c’est pour vous si vous aimez les rencontres inattendues pouvant influencer vos perspectives sociales et artistiques.

 

SUITES PERMÉABLES, par Mathieu Doyon

Le spectacle

Présenté comme étant une « pièce chorégraphique au paysage atypique », SUITES PERMÉABLES se veut une source de questionnement sur l’intimité et les rapports physiques. Prenant en compte les différences culturelles régissant la distance acceptable entre individus, les danses sont présentées en mettant au défi les spectateurs d’entrer en contact, dans leur espace personnel, avec les artistes présents.

Sur une scène étroite très proche des spectateurs, le corps des danseurs est mû par une présence « à la fois douce et dérangeante ». À travers des activités sans narrativité présentées sans esthétisation ni stylisation excessives, la danse prend forme dans la réalité concrète de gestes quotidiens, aisément reconnaissables.

Si les désirs et aspirations du chorégraphe sont répondus, les spectateurs sortiront de leur zone de confort pendant la rencontre. Ils vont se rapprocher d’autres humains, sentir l’autre, sentir le monde et ses vicissitudes à travers la danse. Ils vont expérimenter le monde à travers des « bulles individuelles » renouvelées, laissant une place à la respiration ou même à la transpiration des danseurs.

Toutefois, dans un effort constant de rester accessible malgré le « dérangement » souhaité chez les spectateurs, la rencontre est proposée « comme on lance un regard, comme on tend la main, comme on murmure à l’oreille ».

Créé à Montréal au printemps 2015, le spectacle SUITES PERMÉABLES fut immédiatement présenté une dizaine de fois dans différentes Maisons de la culture. Il a ensuite été présenté chaque année dans différents lieux de la métropole avant de partir cette année en tournée provinciale. Le premier arrêt de cette tournée 2020 est à la Maison pour la danse.

SUITES PERMÉABLES, par Mathieu Doyon

Le chorégraphe

Emmanuel Jouthe est diplômé en danse de l’UQAM. Après avoir cofondé la compagnie Danse Carpe Diem, composée de six membres chorégraphes et interprètes, il prend en 1999 la direction artistique de la compagnie, qui devient alors Danse Carpe Diem/Emmanuel Jouthe (DCD/EJ). Son corpus chorégraphique compte plus d’une quinzaine d’oeuvres qui ont été diffusées internationalement et Jouthe est reconnu pour ses spectacles énergiques et dramatiquement intenses, souvent présentés in situ.

Pour le chorégraphe, la danse se doit d’être un échange humain et sensible pouvant se décliner avec autant de douce poésie que de fougue percussive. Les expériences chorégraphiques qu’il propose en spectacle ou en situations de médiation culturelle visent le dialogue où la parole est souvent appuyée par la force du geste.

La compagnie

En plus de travailler à la création, production et diffusion d’œuvres chorégraphiques, DCD/EJ s’affaire à la médiation culturelle et au développement du public de la danse contemporaine. Favorisant la recherche continue, la compagnie est membre de Circuit-Est centre chorégraphique.

Selon le site de la compagnie : « En plus de répondre à ses objectifs artistiques et humains, les actions de médiation culturelle concourent à dynamiser la relation entre la compagnie et les publics en interpellant le regard du spectateur via des propositions variées, artistiquement riches, néanmoins accessibles, qui diffèrent de la simple rencontre après le spectacle.»

SUITES PERMÉABLES, par Mathieu Doyon

Les interprètes

Les six interprètes de SUITES PERMÉABLES ont collaboré à la création du matériel dansé. Se retrouveront sur scène : Élise BergeronFrédéric GagnonNicolas LabelleJames PhillipsJessica Serli et Marilyne St-Sauveur.

Les collaborateurs

À la direction technique et aux lumières : Mélanie Primeau
Comme consultante artistique et répétitrice : Christine Charles

Les liens externes

La bande-annonce de SUITES PERMÉABLES est ici.

Une critique du spectacle lors de sa présentation en 2016 est ici. En voici un extrait: « Cette alternance de douceur, cette confrontation pacifique voire drôle parfois met à l’aise, enchante et captive. En plus la danse est tout aussi passionnante que le concept, ce qui ne gâche rien. […] tout est utilisé pour arriver à créer une empathie entre le danseur et le spectateur ami… Les danseurs sont magnifiquement mis en valeur. Tous ont une partition large, un vrai parcours à défendre dans la pièce, pas d’anonymat, ou d’interprètes sur le banc de touche, non, tout compte, tout est à vue. »

Pour une entrevue radio (08:16) avec Emmanuel Jouthe au sujet de SUITES PERMÉABLES et de la médiation culturelle, c’est ici.

 

Photos : Mathieu Doyon

Chroniques du regard 2019-2020 | 04 – Bygones

Bygones de David Raymond et Tiffany Tregarthen (Out Innerspace Dance Theatre

Les chorégraphes vancouvérois David Raymond et Tiffany Tregarthen de la compagnie Out Innerspace Dance Theatre reviennent sur les scènes du Québec présenter Bygones, une nouvelle pièce chorégraphique construite avec ingéniosité. Incluant une architecture-fantôme, des marionnettes et des illusions théâtrales réussissent à créer un monde rempli d’incertitudes quant à l’existence réelle des choses présentées sur scène. Dans une mise en scène ludique et une anarchie de formes, les personnages évoluent pendant un peu plus de 70 minutes à travers différentes épreuves tout en naviguant vers la beauté. Bygones sera présenté trois soirs au Théâtre Périscope.

Bygones, Out Innerspace Dance Theatre

 

Bygones, c’est pour vous si vous aimez les découvertes et les spectacles audacieux.

Bygones, c’est pour vous si vous aimez les spectacles énergiques et énigmatiques.

Bygones, c’est pour vous si vous avez apprécié leurs spectacles précédents Me So You So Me (2104) et Major Motion Picture (2017).

 

Bygones, Out Innerspace Dance Theatre

Le spectacle

La courte bande-annonce du spectacle met la table vers une proposition artistique baignant dans le mystère et le chimérique. Très recherché visuellement, le spectacle présente cinq personnages en quête de leur avenir. Sous des projecteurs aux rayons d’action souvent très concentrés dans le temps et dans l’espace (on pense ici à leurs spectacles précédents ainsi qu’à The Black Piece d’Ann Van Den Broek présenté l’an dernier), on les voit se débattre à travers des mouvements complexes et saccadés. On les voit tomber et disparaître. On les voit étendus ou roulant au sol, tournoyant près d’une figure difficile à décoder dans l’obscurité. Le mystère et la magie y sont la norme. La réalité n’est jamais complète et l’imagination du spectateur peut s’emballer.

L’incompréhension de ce qu’on aperçoit est voulue. Comme le proclame David Raymond : « There are a lot of really magical moments where I would say, in some ways, you can’t really understand what you’re seeing. » Source : Joshua Azizi.

Présentée au Yukon en juillet dernier, puis en Bulgarie et en Allemagne, le spectacle arrive à Québec pour ses premières représentation en sol québécois. Après une courte tournée à travers la province (à l’Agora de la danse de Montréal et au Théâtre Hector-Charland de L’Assomption), il sera présenté, entre autres, à Vancouver en décembre.

Cinq personnages se retrouvent donc dans un monde alternatif, comme habités par leur passé, qu’ils traversent en ramenant avec eux souvenirs et conflits non-résolus afin de pouvoir évoluer vers un avenir paisible et fertile. « Nous faisons tous face au changement. Nous traitons tous avec la perte. Nous essayons tous d’imaginer comment aller de l’avant ou comment bâtir un avenir. Et nous avons tous en nous des choses avec lesquelles nous sommes aux prises. » Source : Joshua Azizi (traduction de l’auteur).

La danse présentée se veut précise et détaillée, volontaire et énergique. Sculpté par la lumière, le mouvement est architectural tout en possédant une qualité résolument fantomatique et la construction du spectacle contient une bonne dose d’anarchie et d’illogismes propres au rencontres avec l’invisible, le surnaturel et les désirs inavoués.

Bygones, Out Innerspace Dance Theatre

Les chorégraphes-interprètes

David Raymond et Tiffany Tregarthen,

en collaboration avec Elya Grant,David Harvey et Renée Sigouin.

La compagnie

La compagnie Out Innerspace Dance Theatre & Film Society, installée à Vancouver depuis 2007, offre un répertoire mixte qui veut, entre autres, présenter au public une danse contemporaine réalisée de façon sophistiquée. Les co-directeurs artistiques, David Raymond et Tiffany Tregarthen, créent leurs œuvres ensemble, en collaboration avec les interprètes et des artistes d’autres disciplines. Leurs œuvres traitent du corps et de l’expérience humaine et leurs créations repoussent sans cesse les limites artistiques, scéniques ou esthétiques en inventant des formes nouvelles avec une grande ingéniosité. Toujours fortement attirés par l’innovation stylistique, ils aiment garder légèreté et fraîcheur dans leurs œuvres tout en souhaitant rester accessibles à un large public.

Après une première collaboration en 2004, les deux artistes ont pu profiter ensemble d’une résidence artistique de deux ans en Belgique. Ils y ont étudié, enseigné, créé différentes œuvres et rencontré le public, en duo autant qu’en solo. C’est lors de leur retour à Vancouver qu’ils ont créé ensemble leur compagnie. Depuis, ils ont effectué de nombreuses tournées canadiennes et sont restés très actifs dans plusieurs projets d’éducation et de médiation culturelle. Ayant fondé Modus Operandi, une passerelle pour jeunes artistes émergents de la danse, ils font sans cesse découvrir et apprécier la danse contemporaine à de nombreux participants ayant différents niveaux d’expérience, leur faisant expérimenter techniques de création et répertoire.

En plus de leurs activités avec la compagnie, les deux partenaires participent individuellement aux spectacles et créations de divers autres compagnies ou collectifs de Vancouver et de sa région.

Bygones, Out Innerspace Dance Theatre

Les collaborateurs

Artiste visuel : Lyle Reimer (LyleXOX)
Conception sonore:  Kate De Lorme
Lumières : James Proudfoot
Conception vidéo : Eric Chad
Costumes : Kate Burrows
Apprentis : Aidan Cass et Zahra Shahab.
Coproduction : Agora de la danse, Dance Victoria, La Rotonde

Les liens externes

Les bandes-annonces de Bygones sont ici et ici.

La bande-annonce de leur spectacle Major Motion Picture présenté en 2017 est ici.

La bande-annonce de leur spectacle Me So You So Me présenté en 2014 est ici

Le reportage “Interpreting Inner space: Tiffany Tregarthen in technicolour” paru dans la revue Dance International (septembre 2015) est ici.

Deux reportages écrits (en anglais) sur la création de Bygones sont ici et ici.

Bygones, Out Innerspace Dance Theatre

Photos : Alistair Maitland et David Raymond

Chroniques du regard 2019-2020 | 03 – FRONTERA

FRONTERA de Dana Gingras (Animals of Distinction)

La chorégraphe Dana Gingras revient au Grand Théâtre de Québec trois ans après y avoir présenté Monumental en 2016. La première de son nouveau spectacle à grand déploiement intitulé FRONTERA met en scène dix danseurs parmi les plus recherchés au Canada, le groupe musical Fly Pan Am (musique originale jouée en direct) ainsi que les œuvres du collectif britannique United Visual Artists. Questionnant les jeux de pouvoirs actifs dans la société actuelle et la notion des frontières politiques et économiques, qui ont un impact indéniable sur le corps même des individus, la chorégraphe rassemble sur scène une microsociété énergique mue par un sentiment d’urgence et audacieuse de subversion. FRONTERA sera présenté un soir seulement à la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre.

03 - FRONTERA - crédit Adrián Morillo

 

FRONTERA, c’est pour vous si vous aimez les spectacles multimédias, énergiques et énergisants.

FRONTERA, c’est pour vous si vous aimez les spectacles accessibles mais qui permettent un questionnement sérieux sur la vie contemporaine.

FRONTERA, c’est pour vous si vous avez aimé la production Monumental présentée en 2016.

 

03 - FRONTERA - crédit Adrián Morillo

Le spectacle

L’œuvre multidisciplinaire, créée en collaboration étroite avec les interprètes, les artistes musiciens et les concepteurs visuels, veut réinventer certains codes scéniques. Les liens insécables entre les disciplines présentes forment une entité de grande envergure, à la facture inédite et singulière.

Le titre fait références aux frontières; ces limites, ces lignes de démarcation réelles ou imaginaires appliquées à différents domaines, concrètes autant que conceptuelles. Elles s’appliquent aux processus gouvernementaux, sociaux et économiques qui gèrent et qui ont un impact sur la vie des individus, sur leurs espoirs et leurs désirs. Présents dans la vie quotidienne à travers l’utilisation des technologies de surveillance, ces processus redéfinissent les notions essentielles du savoir et du contrôle sur la société et les individus.

Même à son insu, l’identité de chacun y est redéfinie. Quelle liberté reste-t-il aux corps dans cet univers policé par plusieurs formes de surveillance organisées et inévitables? Comment les actions de chacun peuvent-elles avoir un impact sur la définition des nouvelles frontières ? Le corps peut-il rester rebelle et ingouvernable ?

Enchaînant les passages dans différents zones ou espaces d’inclusion et d’exclusion, les danseurs chercheront réponse à ces questions en impliquant au maximum leur physicalité et leur intrépidité dans l’action.

03 - FRONTERA - crédit Adrián Morillo

La chorégraphe

Dana Gingras est chorégraphe, vidéaste, interprète et enseignante. Au cours des 20 dernières années, son travail et sa réputation d’artiste repoussant sans cesses les limites de sa pratique lui a permis de visiter de nombreuses scènes canadiennes et internationales. Pour la chorégraphe, la danse doit rester une prise de risque.

Avec la compagnie The Holy Body Tattoo, cofondée à Vancouver en 1993 avec Noam Gagnon, elle a participé au renouvellement du paysage de la danse contemporaine. Ensemble, ils ont reçu de nombreux prix et distinctions pour leurs spectacles chorégraphiques et œuvres cinématographiques.

Dana Gingras fait maintenant partie des artistes de la danse associés au Centre national des Arts d’Ottawa. Sa compagnie Animals of Distinction, fondée en 2006, est basée à Montréal. Passionnée des nouveaux médias et de la production filmique, elle a collaboré avec de nombreux artistes internationaux dont William Gibson, William Morrison et Steven R. Gilmore. Elle a aussi collaboré avec les groupes musicaux The Tiger LiliesThe Tindersticks et Arcade Fire.

Les productions d’Animals of Distinction ont été diffusées internationalement sous différentes formes : film, performance, exposition d’arts visuels ou de design. Entre autres: Smash Up, Heart As Arena, Chain Reaction, What Is Mine Is Yours, Somewhere Between Maybe et anOther.

03 - FRONTERA - crédit Adrián Morillo

La compagnie

Basée à Montréal, la compagnie sous la direction de Dana Gingras a produit de nombreuses œuvres diffusées internationalement depuis 2006. Les productions de la compagnie métissent danse contemporaine, musique, cinéma, arts visuel et design. De nombreuses collaborations artistiques avec des créateurs internationaux jalonnent le corpus d’Animal of Distinction.

Un même projet peut avoir plusieurs incarnations comme Smash Up (2008), qui a été diffusé en spectacle performatif ainsi qu’en film et sur des plateformes de nouveaux médias lors de conférences universitaires. Des courts métrages produits par la compagnie ont aussi été diffusés à la télévision (Dances for Dzama, Aurelia et Double Bubble).

Les interprètes

Plusieurs interprètes de FRONTERA ont été vus dans différents spectacles diffusés récemment par La Rotonde. Vous pourriez reconnaître Robert AbuboCaroline GravelStacey DésilierLouise Michel JacksonMark MedranoSovann Rochon Prom Tep et Lexi Vajda. Vous ferez connaissance avec Léna Demnati, Justin de Luna et Koliane Rochon Prom Tep.

De plus, deux interprètes récemment vues à La Rotonde ont contribué à la création du spectacle : Esther Rousseau-Morin et Paige Culley.

Les notes biographiques des interprètes et des collaborateurs sont en hyperliens.

03 - Frontera - crédit Adrián Morillo

Les collaborateurs

Aux concepts visuels et à  la scénographie : United Visual Artists
À la composition et à la musique jouée live sur scène : Fly Pan Am
À la dramaturgie : Ruth Little
À la direction des répétitions : Sarah Williams

Les liens externes

Le site de la compagnie Animal of Distinction est ici.

Deux bandes annonces de FRONTERA sont ici et ici.

Une entrevue de la chorégraphe se retrouve ici.

 

Photos : Adrian Morillo